C’était une journée
douloureuse. D’abord, je me suis trompé de la date d’un cours et je me suis
rendu compte que j’avais manqué le dernier cours de cette prof sans l’avoir
fait exprès. À midi, j’ai acheté un sandwich à la boulangerie. J’ai cherché une
place où m’asseoir, mais tous les bancs et toutes les places de la cantine
étaient déjà occupés par des étudiants joyeux et brillants. J’ai été aveuglé
par leur aura positive et je me suis enfui. Finalement, je me suis installé sur
un chauffage éteint et j’ai mangé mon sandwich en regardant le plancher.
Pendant
un autre cours, j’ai eu l’honneur de présenter mon exposé sur un extrait des «
Confessions » de Rousseau en octobre. La littérature française est la matière
pour laquelle je suis le moins fort. Il est facile de m’imaginer bégayant et
prononçant mal certains mots. Si je faisais une mauvaise analyse, devrais-je recevoir
des fessées devant tout le monde ?
Pendant
le cours de FLE, tandis que j’écrivais une prose niaise pour gagner des points,
l’enseignante m’a tout à coup adressé la parole par derrière. Elle m’a demandé
mon niveau. J’étais tendu. Après avoir dit « Euh…. », « Ah…. », j’ai finalement
réussi à lui faire comprendre que j’avais obtenu le DALF C1 il y a quelques
années. « B2 », m’a-t-elle dit. « Ah……, euh……..», ai-je dit. Je pouvais
travailler tout seul mes production et compréhension écrites. Mais j’avais
besoin d’interlocuteur pour pratiquer mon oral, ce qui explique pourquoi je ne
m’exprime pas bien en français. Toutefois, je pense que l’atelier de B2
m’ennuierait beaucoup…….
Je
me demande parfois si apprendre le français était vraiment un bon choix.
J’affectionne cette langue, certes. Quelques fois, on m’a fait des compliments
en me disant mon français était excellent. Mais je n’ai pu me faire que très
peu d’amis francophones alors que les Japonais qui ne parlent qu’un anglais
approximatif ont beaucoup d’amis français. J’ai également échoué à faire le
Tandem. Je ne dis pas que mon apprentissage du français était complètement
inutile, car c’est surtout dû à ma personnalité. Cependant, ce qui me reste
après avoir mémorisé 20 000 ou 30 000 mots est un sentiment de vide.
L'apprentissage de cette langue m'a appris que ma vie est un néant infini qui
durera jusqu'à ma mort.
En
quittant le bâtiment, j’ai réalisé que je n’avais plus mon écharpe rouge. J’ai
encore perdu quelque chose.
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