vendredi 28 septembre 2018

L'écharpe


 C’était une journée douloureuse. D’abord, je me suis trompé de la date d’un cours et je me suis rendu compte que j’avais manqué le dernier cours de cette prof sans l’avoir fait exprès. À midi, j’ai acheté un sandwich à la boulangerie. J’ai cherché une place où m’asseoir, mais tous les bancs et toutes les places de la cantine étaient déjà occupés par des étudiants joyeux et brillants. J’ai été aveuglé par leur aura positive et je me suis enfui. Finalement, je me suis installé sur un chauffage éteint et j’ai mangé mon sandwich en regardant le plancher.
 Pendant un autre cours, j’ai eu l’honneur de présenter mon exposé sur un extrait des « Confessions » de Rousseau en octobre. La littérature française est la matière pour laquelle je suis le moins fort. Il est facile de m’imaginer bégayant et prononçant mal certains mots. Si je faisais une mauvaise analyse, devrais-je recevoir des fessées devant tout le monde ?
 Pendant le cours de FLE, tandis que j’écrivais une prose niaise pour gagner des points, l’enseignante m’a tout à coup adressé la parole par derrière. Elle m’a demandé mon niveau. J’étais tendu. Après avoir dit « Euh…. », « Ah…. », j’ai finalement réussi à lui faire comprendre que j’avais obtenu le DALF C1 il y a quelques années. « B2 », m’a-t-elle dit. « Ah……, euh……..», ai-je dit. Je pouvais travailler tout seul mes production et compréhension écrites. Mais j’avais besoin d’interlocuteur pour pratiquer mon oral, ce qui explique pourquoi je ne m’exprime pas bien en français. Toutefois, je pense que l’atelier de B2 m’ennuierait beaucoup…….
 Je me demande parfois si apprendre le français était vraiment un bon choix. J’affectionne cette langue, certes. Quelques fois, on m’a fait des compliments en me disant mon français était excellent. Mais je n’ai pu me faire que très peu d’amis francophones alors que les Japonais qui ne parlent qu’un anglais approximatif ont beaucoup d’amis français. J’ai également échoué à faire le Tandem. Je ne dis pas que mon apprentissage du français était complètement inutile, car c’est surtout dû à ma personnalité. Cependant, ce qui me reste après avoir mémorisé 20 000 ou 30 000 mots est un sentiment de vide. L'apprentissage de cette langue m'a appris que ma vie est un néant infini qui durera jusqu'à ma mort.
 En quittant le bâtiment, j’ai réalisé que je n’avais plus mon écharpe rouge. J’ai encore perdu quelque chose.

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