«Several years ago, during the spring
semester of my junior year in college, as an alternative to either deserting or
marrying a girl, I signed a suicide pact with her » (Il y a plusieurs années,
durant le semestre de printemps, lorsque j’étais en troisième année de
l’université, au lieu de me marier avec une fille ou de m’enfuir, j’ai signé un
pacte de suicide avec elle).
J’ai lu un livre vraiment intéressant
qui m’a complètement mis K.-O. Il est intitulé « The Sterile Cuckoo » et
l’auteur s’appelle John Nichols. Ce livre a été publié en 1965 aux États-Unis.
Cependant, il a été traduit pour la première fois en japonais en 2017 par le
romancier Haruki Murakami, qui dit que ce roman est demeuré dans un coin de son
esprit depuis qu’il l’a lu à l’âge de vingt ans.
En bref, il s’agit de l’histoire
d’amour d’un étudiant Jerry Payne et d’une jeune fille Pookie Adams. Le
narrateur est Jerry, mais le noyau de ce roman est Pookie. Sans elle, ç’aurait
été un roman à l’eau de rose qu’on trouve partout. Pookie est une fille très
excentrique et incroyablement bavarde. Selon Jerry, c’est une fille
maigrichonne, pas très belle et qui n’a presque pas de poitrine. Expliquer de
quelle façon elle est excentrique est difficile. Elle ne cesse de parler de
choses surréalistes, elle écrit des poèmes qui n’ont pas de sens, les
métaphores qu’elle emploie sont également très bizarres. Elle invente aussi de
nouveaux mots que Jerry ne comprend pas. Il y a beaucoup de passages que j’aime
beaucoup dans ce roman. Les lettres de Pookie, la scène où elle tombe sur la
neige et dit en tremblant : « Je, je, je… je rêvais…d’être un eskimo
attaqué…par un ours blanc… » et qu’elle monte sur un manège vers la fin du
récit.
Ce livre m’a fait penser à « La
Ballade de l’impossible » de Murakami. Dans ce roman, il y a une fille
excentrique et bavarde (même si elle l’est beaucoup moins que Pookie) qui
s’appelle Midori. Pookie est en fait un personnage qui a une tendance à se
détruire et n’arrive pas contrôler sa personnalité. C’est pour ça qu’elle fait
signer un pacte de suicide à Jerry. La jovialité de l’héroïne rend le roman
divertissant, mais c’est aussi l’histoire d’une fille qui se détruit de façon irrémédiable.
Dans « La Ballade de l’impossible », Naoko est mentalement instable et elle finit
par se suicider. J’ai eu l’impression que si les deux aspects de Pookie,
c’est-à-dire, son côté maladif et son côté excentrique, se divisaient en deux,
ça donnerait Naoko et Midori, mais peut-être vais-je trop loin.
Il semble que Motoyuki Shibata, le
traducteur japonais de Paul Auster et le maître de traduction de Haruki
Murakami a eu la même impression. Dans la postface en forme de dialogue, il dit
à Murakami :
« J’ai l’impression que dans ‘’La Ballade de l’impossible’’ aussi, il y a un personnage qui a le même type de charme que Pookie…….
- En fait, ce genre de personne se trouve partout. Le héros de mon roman, je ne dis pas qu’il ressemble à celui de ce roman, mais c’est vrai qu’il est plutôt taciturne : il écoute les gens et les observe. Donc, forcément j’avais besoin d’un personnage comme Pookie, un personnage qui fait bouger l’histoire. J’avais également besoin d’un personnage comme Nagasawa, quelqu’un qui a sa propre logique et sa propre opinion. Les personnages apparaissent naturellement dans les romans. C’est par exemple le cas de Pookie ou des deux colocataires extravagants de la résidence. Il y a des types ».
C’est dommage que ce roman ne soit
pas traduit en français. Mais j’imagine que ce sera extrêmement difficile de
traduire les propos absurdes de Pookie. Murakami affirme également que traduire
l'argot de l’époque était difficile, et qu’il a demandé le sens de certains
mots à son traducteur américain, qui ne le savait pas non plus.
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