Aujourd’hui, j’ai effectué mon
inscription pédagogique en ligne. Deux ans se sont écoulés depuis le jour où je
me suis inscrit en présentiel à des cours dans une salle du Portique. Le
couloir était bondé d’étudiants de première année. Une longue queue s’était
formée devant la porte de la salle. Comme j’étais derrière, j’ai finalement dû
attendre plus de quatre heures. Lorsque mon tour est venu, les formulaires
d’inscription étaient tout mélangés. Seul le code des cours était indiqué, mais
pas le descriptif, de sorte que je ne savais pas à quels cours je m’inscrivais.
Un homme qui était là pour aider les étudiants perdus comme moi, disait : «
C’est en ligne dès le deuxième semestre. C’est en ligne dès le deuxième
semestre ». J’avoue que j’avais sous-estimé l’administration française. Elle va
toujours au-dessus de mon imagination.
« Vous, hein, devez, hein, écrire,
hein, quelque chose, hein, tous les jours, heu. Sinon, hein, vous ne réussirez
pas, hein, votre épreuve de dissertation, heu », m’a dit une professeur lorsque
j’étais en première année. J’avais peur d’elle et de rater mes examens. J’ai
décidé de tenir mon journal en français.
À première vue, je n’aimais pas beaucoup cette
professeur. Je me suis dit qu'elle ne pourrait pas être ma petite amie. Elle
avait l’air sévère et elle m’a rappelé l’institutrice Rottenmeier de « Heidi ».
L’institutrice Rottenmeier est prude, stricte et peut-être vierge. Elle ne
laisse pas passer la moindre faute à Heidi et la réprimande sévèrement.
Depuis lors, j’ai écrit mon journal
presque tous les jours, mais je n’ai pas réussi l’épreuve de dissertation de
cette matière. Néanmoins je n’étais pas vraiment déçu car je le savais
d’avance. J’éprouvais même un plaisir masochiste.
Cependant, seule une fois, mon journal a servi
à quelque chose. La même année, j’ai pris un cours de méthodologie dans lequel
on s’exerçait à l’écriture. J’ai appris que les Français font aussi beaucoup
d’erreurs dans leur langue maternelle et ça m’a rassuré. Chaque fois que la
professeur de ce cours nous obligeait de discuter en groupe, je serrais fort les
lèvres comme un prisonnier interrogé par l’ennemi, et je ne répondais que par
oui ou par non. Dans ce cours, chacun devait faire un dossier pour montrer
qu’on avait fait des exercices d’écriture. J’ai rédigé mon journal. J’ai supprimé
les parties politiquement incorrectes comme « la fille a poussé des cris de
cochon étranglé » ou « j’écris ‘’j’ai envie de mourir’’ de mille façons », « le
mode d'emploi du micro-ondes est encore plus intéressant que ce livre de merde
», et je l’ai donné à la professeure à la fin du semestre. Contre toute attente, elle m’a donné
de bonnes notes et j’ai survécu à cette année.
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