« Tout est pauvre ici. » la déception de Mozart
De la rive
droite de Rhin, quelle impression donne Strasbourg ? Autrefois, Mozart a aussi
visité cette ville. Cependant, ces deux lettres du père et du fils racontent
tout.
« As-tu la
possibilité de gagner de l’argent à Strasbourg ? » - Leopold Mozart
« Tout est
pauvre ici. » - Wolfgang Amadeus Mozart
Certes,
c’était un court séjour, mais Mozart a passé quelque temps dans cette ville. Toutefois,
comme sa lettre indique, il semble qu’il ait été plus ou moins ignoré. 2006 a
marqué deux cent cinquantièmes anniversaires de sa naissance. Les admirateurs
de Mozart dans cette ville auraient accueilli ce jour avec un sentiment de
regret de l’attitude de leurs ancêtres : ils auraient dû le retenir plus
longtemps et l’accueillir plus chaleureusement.
Le 10
octobre 1778, après six mois de désappointement à Paris, en route pour Salzbourg,
Mozart est arrivé à cette ville en diligence. Son père l’y attendait, mais il
hésitait à y rentrer à cause de l’archevêque. Avec un léger espoir de réussir
en tant que compositeur, il est descendu à l’arrêt juste devant l’hôtel du
Corbeau (près du musée alsacien actuel). Son séjour a duré environ trois
semaines (du 10 octobre à 3 novembre). Il avait vingt-deux ans. Il logeait chez
l’ammestre Frank (cette maison reste encore au 7 quai Saint-Nicolas !). La
dialogue « As-tu la possibilité de gagner de l’argent ? » « Tout est pauvre
ici. » est sans doute sans indulgence pour une ville de commerce prospère comme
Strasbourg. Mais cette impression de Mozart n’est pas incompréhensible. Après
avoir séjourné dans plusieurs villes et connu la beauté du rococo, la ville
relativement simple et gothique de Strasbourg aurait été pauvre à ses yeux. D’ailleurs,
le compositeur strasbourgeois qu’il avait connu à Paris, Rodolf, lui avait
offert un emploi en tant qu’organiste à Versailles, mais ce projet n’avait pas
abouti. De plus, il avait même fait des dettes auprès d’un grand commerçant de
cette ville.
Le concert n’a
pas eu un grand succès. Les gens de haute société étaient préoccupés par les
mesures contre le risque d’inondation du Rhin. Parmi les trois concerts qu’il a
donnés, la première a eu lieu au grand hall de la poêle de la corporation du
Miroir, et a été bien accueilli. Des gens de haute société étaient aussi
présents, l’ambiance était accueillante. Toutefois Mozart fut déçu de la faible
rémunération qu’il reçut. Une semaine plus tard, suite aux conseils de quelques
personnes, il a organisé son deuxième concert avec l’orchestre local dans un
bâtiment à la place Brogile (Dans l’entrepôt de blé qui a été rénové et
transformé en théâtre municipal en 1821). Mais l’audience était clairsemée ;
dans une lettre à son père, il a déploré l’incompréhension des citoyens à
l’égard de la musique. Déconcerté, il a pensé quitter la ville mais une
inondation l’a retenu. À cette occasion, il a organisé un concert privé. Cette
fois, l’audience a compris son art et il était content. Il écrivit même : «
Strasbourg sans moi est impensable. »
Dans cette
ville, le développement de la musique n’était pas forcément en retard. En 1731,
l’académie municipale de musique avait été déjà fondée. En réalité, Mozart a
rencontré de grands hommes de l’histoire de la musique. Il a essayé le célèbre
orgue d’Andreas Silbermann. Il a rencontré également le maître de chapelle de
la cathédrale, François Xavier Richter. Il a même exprimé le souhait de
remplacer ce chef d’orchestre âgé et légèrement alcoolique, si besoin était.
Mozart a
écrit un concerto intitulé ‘’Strasbourg’’. On ne sait pas s’il avait déjà
composé à Paris ou s’il a composé pendant ou après ce séjour à Strasbourg. À la
même époque, une sonate d’un autre Strasbourgeois qui vivait à Paris,
Hüllmandel, a certainement inspiré Mozart. Il y a des spécialistes qui disent
que l’influence de cette sonate est présente dans la sonate pour piano k310.
Mozart est devenu un membre de la Franc-maçonnerie en 1784. Avant cet
événement, pendant ce séjour, il fut accueilli à la loge qui s’appelait ‘’la
Candeur’’. D’ailleurs, un membre de la Franc-maçonnerie et un marchand, Franz
Heinrich Ziegenhagen lui a offert un poème. C'est pour lui que plus tard, Mozart
a composé un morceau, k619.
Ce dont
Strasbourg peut être fière à propos de sa rencontre avec ce génie, c’est sans
doute le fait que son premier opéra ‘’L’enlèvement au sérail’’ fut représenté
pour la première fois en France du vivant de l'artiste, ou que l'on a joué ‘’La
flûte enchantée’’dans cette ville plus tôt qu’à Paris, en 1800.
(L'extrait de ''L'histoire de Strasbourg'' d'Hidemi Uchida.)
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