dimanche 15 octobre 2017

Mozart à Strasbourg



« Tout est pauvre ici. » la déception de Mozart

 De la rive droite de Rhin, quelle impression donne Strasbourg ? Autrefois, Mozart a aussi visité cette ville. Cependant, ces deux lettres du père et du fils racontent tout.
« As-tu la possibilité de gagner de l’argent à Strasbourg ? » - Leopold Mozart
« Tout est pauvre ici. » - Wolfgang Amadeus Mozart

 Certes, c’était un court séjour, mais Mozart a passé quelque temps dans cette ville. Toutefois, comme sa lettre indique, il semble qu’il ait été plus ou moins ignoré. 2006 a marqué deux cent cinquantièmes anniversaires de sa naissance. Les admirateurs de Mozart dans cette ville auraient accueilli ce jour avec un sentiment de regret de l’attitude de leurs ancêtres : ils auraient dû le retenir plus longtemps et l’accueillir plus chaleureusement.

 Le 10 octobre 1778, après six mois de désappointement à Paris, en route pour Salzbourg, Mozart est arrivé à cette ville en diligence. Son père l’y attendait, mais il hésitait à y rentrer à cause de l’archevêque. Avec un léger espoir de réussir en tant que compositeur, il est descendu à l’arrêt juste devant l’hôtel du Corbeau (près du musée alsacien actuel). Son séjour a duré environ trois semaines (du 10 octobre à 3 novembre). Il avait vingt-deux ans. Il logeait chez l’ammestre Frank (cette maison reste encore au 7 quai Saint-Nicolas !). La dialogue « As-tu la possibilité de gagner de l’argent ? » « Tout est pauvre ici. » est sans doute sans indulgence pour une ville de commerce prospère comme Strasbourg. Mais cette impression de Mozart n’est pas incompréhensible. Après avoir séjourné dans plusieurs villes et connu la beauté du rococo, la ville relativement simple et gothique de Strasbourg aurait été pauvre à ses yeux. D’ailleurs, le compositeur strasbourgeois qu’il avait connu à Paris, Rodolf, lui avait offert un emploi en tant qu’organiste à Versailles, mais ce projet n’avait pas abouti. De plus, il avait même fait des dettes auprès d’un grand commerçant de cette ville.

 Le concert n’a pas eu un grand succès. Les gens de haute société étaient préoccupés par les mesures contre le risque d’inondation du Rhin. Parmi les trois concerts qu’il a donnés, la première a eu lieu au grand hall de la poêle de la corporation du Miroir, et a été bien accueilli. Des gens de haute société étaient aussi présents, l’ambiance était accueillante. Toutefois Mozart fut déçu de la faible rémunération qu’il reçut. Une semaine plus tard, suite aux conseils de quelques personnes, il a organisé son deuxième concert avec l’orchestre local dans un bâtiment à la place Brogile (Dans l’entrepôt de blé qui a été rénové et transformé en théâtre municipal en 1821). Mais l’audience était clairsemée ; dans une lettre à son père, il a déploré l’incompréhension des citoyens à l’égard de la musique. Déconcerté, il a pensé quitter la ville mais une inondation l’a retenu. À cette occasion, il a organisé un concert privé. Cette fois, l’audience a compris son art et il était content. Il écrivit même : « Strasbourg sans moi est impensable. »

 Dans cette ville, le développement de la musique n’était pas forcément en retard. En 1731, l’académie municipale de musique avait été déjà fondée. En réalité, Mozart a rencontré de grands hommes de l’histoire de la musique. Il a essayé le célèbre orgue d’Andreas Silbermann. Il a rencontré également le maître de chapelle de la cathédrale, François Xavier Richter. Il a même exprimé le souhait de remplacer ce chef d’orchestre âgé et légèrement alcoolique, si besoin était.

 Mozart a écrit un concerto intitulé ‘’Strasbourg’’. On ne sait pas s’il avait déjà composé à Paris ou s’il a composé pendant ou après ce séjour à Strasbourg. À la même époque, une sonate d’un autre Strasbourgeois qui vivait à Paris, Hüllmandel, a certainement inspiré Mozart. Il y a des spécialistes qui disent que l’influence de cette sonate est présente dans la sonate pour piano k310. Mozart est devenu un membre de la Franc-maçonnerie en 1784. Avant cet événement, pendant ce séjour, il fut accueilli à la loge qui s’appelait ‘’la Candeur’’. D’ailleurs, un membre de la Franc-maçonnerie et un marchand, Franz Heinrich Ziegenhagen lui a offert un poème. C'est pour lui que plus tard, Mozart a composé un morceau, k619.


 Ce dont Strasbourg peut être fière à propos de sa rencontre avec ce génie, c’est sans doute le fait que son premier opéra ‘’L’enlèvement au sérail’’ fut représenté pour la première fois en France du vivant de l'artiste, ou que l'on a joué ‘’La flûte enchantée’’dans cette ville plus tôt qu’à Paris, en 1800.

(L'extrait de ''L'histoire de Strasbourg'' d'Hidemi Uchida.)

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