Je luttais contre le sommeil pendant le cours du
matin. (J’ai l’impression que j’écris toujours que j’ai sommeil.) J’ai trouvé
un dessin inconnu dans mon cahier. Un homme portant un costume et une vieille
dame avec un manteau de fourrure s’embrassaient en se frottant le nez, sans
joindre leurs lèvres. Je ne me souviens pas d’avoir dessiné une scène aussi
grotesque. Endormi, j’ai dû faire un drôle de rêve et dessiner cela. En
écoutant l’exposé de deux filles, j’ai dessiné le portrait de Takeshi Kitano.
Le résultat était satisfaisant et j'étais content. Puis, la tête dans les bras,
je me suis endormi. Après les deux charmantes demoiselles, une fille de haute
taille aux traits méditerranéens, et un garçon potelé comme le bonhomme
Michelin, ont présenté leur exposé. Le professeur, qui ressemble au prince
Williams de Grande-Bretagne leur a fait des compliments sur leur travail. Après
les vacances, ce sera mon tour de faire un exposé. Étant donné que la fille qui
était ma partenaire a quitté ce cours (Je jure que je ne lui ai rien fait ), je
devrai le faire tout seul, mais honnêtement, je n’ai aucune idée de ce que je
dois écrire. Alors que je n'ai aucun problème à écrire un journal insignifiant
comme celui-ci, écrire une petite dissertation m’angoisse.
Si on me permet d’exprimer mon avis, je ne comprends
pas à quoi sert l’exposé parce que la plupart des gens préparent leur manuscrit
à l’avance, et le lisent à haute voix. Moi aussi. Il vaut mieux donner le
manuscrit sans le lire, n’est-ce pas ? Mais on dit : « À Rome, fais comme les
Romains », alors je ne me plains pas, mais peut-être vaudrait-il mieux que je
grogne puisque l’on dit aussi « Les Français sont des gens qui se plaignent
tout le temps.
Cela fait longtemps que je n’étais pas allé à la
bibliothèque U2-U3. Je la préférais à celle du Portique, mais je l’évitais sans
doute inconsciemment car l'escalier en colimaçon m'effraie un peu. Aujourd’hui,
j’ai découvert qu’ils avaient remis un gros coussin rouge au fond du deuxième
étage, à l’endroit désert derrière l’étagère du cinéma, près de celui de
littérature japonaise. C’est mon endroit préféré, car il est toujours désert et
tranquille. Et le plus important : je peux dormir sur le gros coussin. Quand
j’y suis arrivé, une fille noire travaillait toute seule à la table avec son
ordinateur. Je me suis évidemment installé sur le gros coussin rouge. Au début,
j’ai essayé de lire ‘’New York’’ de Morand pour le cours, toutefois ce livre ne
m'a pas trop fasciné. Observer des fourmis serait plus intéressante. Quelques
moments plus tard, j’ai fermé le livre. J’ai enlevé mes lunettes et j’ai étendu
mon manteau sur moi. En un clin d’œil, j’étais dans le royaume du sommeil.
J'entendais la voix de garçons qui me parvenait de
loin. Quand je me suis réveillé et que j’ai regardé mon portable, il était déjà
11h45. Le cours de littérature française du XVIII siècle allait commencer à
midi. Je me suis levé. Deux garçons qui avaient l'air idiot et une fille qui
semblait encore plus idiote, me regardaient, le visage sans expression. J’ai
pensé les tuer, mais je n’avais pas le temps. Je me suis dépêché de me préparer
et je suis parti. En sortant, j’ai vu sur l’étagère de magazines que le cahier
du cinéma de ce mois est consacré à ‘’Twin Peaks’’. La couverture était Diane.
J’aurais préféré Dale Cooper ou le nain dansant. J’ai décidé de le lire plus
tard et j’ai descendu l’escalier.
Maintenant j’attends que la bibliothèque U2-U3
installe une couette un oreiller spécialement pour moi. La prochaine fois, je
vais amener mon ourson, Talleyrand.
Pendant le cours de littérature du XVIII siècle, une
vieille dame aux cheveux entièrement blancs assise à côté de moi m’a demandé si
ce que je buvais était du café. Comme je parle rarement avec les gens, j’ai paniqué. Je ne comprenais plus si ce que je buvais était du café ou du vomi
ou du liquide organique d’une grenouille. Il m'a fallu du temps pour lui
répondre que c’était du café au lait. À un moment donné, le professeur, aussi
âgé que ma voisine a dit pour donner un exemple de roman à la première personne
: « Dans ma jeunesse, j’ai été violée par mon grand-père ou par mon oncle».
J’ai adoré cet exemple.
Dans ma résidence, j'ai joué avec le petit chat, Dès qu'il
m'a aperçu, il s'est installé sur mes genoux comme d'habitude. Je caressais sa
petite tête en lisant ''L'histoire perdue'' d'Otsuichi. À un moment donné, le
gros chat est apparu soudain, comme un brouillard néfaste. De mauvaise humeur,
il s'est avancé vers nous, en agitant brutalement sa queue. J'ai essayé de
caresser sa tête ; il ne voulait pas. Malgré cela, il est resté à côté de nous.
Quelques minutes plus tard, il est parti. J'ai regardé derrière moi ; il
aiguisait ses griffes contre un arbre. Ce type est bizarre. Je ne le comprends
plus.
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