Je me
demande toujours pourquoi les professeurs n’ont pas l’air d’avoir sommeil
lorsqu’ils donnent un cours à 8 heures. Je n’ai jamais vu un professeur bailler.
J’étais peut-être fatigué, bien que je me lève toujours à 6 heures, ce matin,
quand je me suis levé, mon portable indiquait déjà 6 heures 45. De plus, à ce
moment-là, mon cœur était déjà rempli de tristesse. J’ai pensé manquer le cours
du matin, mais je suis quelqu’un qui n’aime pas changer d’habitude ; je me suis
préparé vite et je suis parti.
C’est un mystère.
Lorsque je me couche toutes les nuits, beaucoup de préoccupations surgissent en
moi et m’empêchent de dormir. Pendant le cours, je peux m’endormir
tranquillement. Quand le professeur nous racontait la vie de Thomas Mann, je
l'ai transpercé du regard ; il ressemble à Truman Capote. Cet écrivain
américain connu notamment pour ''Breakfast at Tiffany's'' et ''Cold Blood''
était un homme de petite taille, en revanche, cet enseignant est grand. Le nez
petit, les cheveux blonds blanchissants, le front haut et les yeux bleus sont
communs. Après m'être assuré qu’il ne me
regardait pas, j'ai sombré dans un profond sommeil. J’ai rêvé qu’une
enseignante inconnue mourrait d’une crise cardiaque en cours. Lorsque j’ai
rouvert les yeux, une fille à lunettes était en train de faire son exposé.
Pendant le
cours de latin, j’ai appliqué la règle de la main gauche de Flemming pour
vérifier les mouvements d'un générateur. Le pouce indique le sens du mouvement.
L’index, celui du courant, le majeur, la direction du champ magnétique.
Ensuite, j’ai dessiné une courte BD sur le revers d’une feuille que la
professeure avait distribuée. C’est une BD assez ridicule et pas très réussie,
dans laquelle un esprit méchant apparaît de la veine du bois du plafond et
enlève un garçon endormi.
En cours
d’allemand, je devais faire un exposé. Parmi les sujets concernant la mode,
j’avais choisi ‘’Das perfeckte Outfit fur Kunstler (La tenue parfaite pour les artistes)’’.
Je ne m’intéresse pas du tout à la mode, j’avais dû choisir un sujet qui
semblait me convenir le plus. J’ai comparé deux compositeurs, Beethoven et
Haydn. Beethoven était quelqu’un qui ne faisait aucune attention à son
apparence. Selon son secrétaire, il était « comme Robinson Crusoé ». Le plus
grand compositeur de l’histoire de la musique a même été arrêté par un policier
qui l’a pris pour un clochard. Plus tard, le maire de Vienne lui a présenté ses
excuses. Contrairement à lui, son maître (toutefois, Beethoven prétend qu’il
n’a rien appris de lui), Joseph Haydn était quelqu’un de soigné. Il mettait
toujours une perruque pour composer, alors que personne ne le voyait. On
connaît aussi la personnalité de ces grands hommes aussi à travers leurs
portraits. Tandis que Ludwig fronce les sourcils d’un air de défi, Haydn sourit
tendrement comme une grand-mère qui regarde son petit-fils jouer dans le
jardin. Et j'ai conclu mon exposé ainsi : « Quelque part dans le
monde, il y a peut-être un compositeur qui travaille avec un scaphandre. »
Pendant que
je parlais en public, je me rendais compte que je parlais très vite comme une
mitrailleuse. Plus j’essayais de parler plus lentement, plus je bredouillais. Mes
mains tremblaient, je baissais les yeux, je n'arrivais pas à regarder les
visages des gens. Alors qu'ils ne me prêtent aucune attention d'habitude, une
multitude d'yeux me regardaient, uniquement à l'occasion de cet exposé. Je me
suis senti comme Adolf Eichmann au procès de Nürnberg. Tout ce que j'attendais,
c'était le verdict et la condamnation à la peine capitale.
La
professeure d’allemand avait distribué des feuilles sur lesquelles
on devait écrire un commentaire sur ceux qui avaient fini leur exposé. Nous
devions donner des bons points et faire des suggestions. J’ai reçu les
commentaires que les autres avaient faits sur mon exposé. Sans les lire, je les
ai insérés dans mon cahier. Je ne les lirai peut-être jamais. J’ai aussi écrit
mes impressions de trois filles qui ont fait des exposés. J’ai écrit la même
chose pour ces trois demoiselles ; « Vous parlez lentement et c’est bien. » En
réalité, leurs exposés étaient beaucoup plus raffinés que le mien. Elles
présentaient de beaux hommes et femmes avec de jolis vêtements alors que je
leur avais montré les portraits d’un homme d’âge mûr qui fait une grimace
terrible et d’un autre avec une perruque comique et démodée. À ce moment-là,
pour la première fois, j'ai fait des reproches à mon compositeur préféré : il
aurait dû faire attention à ses habits et il aurait dû au moins faire l'effort
de sourire.
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