lundi 23 octobre 2017

Kelly

 Le premier jour 

 Kelly m'a dit qu'elle m'attendait à côté de l'église. Toutefois lorsque j'y suis arrivé, je ne l'ai vue nulle part. Un vieil homme avec un chien est passé nonchalamment. Ensuite un autre vieil homme aux cheveux tout blancs et avec des lunettes de soleil est venu. Il a essayé d'ouvrir une porte de l'église. Mais la porte ne s'est pas ouverte. Tandis qu'il lisait longuement des affiches, je me suis approché d'une autre porte et j'ai essayé de l'ouvrir. Mais elle était évidemment fermée. Le vieil homme m'a regardé et m'a dit, « Elle est fermée.» et il est parti. 
 Je me suis assis sur un banc. Je me suis mis à lire Mademoiselle Nanakamado et sept adultes pitoyables. C'est un livre idéal quand on doit attendre une personne. 
 Après avoir lu quelques pages, j'ai levé la tête. Au loin, j'ai vu la silhouette d'une fille marcher vers moi en agitant ses cheveux blonds. Elle portait un léger vêtement noir sans manches (je dirais que c'est assez difficile de décrire un habit féminin). Elle m'a dit qu'elle était à l'autre église. Je me suis souvenu qu'il y avait deux églises mais celle devant laquelle je l'attendais était plus proche de son appartement d'Air bnb où elle passait la nuit. Elle m'a demandé si je connaissais ce système d'hébergement. Je n'en avais jamais profité moi-même mais je lui ai dit que c'était une application qui permettait à un individu de louer sa propre maison à un tiers comme un hôtel. Elle a acquiescé, Je lui ai demandé combien elle avait payé. Elle m'a répondu brièvement que c'était cinquante euros par nuit. Je trouvais cela cher. En parlant de ce genre de choses, nous sommes arrivés à cet appartement qui n'était qu’à cinq minutes de l'église. C'était un bâtiment bleu clair à trois étages. Elle a ouvert la porte d'entrée, nous sommes montés au troisième étage. Elle a eu du mal à ouvrir la porte de son studio, elle m'a expliqué qu'il y avait une astuce pour l'ouvrir. Contrairement à la porte qui fermait mal, l'intérieur était propre comme les exemplaires dans les catalogues d'Ikea. Je lui ai demandé si elle avait vu la propriétaire. Elle m'a dit qu'elle avait juste 
parlé avec elle en ligne, et qu'elle la trouvait sympathique. Elle m'a guidé dans l'appartement. Il y avait d'abord un salon avec une table de cuisine, une télé, deux petits sofas et un divin. Au mur étaient accrochés des dessins à motifs discrets comme la mer ou une prairie. Ces dessins qui avaient des traits abstraits m'ont rappelé le test de Rorschach. Dans l'étagère, j'ai reconnu quelques noms d'écrivains qui m'étaient familiers, John Irving, Suskind, Dumas, Kundera, mais les autres, je ne les connaissais pas. À côté du salon se trouvait une jolie cuisine qui n'avait même pas une tache sur le sol. Au fond se trouvaient deux chambres dont une était pour un invité. Apparemment la propriétaire dormait dans l'autre chambre. Juste avant cette chambre, il y avait des toilettes, un lavabo et une salle de bain. 
Dans la chambre de la propriétaire, sur une planche accrochée au mur, juste au-dessus du lit, étaient juxtaposés beaucoup de livres d'Amélie Nothomb. Sur le lit étaient pliées des robes d'été. Un ordinateur portable était aussi laissé là. Je lui ai demandé si ce ne serait pas un problème si un hôte le volait. Elle m'a dit que la propriétaire connait ceux qu'elle héberge. Elle avait raison. Mais je me suis demandé quand même si ce ne serait pas ennuyeux si des objets disparaissaient par hasard. Ou peut-être que je m’inquiète trop. 
Elle m’a servi des bouteilles de deux liqueurs différentes dont je ne me rappelle plus les noms. L’une était rose-jaune, l’autre était un cocktail de framboise. Nous avons longuement bavardé en buvant. J’étais éméché. Je ne me souviens plus de ce dont nous avons parlé. En tout cas, nous avons parlé de beaucoup de choses, de ses amies, de son impression sur Strasbourg. Je n’avais pas jeté un seul coup d’œil à ma montre, mais je savais qu’il était déjà assez tard. Au bout d’un moment, j’ai entendu un bruit étrange. Et une femme d’âge mûr et de grande taille est entrée. La propriétaire était de retour. 
 Kelly lui a dit que j’étais son ami. Je me suis demandé un instant si je n'allais pas être mis dehors, mais la propriétaire était quelqu’un de sympathique et d'accueillant. Elle a causé avec nous pendant un moment et elle est repartie en nous disant qu’elle allait à une soirée.  
 J’avais parlé d’un chat qui vivait dans ma résidence universitaire. Elle m’a dit qu’elle avait envie de le voir. Nous avons marché ensemble jusqu’à ma résidence qui n’était pas loin de l’appartement. La cour était déserte et nous étions seuls. J’ai immédiatement reconnu le chat dans le jardin. Je m’en suis approché et j’ai caressé sa tête mais il craignait visiblement la présence d’une étrangère. En me regardant le caresser, Kelly m’a dit que le chat boîtait, qu’il avait apparemment un problème respiratoire. De plus, l’une de ses oreilles était difforme. Je lui ai demandé s’il allait mourir jeune. Elle m’a répondu qu’elle n’en avait aucune idée. 
 Je ne voulais pas lui montrer ma chambre parce qu’elle est étroite et désordonnée comme une cage à lapins. Mais comme elle a insisté, je l’ai laissée entrer. Ma chambre me semblait encore plus minable après avoir passé un moment dans un joli appartement propre. Lorsque nous sommes sortis du bâtiment, elle a chuchoté à mon oreille que le chat était là. Je ne m’en étais pas rendu compte. Ce chat, qui ne bouge d’habitude pas du jardin s’était en effet déplacé à côté de l’escalier. En cachette, il nous avait suivis. Aussitôt que je m’en suis approché, il a roulé sur lui-même et m’a montré son ventre. Il m’a laissé caresser sa tête un moment, mais quand Kelly a essayé de le toucher, il a écarquillé les yeux et l’a dévisagée. Puis il s’est levé et il est parti. Kelly a renoncé à devenir son amie et nous avons quitté la résidence. Nous avons réalisé que le chat nous suivait des yeux. Kelly m’a dit que son regard avait l’air triste. Toutefois j’étais incapable de lire les sentiments du chat. Son regard ne nous a pas quittés comme nous nous éloignions. Elle a murmuré tristement, « Alors que tous les chats doivent aimer Kelly. ». Alors, il était l’exception.  
 Avant de rentrer à l’appartement, Kelly m’a demandé ce qu’il y avait au bout de la rue. Je lui ai dit qu’il n’y avait rien, qu’il y avait juste un restaurant et des coiffeurs, et qu’au-delà il y avait une station de tram. Comme elle m’a dit qu’elle voulait voir, je l’ai accompagnée. Au fur et à mesure que nous avancions, nous sentions de plus en plus un parfum apetissant qui venait du restaurant. La porte était ouverte. Une lumière orangée et chaleureuse coulait de là. Le brouhaha des clients s’élevait. Elle m’a proposé de déjeuner ici le lendemain et nous sommes repartis. En chemin, nous sommes allés à un restaurant de sushi, qui était ouvert jusqu’à vingt-trois heures. Kelly a choisi un bol de riz avec du saumon, j’ai pris du thon. Pendant que nous attendions, j’ai lu les avis des clients. Elle m’a demandé d’écrire quelque chose en japonais. Je lui ai dit que je n’avais rien à écrire. Elle m’a demandé d’écrire ce qu’elle allait me dire. Et elle a dit, « Oishi desu. Arigatô gozaimasu. (C’est bon. Merci beaucoup) ». Je lui ai répliqué que c’était bizarre d’écrire ‘’C’est bon’’ parce qu’on n’avait encore rien goûté mais en me regardant droit dans les yeux, elle a insisté pour que je l'écrive, comme un secrétaire. J’ai donc écrit en japonais. Elle a regardé ce que j’ai écrit et enfin, elle avait l’air contente. 
  Lorsque nous sommes rentrés à l’appartement, la propriétaire n’était pas là. À la table de cuisine, nous avons dîné ensemble. Par erreur, elle a mangé un petit peu de wasabi et a poussé un cri étrange comme quelqu’un qui s'est empoisonné. Comme nous avions laissé les fenêtres ouvertes, attirés par la lumière, quelques insectes s’étaient introduits dans la pièce. Ils bourdonnaient autour de la plus grande lampe. D’un air suppliant, Kelly m’a dit qu’elle ne supportait pas les insectes. Je lui ai dit que ces insectes ramperaient sur son visage pendant son sommeil. Elle a crié et m’a poussé. 

Le deuxième jour  

Le lendemain, nous nous sommes revus vers onze heures devant la même église. Cette fois, elle portait une légère chemise blanche. 
Nous sommes allés au restaurant d’hier mais il était fermé. Elle a cherché les heures d’ouverture sur Google et elle m’a dit qu’il ouvrirait le midi. Assis sur un banc devant la station du tram, nous avons passé le temps à causer. Cependant, alors que dix minutes s’étaient écoulées depuis midi, le restaurant n'était toujours pas ouvert. Elle a vérifié encore l’horaire et on a su qu’il était ouvert uniquement les samedis soirs. Je lui ai proposé de déjeuner au centre-ville de Strasbourg. Elle a acheté un ticket aller-retour et nous avons pris le tram. Ensuite nous sommes descendus à la station République et nous avons marché jusqu’à la Cathédrale de NotreDame. Devant un magasin de souvenirs, Kelly a tout à coup crié, « Un petit bonhomme de pain d’épice ! Un petit bonhomme de pain d’épice ! Oh, il est trop mignoooon ! ». Je l’ai ignorée. Elle a finalement choisi un porte-clé en forme de petit bonhomme de pain d’épice et l’a acheté. Kelly m’a demandé si je le trouvais mignon. Mais comme j’étais indifférent, je lui ai répondu honnêtement que je ne le trouvais pas particulièrement mignon. Kelly a boudé.  
 Nous nous sommes promenés et avons découvert un restaurant alsacien qui avait l’air sympathique. Dans les rues emplies de soleil où résonnait un accordéon, les gens semblaient être heureux. J’ai préféré déjeuner à l’intérieur parce que c’était sans doute plus calme que dehors. Nous nous sommes installés à une table et j’ai commandé une bière blanche et des saucissons accompagnés de frites. Kelly a choisi une flammekueche traditionnelle et un Monaco. Quelques instants plus tard, il a commencé à pleuvoir à l’extérieur. C’était une averse. Ces jours-ci, le temps était instable en Alsace. Des clients installés sur la terrasse se sont réfugiés à l’intérieur. Je n’ai pas laissé échapper l’occasion de me vanter. Je lui ai dit fièrement que j’avais eu raison d’avoir choisi l’intérieur. Kelly ne m’a pas contredit.  
 Le Monaco est une boisson rouge. Je n’en avais jamais bu, Kelly m’en a fait goûter. C'était sucré. Elle n’a pas pu finir sa flammekueche, je lui ai pris les deux derniers morceaux. Pour le dessert, nous avons 
commandé ‘’Nos torches aux marrons’’ mais ni elle ni moi ne savions ce que c’était. Un instant plus tard, de petites montagnes de crème de marrons accompagnées de meringues dans deux grands verres sont arrivées. Le dessert était bon. Kelly l’a fini d’un air ravi. Je lui ai fait remarquer qu’elle m’avait dit qu’elle n’avait plus faim. Elle m’a dit qu’il y avait toujours une place pour le dessert. C’est sans doute un organe que seules les filles possèdent.  
 Après le déjeuner, nous avons marché jusqu’au musée zoologique. L’intérieur du musée avait une odeur spécifique qui ressemblait à celle de sciure mélangée à un produit chimique. Avant nous, un couple âgé canadien achetait des tickets. J’ai su qu’ils étaient canadiens car ils l'ont dit à la femme de la réception. Le musée avait trois étages. Mais l’accès au dernier étage était interdit par une barricade.  
 Le premier animal naturalisé que l’on rencontre en entrant est un cœlacanthe. Ce poisson antique était éternisé dans un bassin rempli d’un liquide bleu. Dans cette lumière bleu azur, le cœlacanthe ressemblait plus à une œuvre de bijoutier qu’à un animal qui a jadis été vivant. Kelly l’observait d’un regard curieux comme un chasseur qui a rencontré une baleine au fin fond d’une forêt. 
 Dans la première salle, il y avait notamment des animaux terrestres tels que des loups, des ours, des chauves-souris, des mulots etc. Une illustration d’un dodo était accrochée en bas. Le dodo avait une si drôle de tête que j’ai eu du mal à croire qu’un tel animal avait jadis existé. 
   Cette pièce était liée à un passage qui était séparé par deux vitrines. À gauche régnaient des animaux marins, à droite étaient enfermés des animaux tels qu’un tigre, une panthère etc. J’ai été effrayé de l’immensité de l’éléphant de mer. Il était noirâtre et énorme comme un cuirassé. J’ai demandé à Kelly ce qu’elle ferait si elle devait passer une nuit dans ce musée.  
« Imagine, par exemple, tu oublies quelque chose ici. Et vers le soir, tu reviens récupérer ton objet perdu. Une vieille dame allait fermer le musée, mais tu lui expliques et elle te laisse rechercher gentiment. Finalement, tu retrouves ton truc mais quand tu essayes de sortir, tu te rends compte que la grande porte de bois est fermée à clef. La dame n’est plus là. Les lampes s'éteignent une par une.  
 Et peut-être que dans ce musée, il y a de temps en temps des visiteurs qui disparaissent. En réalité, ils sont enfermés dans la peau d’animaux morts…, lui ai-je dit. 
- Écris une histoire sur ça. », m’a-t-elle dit sèchement.  
 Nous sommes montés au premier étage. Passé la pièce où il y avait une immense tortue empaillée et un crocodile, nous sommes entrés dans une vaste salle dans laquelle étaient juxtaposées beaucoup de vitrines. Toutes ces vitrines étaient remplies de petits oiseaux naturalisés. Derrière nous un gardien du musée, un jeune garçon, qui avait peut-être encore l’âge d’un lycéen nous surveillait en gardant une certaine distance. Nous pouvions voir une sortie obscure au fond de cette pièce. 
 Cette pièce sombre était consacrée au fondateur du musée, Jean Hermann. À l’intérieur, son bureau était reproduit. Dans la lueur faible, seul ce bureau était illuminé comme un élément de la journée qui apparaît dans la nuit. Monsieur Hermann examinait une éprouvette de bonne humeur. Nous nous sommes assis sur un canapé, nous avons bavardé tranquillement dans la pénombre. Kelly m’a dit qu’elle avait peur des poupées en regardant le mannequin de Hermann, qui était si réel qu’il me semblait même être vivant. J’ai espéré que ce mannequin n'était pas Monsieur Hermann empaillé. Lorsque nous sortions, derrière Kelly, j’ai dit, « Oh, putain ! Ses yeux bougent et il te regarde ! ». Elle a fait la grimace et m’a dit d’un air sérieux, « Arrête ! Ça me fait vraiment peur. » Nous avons également essayé de déchiffrer un manuscrit de Hermann datant de son 
époque. J’ai pu lire, ‘’Strasbourg’’. Le musée était un drôle d’endroit, j’ai senti que si j’y restais trop longtemps, je ferais même partie de cette collection. 
 Après être sortis du musée, je lui ai montré mon université qui était juste en face. Elle était étonnée de l’immensité du campus et elle a pris quelques photos. 
 Comme Kelly m’a dit qu’elle avait soif, on est ensuite allé à Simply d’Esplanade et on a acheté deux bouteilles d’eau pétillante. Nous avons lu ensemble les avis des clients. En les lisant, j’ai appris que le monde était bourré de cinglés. Kelly a sorti un stylo de son sac et elle a écrit dessus, « Bonjour, magasin très grand. Pourquoi vous vendez des poulpes ? C’est ma famille ♡ » Personnellement, je ne pense pas qu’ils arrêteront de vendre des poulpes mais comme elle avait l’air satisfaite, je me taisais. 
 Nous avons pris le tram à la station Esplanade. Peut-être qu’elle était fatiguée, maintenant Kelly regardait la fenêtre tranquillement.  
 Dans son appartement, nous avons passé le temps à regarder des vidéos sur Youtube. En fin de compte, la propriétaire est rentrée. Nous avons causé tous les trois. Je suis rentré chez moi vers vingt-etune heure et demie. Je me souviens que le ciel était étrange. Des nuages pourpres enflammaient le ciel bleu clair de la soirée. Kelly m’a accompagné à la porte et m’a dit, « Rentre bien. Envoie-moi un message dès que tu arrives chez toi. » 

Le dernier jour  

 Le dernier jour, vers dix heures et demi, j’ai reçu un message de Kelly qui me demandait de descendre. Je me suis brossé les dents, je me suis changé et je suis descendu. J’ai vu que le chat se frottait contre Kelly, maintenant ils s’entendaient bien. Elle portait des lunettes de soleil. Ce jour-là, nous avons décidé d’aller au parc de l’Orangerie que 
Kelly me disait toujours qu’elle avait envie de visiter. Mais avant, nous avons longé le Rhin et nous nous sommes promenés aux alentours.  
 Après avoir traversé un pont, nous avons rencontré des chèvres noires et des coqs qui étaient dans une petite ferme. Une chèvre s’est approchée de nous et elle a regardé attentivement nos visages. Elle était visiblement habituée aux gens. Peut-être qu’il y avait des gens qui leur donnaient à manger. Après lui avoir dit au revoir, nous avons marché jusqu’au parc de l’Orangerie. 
 Le parc était vaste et il y avait divers animaux. Contrairement aux animaux qu’on avait vus au musée zoologique, ils étaient tous vivants. Des cigognes claquaient leurs becs. Kelly a entendu pour la première fois leurs cris, elle était étonnée de son étrangeté. Nous avons vu des mulots, des lynx, de petits serpents et des perroquets. Devant la cage de tortues, Kelly a mis de la crème sur ses petites mains ridées et dure à cause de sa maladie. Pendant que je la regardais en mettre dessus, elle m’a demandé si je voulais en mettre aussi. Mes mains n’étaient pas séchées mais j’en ai étalé dessus. 
 Vers midi, nous avons cherché un restaurant mais comme c’était dimanche, la plupart des magasins étaient fermés. En flânant dans le parc, nous en avons trouvé un. Les tables étaient préparées mais le resto était désert. Kelly a demandé à un serveur s’il était ouvert. Il lui a dit que nous pouvions nous mettre à table. Elle a fait une expression sérieuse comme un philosophe et elle a beaucoup réfléchi sur le menu. Une serveuse brunâtre est venue prendre une commande mais Kelly n’avait pas encore décidé. Un moment plus tard, une autre serveuse est venue. J’ai commandé une bière blonde et une Fleichnaka (pourtant je ne savais pas ce que c’était.) Kelly a finalement choisi une salade de chèvre et une Monaco.  
 La Fleichnaka est un plat de viande dont le goût ressemble à celui de saucissons accompagnés de légumes. Kelly était contente de sa 
salade et du pain avec du fromage de chèvre. En effet, ce restaurant était meilleur que je ne l’espérais.  
 Après le déjeuner, nous avons quitté le parc et nous avons longé le Rhin. En chemin, j’ai pris un caillou et je l’ai jeté dans la rivière. Kelly en a aussi pris un et l’a jeté. Le mien a atterri plus loin. 
 Dans l’appartement, la propriétaire n’était pas là. Il semblait qu’elle sortait tous les jours. Si j’avais un appartement aussi chouette, je n’en sortirais pas. 

 L’heure de la séparation approchait. Kelly a fermé sa valise de force, elle a vérifié dans toutes les pièces si elle n’avait rien oublié. Nous nous sommes mis à la table de cuisine où nous avions dîné ensemble le premier soir, en attendant l’heure du départ. 
 Au bout d’un moment, nous sommes partis. Kelly a appelé un taxi d’Uber sur l’application. Nous avons marché jusqu’à la grande rue pour que le chauffeur puisse la trouver facilement. Au coin de la rue, nous avons bavardé un certain moment. Environ dix minutes plus tard, une Mercedes couleur argent est arrivée.  
« Au revoir, lui ai-je dit. 
- Toi, rentre bien. », m’a-t-elle dit avant de monter dans la voiture. 
  Je ne pouvais pas voir ses yeux parce qu’ils étaient cachés sous les lunettes de soleil. J’ai pensé que c’était injuste. Alors que je m’étais mis à marcher, la Mercedes m’a tout de suite dépassé et est partie au loin. 
  Chez moi, le parfum de sa crème hydratante m’a rappelé le moment où elle marchait vers moi en l’attendant devant l’église.  

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