vendredi 13 octobre 2017

Certains professeurs sont des magiciens

 Aujourd’hui j’ai découvert qu’un professeur est hypnotiseur. Tandis que je l’écoutais parler, mes paupières s’alourdissaient de plus en plus. J’ai tenté par divers moyens de résister à ce sommeil pesant : je me suis pincé le bras, je me suis mordu le doigt, j’ai transpercé le front du professeur du regard. Je me suis dit à plusieurs reprises que je ne devais pas dormir car j’étais dans une salle de cours. De plus, quand j’ai regardé derrière moi, personne ne s’assoupissait. Au fur et à mesure que le sommeil devenait profond, sa voix douce s’éloignait de plus en plus. Au final, ma tête a rencontré mon cahier. J'ai rêvé que je fuyais quelqu'un dans la ville de Londres au XIXe siècle.

 Le professeur du cours de littérature du XVIIIe est un magicien qui contrôle le temps. Bien que ce soit un cours de seulement une heure, j’ai cru y passer dix ans. Quand j’étais collégien, j’ai lu quelque chose sur la théorie de la relativité d’Einstein. En faisant des cigognes en papier avec des prospectus qu'avait distribués un inconnu de haute taille avant le cours, je me suis convaincu que ce phénomène était sans doute dû à cette fameuse théorie de la relativité. Dans « 2001 l’Odyssée de l’espace », le héros qui a passé quelques années dans le vide sidéral, après s’être affranchi des notions d’espace et de temps, a progressivement vieilli. En bref, le temps qu'on croit invariable s'altère sous certaines conditions.
 Étant donné qu’il y avait beaucoup de prospectus à côté de moi, j’ai pensé faire une légion de cigognes mais je me suis senti fatigué et j’ai renoncé à cette idée. J’ai vu qu’une fille assise à côté de moi faisait cinq ou six bateaux en origami. Quand j’étais enfant, je savais faire beaucoup d’origamis mais maintenant j’ai tout oublié sauf la grue. Il y a beaucoup d’autres choses que j’ai oubliées.

 Dès que ce cours fut terminé, je suis sorti et je suis allé aux toilettes. J’ai regardé dans le miroir et j’ai vérifié que je n’avais pas pris dix ans. J’ai poussé un grand soupir de soulagement.

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