Tant que
j’avais beaucoup de choses à faire, j’étais apathique. J’étais triste sans
raison. J’ai envoyé un message à une amie parisienne ; elle ne m’a pas répondu.
Avant on se parlait fréquemment, presque tous les jours, depuis plusieurs mois,
on s’est éloigné. Vu qu'elle me conseillait de me faire des amis à Strasbourg,
elle a eu envie de m’éloigner. C’est peut-être aussi parce que j’ai refusé
d’aller à Paris, ou qu’elle s’est finalement aperçue que je suis incapable de
sentiments profonds. Je pourrais suggérer à l’infini les raisons pour
lesquelles elle ne me parle plus, mais je me suis habitué à ce genre de choses.
Avant, chaque fois que quelqu’un me quittait ou me critiquait, j’étais blessé.
Je ne comprends toujours pas pourquoi je n’arrive pas à communiquer avec des
gens, je sens juste que quelque chose cloche, que quelque chose ne va pas mais
je ne sais pas ce que c’est. Il y a un problème d’input et d’output.
Ce sentiment
d’être étranger est de plus en plus fort. Faute de pouvoir retourner dans ma
planète natale, je suis obligé à vivre sur la Terre.
Lorsque je
me suis rendu compte de cela, mon cœur était couvert de plaies qui ne se
cicatrisent pas, si bien qu’il n’y a plus de place pour de nouvelles blessures.
Il se nécrose, se décompose petit à petit ; il tombera finalement comme une
tomate pourrie.
Je me suis
vaguement souvenu d’une nouvelle de Scott Fitzgerald intitulée ‘’The Rich
Boy’’. Il y a un passage que j’ai lu plusieurs fois.
"Hello there, Oscar," he said to the bartender. "Mr. Cahill been around this afternoon?""Mr. Cahill's gone to New Haven.""Oh . . . that so?""Gone to the ball game. Lot of men gone up."Anson looked once again into the lobby, considered for a moment, and then walked out and over to Fifth Avenue. From the broad window of one of his clubs--one that he had scarcely visited in five years--a gray man with watery eyes stared down at him. Anson looked quickly away--that figure sitting in vacant resignation, in supercilious solitude, depressed him. He stopped and, retracing his steps, started over 47th Street toward Teak Warden's apartment. Teak and his wife had once been his most familiar friends--it was a household where he and Dolly Karger had been used to go in the days of their affair. But Teak had taken to drink, and his wife had remarked publicly that Anson was a bad influence on him. The remark reached Anson in an exaggerated form--when it was finally cleared up, the delicate spell of intimacy was broken, never to be renewed.
"Is Mr. Warden at home?" he inquired."They've gone to the country."
Le héros, le
garçon riche, Anson Hunter rentre à New York après avoir connu quelques amours,
et il découvre qu’il a perdu tout ce qui lui était précieux et que tout est
fini maintenant. Il demande au barman ce que ses anciens amis font. Le barman
lui répond qu’ils sont tous partis. Et Anson se rend compte qu’il n’est plus un
garçon.
Il n’y a pas
de meilleur écrivain que Fitzgerald, pour évoquer la solitude de manière si
raffinée et touchant. ‘’The Rich Boy’’, ‘’Winter Dreams’’, ‘’Great Gatsby’’ me
rappellent que la vie n’est qu’une continuation de pertes, mais qu’il y a
toujours une lumière qui l’éclaire.
“ Gatsby believed in the green light, the orgastic future that year by year recedes before us. It eluded us then, but that's no matter tomorrow we will run faster, stretch out our arms farther. . . . And one fine morning——
So we beat on, boats against the current, borne back ceaselessly into the past.”
Je cherche
toujours cette lumière verte. Je suis enfermé dans une cabine téléphonique
isolée, je frappe de toutes mes forces à la porte et je crie, mais personne ne
me voit, personne ne m’entend dans cette obscurité totale.
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