lundi 16 octobre 2017

Une famille de ragondins





« Une belle ville avec une belle bibliothèque. »

 Ainsi s'exprime un philosophe français, Jean-Jacques Augustin. Il a écrit cette phrase dans une lettre à un ami au cours d’un voyage à Constantinople en 1876. À ses yeux, pour être qualifiée de "belle", une ville doit posséder une belle bibliothèque, héritage et résumé de son histoire. Une ville qui n’a pas de bonne bibliothèque est à plaindre, même si son architecture et ses paysages méritent le voyage. Toutefois, d’après ses lettres, lors de ce voyage, il a découvert une pièce cachée dans une bibliothèque. Finalement, il n’est jamais revenu.


 C’est un mensonge. C'est un personnage que j'ai inventé. Mais c’est vrai que Strasbourg a de belles bibliothèques. 
 Hier, je suis allé à la médiathèque André Malraux. Je suis monté à l’étage des bandes dessinées. Déambuler devant les étagères remplies de belles couvertures est un véritable plaisir. Je pourrais passer ma vie dans cette médiathèque sans épuiser tous les livres. Au début, je pensais emprunter des BD ou des mangas mais au final, j’ai choisi trois albums de reproduction. Ces temps derniers je suis occupé, j’ai déjà beaucoup de livres à lire et je n’ai pas le temps de lire une BD. Après avoir réfléchi longtemps, j’ai choisi un album de mon sculpteur et graveur préféré, Kiki Smith, et un autre de Bruegel et de Georges De La Tour. Pliant sous le poids des livres que j’ai empruntés, j’ai longé l’Ill. Quelques minutes plus tard, j’ai vu quelque chose remuer dans l’eau. Je me suis arrêté et je me suis approché. J’ai regardé en bas, une famille de ragondins (ou un animal qui ressemble au ragondin) se baignait. Les enfants collés les uns aux autres, ne cessaient de remuer leurs pattes. Le plus grand était peut-être leur mère. Je les ai observés longtemps. 

« J'ai faim, frérot, a dit un des enfants.
- Patience, maman nous apportera quelque chose, a dit un autre.
Où est l'oncle escargot ?
- Une cigogne l'a becqueté et l'a emporté. 
- Quand papa reviendra-t-il ?
- Quand le soleil se lèvera pour la centième fois. »

Au bout d’un moment, la mère est partie toute seule en laissant ses enfants. Je leur ai dit au revoir et je me suis remis à marcher. Dès que j’ai levé la tête, le soleil m'a ébloui et j'ai fermé les yeux. La nuit, avant de dormir, j'ai pensé à la famille de ragondins. J'ai souhaité qu'ils n'aient pas faim, que l'eau ne soit pas trop froide.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire