Comment tuer
le temps entre les cours est une question cruciale à l’Université. Au début,
j’allais à la bibliothèque U2-U3 pour dormir jusqu’à ce qu’ils enlèvent les
gros coussins.
À cause de
la tension nerveuse, je n’arrive pas à lire lorsqu’il y a des gens autour de
moi. J’ai toujours l’impression qu’un assassin va me tirer une balle dans le
dos. Le deuxième problème, c’est que je ne peux pas écouter de la musique trop
fort à la bibliothèque. Je souffre aussi de myiodésopsies qui m'empêchent de
fixer les choses dans un endroit lumineux, et c'est pourquoi je ne supportais
pas la cantine de la bibliothèque U2-U3. En en faisant la liste, je me rends
compte que j’ai un tas de problèmes,
Si bien que
je m’enferme souvent à la cantine du Patio, qui est, d’après Tony, ‘’ l'enfer,
le pire endroit du monde". Je suis d’accord, et je tue le temps en
traduisant un livre, sinon simplement je sombre dans la dépression.
Aujourd’hui je voulais déjeuner dehors. Mais la plupart des bancs étaient déjà pris par des gens qui s’amusaient et riaient alors qu’il n’y avait rien d’intéressant. Ils souffraient d’hallucination malgré leur âge ; c’est triste. Je me suis donc assis sur un banc juste devant la porte, et j'ai commencé à déjeuner en respirant le vent frais. Au bout d’un moment, un garçon du groupe qui était à côté de moi a allumé une cigarette. Mon sandwich, qui est toujours trop gros pour un Japonais, avait un goût de fumée blanche. J’ai toussoté à plusieurs reprises, et je suis retourné au ‘’ pire endroit du monde, autrement dit l’enfer’’.
Aujourd’hui je voulais déjeuner dehors. Mais la plupart des bancs étaient déjà pris par des gens qui s’amusaient et riaient alors qu’il n’y avait rien d’intéressant. Ils souffraient d’hallucination malgré leur âge ; c’est triste. Je me suis donc assis sur un banc juste devant la porte, et j'ai commencé à déjeuner en respirant le vent frais. Au bout d’un moment, un garçon du groupe qui était à côté de moi a allumé une cigarette. Mon sandwich, qui est toujours trop gros pour un Japonais, avait un goût de fumée blanche. J’ai toussoté à plusieurs reprises, et je suis retourné au ‘’ pire endroit du monde, autrement dit l’enfer’’.
À la fac, je
n’avais même pas le droit de manger dehors sous le beau ciel. J’étais triste. Dans
ma dépression profonde comme le fond de la mer, j’ai trouvé une feuille que
quelqu’un avait laissée sur une table. Je l’ai prise. Je ne l’ai pas lue
attentivement, mais il m'a semblé que c’était à propos de la liberté de
l’avortement, ou quelque chose comme ça. L’avortement ne m’intéressait pas. Je
n’ai jamais touché une femme. Pour moi, la défense de l’avortement, c’est comme
la météo de la planète Mars. Aujourd’hui, une grande tempête de sable dévastera
la Terre, il faudra se cacher sous terre jusqu’à ce qu’elle se dissipe…
Le revers de
cette feuille était tout blanc. Inconsciemment, je me suis mis à écrire en
japonais ‘’Shinitai (Je veux mourir)’’ jusqu’à ce que cette phrase remplisse la
page. Pendant que j’écrivais cela, d'un trait comme un soutra, mon cœur s’est
un peu apaisé. Aussitôt que j’ai terminé ce travail, j’ai remis l'imprimé à sa
place d’origine.
Quelques
minutes plus tard, deux hommes d’âge mûr, qui ne sont peut-être pas étudiants
sont venus et se sont assis devant moi. L’un était blanc, l’autre était noir. Ils
bavardaient gaiement au début, mais une fois leur conversation épuisée, l’un
d’eux a trouvé l'imprimé pour la liberté de l’avortement. Après avoir échangé
quelques commentaires sur l’avortement, l'un d'entre eux a retourné la feuille
et il a trouvé les nombreuses phrases que j’avais écrites ; ‘’Shinitai’’.
Après avoir
fait la grimace, il a levé la tête et m’a regardé. Il a demandé à voix basse si
c’était moi qui les avais écrites. J’ai essayé de faire semblant de ne pas avoir
entendu, mais j’ai dû y renoncer parce que j'avais pouffé.
«
‘’Shinitai’’, ça veut dire ‘’Bonjour’’ en japonais », lui ai-je expliqué.
J’ai fait
une grimace pour faire semblant de me concentrer sur ma traduction.
La tête
baissée, j’ai entendu les deux hommes dire ‘’Shinitai, shinitai’’.
Sans jamais lever le regard, je leur ai répondu ; Shinitai.
Sans jamais lever le regard, je leur ai répondu ; Shinitai.
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