samedi 3 février 2018

De te fabula ! : Des anecdotes au sujet de NATSUME Sôseki

  


 J’ai déjà écrit que je m’étais rendu à la bibliothèque de japonais pour emprunter un livre de Yukio Mishima. À cette occasion, j’avais emprunté aussi « Sanshirô » de Sôseki sans raison particulière. Vu que j’ai déjà beaucoup de livres à lire pour des cours, je pensais à abandonner la lecture s’il ne me plaisait pas. Toutefois ce livre a conquis mon cœur dès la première ligne.
« Quand il sortit de sa torpeur et ouvrit les yeux, il s'aperçut que la passagère avait engagé la conversation avec le vieil homme assis à côté d'elle (...) »
 Toute la semaine, je le lisais dès que j’avais le temps et je l'ai fini plus tôt que le livre de Yukio Mishima.
 Comme il avait fait des études en Angleterre, ce qui était rare à son époque, je pense que c’était l’un des écrivains japonais les plus occidentalisés de cette génération. J’ai remarqué qu’il y avait de nombreuses références à des auteurs européens. Certains sont encore connus, d’autres moins ou oubliés.

 J’ai dit à Pauline que « Sanshirô » de Sôseki était un livre saisissant. « Bien sûr ! » m’a-t-elle dit. Comme c’est une grande admiratrice de Sôseki, elle l’avait déjà lu. Ensuite, elle m’a parlé de « Je suis un chat ». J’aime les chats, j’aime Sôseki, mais je n’ai jamais eu l’occasion de lire « Je suis un chat ». À vrai dire, ce roman était à côté de « Sanshirô » à la bibliothèque. Je me suis demandé lequel je prenais et finalement, j’ai choisi le dernier, qui était plus fin.

« ‘’Je suis un chat’’ nous livre un secret : comment parler des livres qu’on n’a pas lus », m’a dit Pauline.
 Cette phrase a aussitôt capté mon attention. Je lui ai demandé de me dévoiler ce secret. Je voulais absolument savoir comme parler des livres qu’on n’a pas lus. Mais elle a dit seulement : « Lis ‘’Je suis un chat’’ ». J’ai déjà beaucoup de livres à lire pour les cours, ai-je protesté. « Et bien tant pis, tu ne sauras jamais quel est le secret :p ». Mais je n’ai pas renoncé. Je lui ai demandé voire je l’ai presque suppliée de me dévoiler ce secret en lui disant que, quand on est en lettres, cette astuce doit être forcément utile. « Mais non, mais non, en tant qu’étudiant en lettres, tu dois tout lire ». J’avais oublié que c’est une jeune prof de français.


 Il y a beaucoup d’anecdotes intéressantes sur cet écrivain. Il semble qu’il a été quelqu’un qui avait le sens de l’humour. Les Natsume avaient un chat. Mais celui n’avait pas de nom comme dans la première phrase de «Je suis un chat » (''Je suis un chat. Je n'ai pas encore de nom). Le grand écrivain l’appelait « Chat, chat ». Lorsque ce chat sans nom est mort, Sôseki a écrit à ses amis le faire-part de décès suivant :
« Mes chers amis, j’ai le regret de vous annoncer le décès de mon chat suite à une maladie incurable. Il a trépassé à mon insu sur le four de la resserre. J'ai demandé un pousse-pousse, et il a été mis dans une boîte et enterré dans le jardin derrière ma maison. Étant donné que moi, son maître, suis occupé à écrire ‘’Sanshirô’’, vous êtes priés de ne pas assister à ses funérailles.
Le 14 septembre, 1908 »
 Il avait aussi un drôle de tic. Quand il était en panne d'inspiration en écrivant un roman, il s’arrachait des poils du nez et les plantait dans son manuscrit ! L’écrivain et l’admirateur de Sôseki, Hyakken Uchida témoigne : 
« Parmi les objets laissés par le professeur Sôseki que je possède, il y a des poils de son nez. Maintenant j’ai ouvert la boîte pour écrire ce manuscrit, il y en avait juste dix au total dont deux étaient blonds ».
 Je ne sais pas si on peut dire ''malheureusement'', mais en tout cas, ses poils ont été perdus lors de la deuxième guerre mondiale.

 Contrairement à l’impression que donnent ses œuvres, Sôseki semblait avoir le sang chaud. On raconte l'anecdote suivante :
« Un jour, il s'est rendu au bain public avec Akutagawa. Pendant qu’ils se lavaient, un homme à côté de Sôseki s’est brutalement aspergé d’eau chaude. On dit que de l’eau éclaboussé le visage de Sôseki. Il a crié aussitôt ''Espèce de connard !''.Quand Akutagawa a tourné la tête vers lui, il a vu que Sôseki s'en prenait à un homme robuste et musclé. Cette fois-là l’incident a tourné court car l’homme s’est excusé immédiatement. Akutagawa raconte qu’il était toujours tendu dans ces moments-là.»
 Alors Natsume, dans sa célèbre introduction de « Botchan » (‘’J’ai eu beaucoup d’ennuis à cause de mon caractère casse-cou hérité de mes parents’’) parle-t-il peut-être de lui-même ?

 Malheureusement, il y a aussi des anecdotes infâmes. Il semble qu’il molestait quotidiennement sa famille. Un de ses fils, Shinroku Natsume écrit dans « Mon père, Sôseki Natsume » : 
« Mon père foulait aux pieds avec des socques n’importe quelle partie de mon corps, de mes jambes à ma tête. En faisant de grands gestes avec sa canne, il m'en frappait».
Sa petite-fille écrit dans son essai : 
« Fudeko (sa fille aînée) était elle aussi souvent malmenée. Elle dit aussi qu’elle voyait souvent Kyôko (son épouse), les yeux rouges de larmes, les cheveux ébouriffés, sortir en courant du bureau de Sôseki. Peut-être l'avait-il saisie par les cheveux et traînée d'un endroit à l'autre de la pièce. Dans le monde, Kyôko est considérée comme une mauvaise épouse, elle est même comparée à celle de Socrate. En réalité, selon ma mère, personne d’autre que Kyôko n’aurait pu vivre avec lui. Elle dit qu’elle voudrait même la féliciter. »
Kyôko semblait être quelqu’un qui avait de la volonté. Lorsque des amis lui ont conseillé de divorcer, elle a refusé catégoriquement en disant : « Si mon mari me détestait et si c'était la raison pour laquelle il me bat, je divorcerais volontiers, mais il se comporte violemment parce qu’il est malade. Si c’est une maladie, nous avons l’espoir qu’il guérisse. Je n’ai donc pas l’intention de le quitter. »

 Pour conclure, le cerveau de Sôseki Natsume est, encore aujourd'hui, conservé à la faculté de médecine de l’Université de Tokyo. D'après ce qu'on dit, son poids est de 1 425 grammes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire