J’ai regardé la série intitulée «
L’épouse de NATSUME Sôseki ». Elle ne comporte que quatre épisodes. J’aimerais
bien que les séries américaines soient aussi plus courtes.
Ce que j’ai pensé après l’avoir
regardée, c’est qu’être Sôseki, c’était dur, mais être l'épouse de Sôseki,
c’était tout aussi dur.
Deux ans de séjour en Angleterre a
permis à Sôseki d’approfondir ses connaissances sur l’anglais et l’Occident,
toutefois la vie à Londres a complètement usé ses nerfs. À cette époque-là, les
prix en Angleterre étaient vingt fois plus élevés qu’au Japon. La bourse que
lui avait octroyée le gouvernement japonais étaient loin d’être suffisante pour
qu'il mène une vie correcte. Tracassé par la pauvreté et le racisme, il se
sentait misérable et restait de plus en plus souvent enfermé dans sa chambre. Lorsque
le gouvernement japonais lui a demandé les résultats de ses recherches, il leur
a envoyé une feuille blanche. Dans une lettre à son meilleur ami MASAOKA Shiki,
il écrit : « Je suis foutu. Je pleure tous les jours maintenant ».
Lorsqu’il est revenu au Japon en
1901, son épouse Kyôko a eu l’impression que c’était une autre personne. Lui
qui avait été quelqu’un de calme avant, s’en prenait à ses proches pour un rien
et se fâchait facilement. Il se comportait violemment et souffrait d’un délire
de persécution. Un psychiatre lui a diagnostiqué une grave névrose. Le délire
de Sôseki, qui a duré quelques mois, était si grave que Kyôko a été obligée de
se réfugier un certain temps chez ses parents avec ses enfants.
À un moment donné, un chat noir s’est
introduit dans la maison des Natsume. Kyôko qui n’aimait pas les chats l’a
expulsé, mais il revenait sans cesse même si elle le mettait dehors. Un jour,
Sôseki s’est finalement rendu compte de la présence du chat. Il a dit :
« Qu’est-ce que c’est que ce chat ?
- Je ne sais pas. Il revient sans
cesse même si je le chasse. Je pense à demander à quelqu’un de l'emmener au
loin.
- S’il veut rester, pourquoi tu ne le
laisses pas ? »
Kyôko était mécontente, mais ainsi ce
chat a eu le droit de vivre dans la maison.
Un jour, la servante qui travaillait
chez les Natsume a dit en caressant ce chat :
« Madame, c’est un chat du bonheur.
- Chat du bonheur ?
- Regardez ses griffes. Elles sont
noires jusqu’à la pointe. On appelle un tel chat ‘’chat du bonheur’’. Je vous
jure que ce chat apportera la prospérité à la maison. C’est vraiment rare. »
Kyôko a aussitôt changé d'attitude envers le
chat et lui a accordé un statut différent.
Peu après, Sôseki a commencé à écrire
son premier roman « Je suis un chat ». Le modèle était évidemment ce chat noir.
Dès que ce roman a été publié, il est devenu un best-seller. La situation
financière des Natsume s’est stabilisée. Sôseki a été reconnu en tant
qu’écrivain et il a pu quitter son travail de professeur qui ne lui plaisait
pas. Kyôko a remarqué que l’état mental de Sôseki s'était amélioré depuis que
ce chat s’était installé chez eux. Était-ce alors réellement ‘’un chat du
bonheur’’ ?
Après la mort du chat, Sôseki et
Kyôko ont élevé un tombeau derrière la maison. Comme il n’avait pas de nom,
Sôseki y a seulement écrit ‘’Le tombeau du chat’’ et il a dédié un haïku
("Qu'il y ait une nuit où jaillissent des éclairs en-dessous").
Kyôko, bien qu'elle n'aimait pas les chats, éprouvait sans doute de la
reconnaissance. Elle n'a jamais oublié de déposer sur la tombe un filet de
saumon et de la bonite séchée chaque mois au jour de sa mort. Sôseki a écrit
plus tard un court essai intitulé « Le tombeau du chat ».
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