dimanche 4 février 2018

NATSUME Sôseki et un chat



 J’ai regardé la série intitulée « L’épouse de NATSUME Sôseki ». Elle ne comporte que quatre épisodes. J’aimerais bien que les séries américaines soient aussi plus courtes.
 Ce que j’ai pensé après l’avoir regardée, c’est qu’être Sôseki, c’était dur, mais être l'épouse de Sôseki, c’était tout aussi dur.

 Deux ans de séjour en Angleterre a permis à Sôseki d’approfondir ses connaissances sur l’anglais et l’Occident, toutefois la vie à Londres a complètement usé ses nerfs. À cette époque-là, les prix en Angleterre étaient vingt fois plus élevés qu’au Japon. La bourse que lui avait octroyée le gouvernement japonais étaient loin d’être suffisante pour qu'il mène une vie correcte. Tracassé par la pauvreté et le racisme, il se sentait misérable et restait de plus en plus souvent enfermé dans sa chambre. Lorsque le gouvernement japonais lui a demandé les résultats de ses recherches, il leur a envoyé une feuille blanche. Dans une lettre à son meilleur ami MASAOKA Shiki, il écrit : « Je suis foutu. Je pleure tous les jours maintenant ».

 Lorsqu’il est revenu au Japon en 1901, son épouse Kyôko a eu l’impression que c’était une autre personne. Lui qui avait été quelqu’un de calme avant, s’en prenait à ses proches pour un rien et se fâchait facilement. Il se comportait violemment et souffrait d’un délire de persécution. Un psychiatre lui a diagnostiqué une grave névrose. Le délire de Sôseki, qui a duré quelques mois, était si grave que Kyôko a été obligée de se réfugier un certain temps chez ses parents avec ses enfants.
 À un moment donné, un chat noir s’est introduit dans la maison des Natsume. Kyôko qui n’aimait pas les chats l’a expulsé, mais il revenait sans cesse même si elle le mettait dehors. Un jour, Sôseki s’est finalement rendu compte de la présence du chat. Il a dit :

« Qu’est-ce que c’est que ce chat ?
- Je ne sais pas. Il revient sans cesse même si je le chasse. Je pense à demander à quelqu’un de l'emmener au loin.
- S’il veut rester, pourquoi tu ne le laisses pas ? »

 Kyôko était mécontente, mais ainsi ce chat a eu le droit de vivre dans la maison.

 Un jour, la servante qui travaillait chez les Natsume a dit en caressant ce chat :
« Madame, c’est un chat du bonheur.
- Chat du bonheur ?
- Regardez ses griffes. Elles sont noires jusqu’à la pointe. On appelle un tel chat ‘’chat du bonheur’’. Je vous jure que ce chat apportera la prospérité à la maison. C’est vraiment rare. »
 Kyôko a aussitôt changé d'attitude envers le chat et lui a accordé un statut différent.

 Peu après, Sôseki a commencé à écrire son premier roman « Je suis un chat ». Le modèle était évidemment ce chat noir. Dès que ce roman a été publié, il est devenu un best-seller. La situation financière des Natsume s’est stabilisée. Sôseki a été reconnu en tant qu’écrivain et il a pu quitter son travail de professeur qui ne lui plaisait pas. Kyôko a remarqué que l’état mental de Sôseki s'était amélioré depuis que ce chat s’était installé chez eux. Était-ce alors réellement ‘’un chat du bonheur’’ ?

 Après la mort du chat, Sôseki et Kyôko ont élevé un tombeau derrière la maison. Comme il n’avait pas de nom, Sôseki y a seulement écrit ‘’Le tombeau du chat’’ et il a dédié un haïku ("Qu'il y ait une nuit où jaillissent des éclairs en-dessous"). Kyôko, bien qu'elle n'aimait pas les chats, éprouvait sans doute de la reconnaissance. Elle n'a jamais oublié de déposer sur la tombe un filet de saumon et de la bonite séchée chaque mois au jour de sa mort. Sôseki a écrit plus tard un court essai intitulé « Le tombeau du chat ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire