samedi 10 février 2018

Peter Cat, 1974


 J’ai trouvé le blog intéressant d’un homme qui connaissait bien Haruki Murakami lorsqu'il était le patron d'un bar de jazz à Kokubunji dans les années 1970. Cet homme dit que lui-même était alors étudiant et qu’il y travaillait. À cette époque-là, Haruki Murakami n’était évidemment pas écrivain. C’était un jeune homme marié très tôt, endetté et passionné de jazz.  Qui aurait cru qu'il deviendrait un écrivain mondialement connu ?
 J'aimerais traduire et vous présenter quelques passages intéressants.

« C’est au printemps de l’année 1974 que j’ai vu pour la première fois Monsieur et Madame Murakami. Devant la sortie sud de la gare de Kokubunji, ils distribuaient des boîtes d’allumettes de Peter Cat, le bar qu’ils venaient d’ouvrir. Sur la boîte, il y avait le chat du Cheshire d‘Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll et le logo de Peter Cat sur fond blanc. La police d’écriture était courier. Au dos, en gothique, ‘’JAZZ 50s’’, le mot ‘’KOKUBUNJI’’ et le numéro de téléphone sur le côté. » 
« Peu après avoir reçu une boîte d’allumettes, j’ai commencé à fréquenter Peter Cat avec mes amis. Au début, il n’y avait pas beaucoup de clients ; le bar était particulièrement désert pendant la journée. Nous nous installions souvent au comptoir. De temps en temps, il arrivait que nous parlions avec Haruki et Yôko. Je me souviens leur avoir demandé pourquoi ils avaient ouvert le bar et m'être renseigné sur les disques qu'ils possédaient. Ils nous ont demandé d’amener beaucoup d’amis et nous ont donné de nombreuses boîtes d’allumettes. Nous les avons distribuées à l’université. Je pense que Haruki écrivait lui-même quelque part, c’était le moment le plus difficile financièrement. 
 Notre aide n’était sans doute pas inutile. Vers l’été, le nombre de clients a augmenté petit à petit. Moi aussi, je fréquentais son bar plusieurs jours par semaine avec mes amis. Quand le jeune marié était occupé, mes amis et moi changions parfois le disque à sa place. Si je me souviens bien, c'était K, le plus sociable de nous tous, qui s'en chargeait le plus souvent. Un jour, au début des vacances d’été, nous étions là tous les trois par hasard et Haruki nous a dit : ''Ça vous dirait un job dans mon bar ? ''. Comme nous avions déjà un job pour lequel nous devions construire un appartement modèle pendant les vacances, nous ne pouvions pas commencer tout de suite, mais comme de nombreux clients étaient des étudiants, Haruki avait moins de travail pendant l’été. Finalement, nous nous sommes mis d’accord pour commencer en septembre. 
(…)
 Avant de commencer à travailler, Monsieur et Madame Murakami nous ont donné quelques leçons. D’abord, Haruki a dit : ''Je n’aime pas qu’on m’appelle patron’’. Il n’aimait pas ça. J’ai cru comprendre parce que ‘’patron’’ n’est pas un nom propre. Ainsi, nous avons commencé à les appeler par leurs prénoms ‘’Haruki’’, ‘’Yôko’’. Ils nous appelaient souvent par nos noms de famille, mais en fait, nous avions tous des surnoms d’animaux. Malheureusement, je ne me souviens pas du tout quels surnoms nous avions sauf la pianiste que Haruki avait surnommée ‘’Usako (petit lapin)’’ car il croyait que le costume de Bunny girl lui allait parfaitement bien. Je me le rappelle bien parce qu'elle était la plus jeune des serveuses et que tout le monde l’appelait ainsi. »

 Personnellement, le fait que Haruki attribuait des surnoms d’animaux à ses employés me fait penser à son univers romanesque parce qu’il y a souvent des animaux dans ses livres. Le compagnon du héros de « Écoute le chant du vent » est appelé ‘’rat’’ et on ne connait jamais son vrai nom. Un personnage bizarre ‘’homme-mouton’’ apparaît dans « La course au mouton sauvage », et « La chronique de l’oiseau à ressort » a trait à un oiseau, comme l'indique le titre. Dans « Kafka sur le rivage », il y a un homme handicapé mental qui a la capacité de parler avec les chats. Il y a aussi une nouvelle intitulée « L’éléphant s’évapore ». On peut citer à l’infini des exemples semblables.

 J’ai aussi vécu à Kokubunji pendant une certaine période. J’aimerais écrire sur ça un jour.

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