J’ai reçu un mail de
l’administration de l’université la semaine dernière. Il me demandait communiquer
le plus tôt possible les cours optionnels que j’avais choisis. Il était écrit :
« Il se trouve que vous n’avez pas rendu le contrat pédagogique en fin
d’octobre… » J’ai poussé un soupir. J’avais évidemment rendu mon contrat
pédagogique. Je me souviens avoir remis ma fiche à une jeune femme, avec quatre
enveloppes timbrées. J’ai immédiatement répondu à ce mail, en ajoutant «
Pourtant je me rappelle bien que j’ai rendu mon contrat pédagogique ».
Je
suis allé à l’université plus tôt que d’habitude pour vérifier ce qui se
passait. Je suis allé au secrétariat de la faculté de lettres. J’ai frappé plusieurs
fois à la porte, mais personne ne m’a répondu. Je l’ai doucement ouverte. Une étudiante
était en train de parler avec une secrétaire, qui, elle aussi était une jeune
femme à lunettes. Elles ont interrompu leur conversation un instant et m’ont
regardé. J’ai aussitôt fermé la porte. Quelques minutes plus tard, la fille est
sortie. Je suis entré dans le bureau. J’ai dit bonjour à la jeune femme à
lunettes et j’ai expliqué ma situation. Elle écoutait mon histoire en fronçant
les sourcils comme si elle entendait une langue inconnue. Inquiet, je lui ai
demandé si elle comprenait ce que je disais. Elle a acquiescé. Et finalement,
je lui ai demandé de me montrer la feuille d’émargement de la remise du contrat
pédagogique. À ce moment-là, une femme ronde, d’un certain âge est sortie de la
pièce qui se trouvait au fond. Elle m’a dit : « Vous êtes Monsieur Tazuwa ? ».
« Tatsuya », ai-je corrigé. Sans y prêter attention, elle m’a dit qu’il y avait
bel et bien ma signature sur la feuille d’émargement mais que seul mon contrat
pédagogique avait disparu. La jeune femme a ouvert un grand tiroir qui se
trouvait derrière elle et à l’intérieur duquel étaient classés de nombreux
dossiers.
«
Cela veut dire que l’administration a perdu mon contrat pédagogique ? ai-je
dit.
-
Oui ! », a dit la femme ronde avec conviction, l'air joyeux.
Si ça avait été un film de Takeshi Kitano, elle serait morte en une seconde.
J’ai pensé si je lui demandais pourquoi elle avait écrit « Il se trouve que vous n’avez pas rendu votre contrat pédagogique… », mais je me suis tu. Ce n’était qu’un contrat pédagogique de l’université. Ce n’était pas un chèque d'un million d'euros. Elle m’a demandé de remplir de nouveau un contrat pédagogique avec une photo d’identité.
En
sortant du bureau, j’ai imaginé ce qui était arrivé à mon contrat pédagogique.
Qui l’avait perdu ? La jeune femme qui l’avait reçu était-elle tombée amoureuse
de ma belle écriture, l'avait-elle ramené chez elle, l’avait-elle encadré et
accroché au mur du salon ? Ce qui me semble probable, c’est qu’il s’est glissé
dans le dossier de quelqu’un d’autre ou qu'il a été rangé dans un autre
endroit. Peut-être le retrouvera-t-on dans dix ou vingt ans. Et celui qui le
découvrira se demandera qui était cet étudiant qui le contemple d’un regard
maussade sur la petite photo d’identité, qui s'était inscrit à l'université dix
ou vingt ans auparavant.
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