lundi 19 février 2018

''Le 29 novembre, Monsieur et Madame Natsume sont stupéfaits de la mort soudaine de leur petite fille''

 Aujourd’hui, à la même date il y a cent cinq ans, le 29 novembre en 1911 (44 de l’ère Meiji), il faisait beau à Tokyo. C’était le jour de la leçon de chant de nô. Le maître de Sôseki, Arata HÔSHÖ était venu chez lui (Minami-machi, Waseda, Tokyo) et Sôseki apprit la suite du chant « Morihisa ».

 Dans la soirée, un de ses disciples Kôkyô NAKAMURA vint chez lui. Kôkyô avait démissionné le journal d’Asahi depuis peu. Il était venu demander des conseils à Sôseki.

 Pendant que les deux hommes discutaient dans le bureau, des enfants vinrent et dirent « Venez avec nous, s’il vous plaît ».

« Hinako est sans doute prise de convulsions »
 En pensant cela, Sôseki se leva et se dirigea vers le salon. La cadette Hinako et le second fils Shinroku étaient de temps en temps pris de convulsions. Même s’ils s’évanouissaient, ils reprenaient conscience si on leur jetait de l’eau sur le visage. Tous les membres de la famille y étaient tous habitués. Sôseki pensait que ce n’était pas grave.

 Cependant, quelque chose était différent ce jour-là.

 Dans le salon, le dîner que Hinako n’avait pas fini était laissé tel quel. Elle était tombée dans la pièce voisine à six tatamis. Sa mère Kyôko la tint dans ses bras et mit sur son visage une serviette mouillée pour le rafraîchir. Sôseki regarda son visage ; ses lèvres étaient toutes pâles.
« Ce n’est pas normal », pensa Sôseki, l’air tendu.

 La servante appela le médecin qui vivait juste avant chez les Natsume. Il fit une piqûre à Hinako, mais la situation ne s’améliora pas. La bouche ouverte, les yeux mi-clos, la fillette semblait dormir, mais en réalité, elle avait cessé de respirer.

 En peu de temps, le médecin traitant de la famille Tetsusaburô TOYOTA arriva. La respiration artificielle, une piqûre, un bain à l’huile de moutarde, il essaya tout ce qu’il put, mais la fillette ne respira jamais.
  « C’est étrange », murmura le médecin plusieurs fois. Il semblait qu’il n’arrivait pas à déterminer la cause de la mort.

 Sôseki et Kyôko restaient sidérés, sans pouvoir accepter la réalité. A peine plus tôt, la fillette se faisait porter sur le dos de sa grande sœurs Fudeko (la fille aînée de Sôseki), et jouait joyeusement près du tombeau du chat. Pendant qu’elle utilisait maladroitement des baguettes en tenant son bol de l’autre main, elle poussa tout à coup un petit cri, tomba et elle est morte sur place.

 Malgré la tristesse affligeante, Sôseki déplaça le corps de Hinako dans la pièce voisine. Il la coucha, la tête en direction du nord, et il mit à son chevet un ballon qu'elle aimait beaucoup. Elle n’avait qu’un an et huit mois.

 La poitrine de Monsieur et Madame Natsume se remplit d’une tristesse qui devint de plus en plus réelle.

Le mot de Sôseki du jour :

« Mystérieuse est la mort de Hinako » (‘’Bribes’’)

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