Le 5 avril 1962, l’orchestre
philharmonique de New York allait jouer le premier concerto pour piano de
Brahms au Carnegie Hall. Le chef d’orchestre était Léonard Bernstein. Le
pianiste était Glenn Gould. Ce n’était pas la première fois qu’ils travaillaient
ensemble. Toutefois, ce jour-là, une grande divergence d’opinion est née entre
eux et Bernstein a été obligé d’adresser au public le fameux discours peu avant
l’interprétation : « Dans un concerto, qui est le boss ? Le soliste ou le chef
? ». Le chef d’orchestre a expliqué à l’audience qu’il trouvait le tempo
suggéré par Monsieur Gould hors sujet par rapport aux indications de Brahms et
qu’il n’était pas entièrement d’accord, en ajoutant qu’on pourrait pourtant
apprendre quelque chose de cet artiste penseur doté d’un talent
extraordinaire. Contrairement à Gould qui était introverti, Bernstein était quelqu’un d’affable. Il ne veut pas gâcher la soirée que ces
spectateurs attendent avec impatience. Sa façon de parler est douce et même
humoristique. On peut même entendre le public rire de sa plaisanterie. Mais
cela n’empêche pas de deviner la profondeur de son mécontentement. En réalité,
ce soir a été la dernière fois où ces deux artistes ont travaillé ensemble.
Je
ne suis pas spécialiste de musique. Je n'arrive même pas à lire un morceau très simple, si bien que je ne peux exprimer que de vagues impressions. D’abord,
la qualité du son n’est pas excellente, et de plus, comme il s’agit d’un
concert enregistré dans les années 60, on entend beaucoup de toussotements qui
semblent parfois dérangeants. Le tempo est lent. Très lent. Le premier
mouvement est tellement lent que l'on a l’impression que l'enregistrement
tourne au ralenti. Je ne sais pas si c’est bien ou pas, mais j’ai l’impression
que le changement du tempo qui est inhabituel (mais Gould le fait très souvent,
il joue intentionnellement très rapidement ou très lentement) permet de clarifier tous les sons venant de l'orchestre et que l’on comprend mieux la structure du concerto. Je sens aussi un petit décalage entre le piano et
l’orchestre. Mais je ne dis pas qu’il s’agit d’une interprétation si excentrique. On comprend la satisfaction du public de l'époque en entendant les torrents d'applaudissements à la fin de l'interprétation.
L’œuvre
la plus connue de Gould est sans doute « La variation de Goldberg » de Bach,
mais personnellement je préfère la sixième symphonie de Beethoven transcrite
pour le piano par Franz Listzt. Je la connais depuis longtemps mais je ne m’en
lasse jamais. Cela s’entend que Gould joue à son aise. Il appuie sur les bonnes
touches au bon moment, tout me semble parfaitement harmonieux dans cette
interprétation. Je l’écoute notamment quand je suis angoissé et triste.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire