Des étudiants ont bloqué
l'entrée du Patio avec des barricades, et mon examen de littérature française
du dix-septième siècle a eu lieu à l’Atrium.
Comme je ne m’intéresse pas beaucoup à la
politique, je ne comprends pas trop le motif de cette manifestation. C’est
peut-être contre la réforme universitaire qu’a proposé le Président. En
regardant des étudiants assis devant les barricades, il me semblait sentir
pourquoi et comment la Révolution française a eu lieu. Et je me suis dit que
pour ‘’faire’’ la démocratie, il faudrait avoir une certaine résolution.
Certains Japonais font aussi des
manifestations, particulièrement contre la modification du neuvième article de
la Constitution que souhaite le premier ministre ou contre la remise en activité
des centrales nucléaires. Ils sont peut-être sérieux. Ils veulent vraiment
garder le neuvième article de la Constitution ; ils ne veulent aucune centrale
nucléaire au Japon. Je partage ce sentiment. Mais je ne peux m’empêcher de
penser qu’ils semblent manquer de ce que l'on pourrait appeler l'esprit
révolutionnaire des manifestants français. C'est, me semble-t-il, la différence
entre le pays qui a ‘’gagné’’ la démocratie, et celui qui l’a ‘’reçue’’ de
l’Occident. Parfois je me demande si le Japon est un pays vraiment
démocratique, avec le parti conservateur qui règne sur la nation depuis la fin
de la Seconde guerre mondiale, à quelques exceptions près.
On
pourrait dire la même chose pour le féminisme au Japon. Pour les Françaises, le
féminisme est le fruit de leur bataille. Pour les Japonaises, c’est quelque
chose qu’elles ont reçu de l’Occident, un cadeau tombé du ciel. Par exemple, au
Japon, il y a des wagons dans les trains réservés uniquement aux femmes parce
qu’elles sont souvent victimes de satyres. Évidemment, c’est la faute de ces satyres. Cependant, comme je ne suis pas très intelligent, je ne comprends pas
pourquoi les féministes japonaises acceptent volontiers, voire souhaitent,
cette mesure, car on peut considérer que les wagons réservés aux femmes sont la
preuve qu'elles sont socialement faibles, et doivent être protégées, ce qui
s’oppose à la notion de base du féminisme selon laquelle les femmes et les
hommes sont égaux.
J’ai
fait une longue digression. Je voulais écrire sur le partiel. Honnêtement, je
ne pensais pas pouvoir réussir cet examen, parce que la professeure est sévère,
dure comme l’institutrice Rottenmeier de « Heidi ». Après l’avoir passé, mon
avis n’a pas changé. Je ne pense pas l’avoir réussi même si j’ai rempli une
copie de deux pages. En particulier, j’ignorais la réponse aux dernières
questions. « Citez trois titres des Fables de La Fontaine ». Si on laisse du
blanc, c’est sûr que l’on n’aura pas de point. Mais si on écrit quelque chose,
il y a toujours la possibilité que l’on tombe sur la bonne réponse. J’ai donc
inventé trois titres qui font penser à cet ouvrage. « La fourmi et la
sauterelle », « La chouette avare et trois souris », « Le tigre qui avait faim
». Ils sont parfaitement vraisemblables, n’est-ce pas ?
Les
autres questions étaient la date de la publication du Malade imaginaire de
Molière et de l’Illusion comique de Corneille, quelque chose de ce genre. Je
l’ignorais complètement. De la même manière, j’ai inventé une date. C’est
dommage ; si la question avait été « Donnez la date du meurtre de John Lennon
par Mark Chapman », j’aurais pu répondre sans problème.
C’est bien le
8 décembre 1980 !
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