jeudi 19 avril 2018

La classe sous le ciel bleu




 La nuit dernière, j’ai vu dans le groupe ‘’étudiants Strasbourg’’ de Facebook le poste d’un garçon qui montrait, la photo à l’appui, que l’on avait débloqué le Patio et d’autres bâtiments. À ce moment-là, je me suis dit qu’il y aurait peut-être le partiel de linguistique diachronique (ancien français) le lendemain. Mais aujourd’hui, lorsque je me suis réveillé, d’autres publications disaient qu’ils étaient toujours bloqués. Les manifestants les avaient sans doute bloqués de nouveau.

 Au début, c’était la bataille entre les grévistes et ceux qui sont pour la réforme universitaire. Maintenant j’ai l’impression que c’est surtout la bataille entre les bloqueurs et les anti-bloqueurs. Ils se chassent les uns les autres comme Tom et Jerry. Mais qui est Tom et qui est Jerry ?

 J’ai pensé qu’il n’y aurait pas de partiel de linguistique diachronique aujourd’hui. J’ai vérifié ma boîte mail de l’université ; il n’y avait aucun courrier à ce sujet. Si je n’y allais pas et si le partiel avait lieu, je serais bel et bien perdant. De plus, le professeur nous avait dit qu’il serait devant l’entrée de l’Institut Le Bel pour annoncer si l’examen aurait lieu.

 Je me suis rendu au campus avant quinze heures. L’entrée principale de l’ILB était barricadée comme hier. Des gardiens avec un gilet bleu surveillaient les gens. Au fur et à mesure que je les observais, j’ai compris qu’ils laissaient entrer uniquement les professeurs ou les chercheurs, après avoir vérifié leurs pièces d'identités.

 Quelques minutes plus tard, mes camarades se sont rassemblés, puis notre professeur est enfin arrivé en vélo. Il a commencé à expliquer quelque chose devant tout le monde. Je ne l’entendais pas bien, mais j’ai compris par l’expression de mes camarades que le partiel était reporté. Plus le professeur parlait, plus le sourire d’une fille qui se tenait devant moi ’s’élargissait. Elle ressemblait à un écureuil qui se réjouit de l’arrivée du printemps. Quant à moi, debout à côté de lui, j’ai constaté qu’il était plus mince et plus grand quand je le regardais de près.

 Personnellement, c’était dommage que ce partiel ait été reporté parce que j’avais beaucoup révisé cette matière. Au début, je trouvais l’ancien français irritant car je n’y comprenais rien. À force de travailler, je commencé à comprendre et maintenant je trouve ça même intéressant. Si ce partiel était reporté après les vacances d’avril, j’oublierais tout.

 J’ai reçu le mail d’un autre professeur disant qu’il souhaitait faire son dernier cours sur la pelouse demain. Au Japon, peu après la Seconde guerre mondiale, comme les écoles étaient toutes détruites à Tokyo, les gens installaient des tables et des chaises dehors pour donner des cours aux enfants. Ce type d'école s’appelait ‘’Aozora-Kyôshitsu », littéralement « Classe sous le ciel bleu ». Je n’avais jamais pensé vivre l’expérience d’une ‘’classe sous le ciel bleu’’ en France. C’est un secret, mais j’attends avec impatience ce dernier cours demain. J’espère qu’il fera beau comme aujourd’hui.

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