J’ai regardé ‘’Mauvais Sang’’ de Leos
Carax pour la deuxième fois. La première fois, c’était il y a
longtemps. C’est plutôt
un film artistique qui n’est pas forcément facile à suivre. Les dialogues sont
lyriques et la photographie est originale.
L’histoire est la suivante : À Paris,
la maladie qui se transmet par l’amour sans amour, le STBO se propage. Un jour,
le père d’un jeune homme solitaire Alex (Denis Lavant) se suicide pour une
raison obscure. Les amis de son père, Marc (Michel Piccoli) et Hans (Hans
Meyer) se trouvent contraints de rembourser la dette de leur ami défunt et
proposent à Alex de voler le vaccin contre le STBO. Alex se sentait vide même
quand il était avec sa petite amie Lise (Julie Delpy). Il accepte leur
proposition et quitte sa copine. Ainsi, il rencontre la maîtresse de Marc, Anna
(Juliette Binoche).
Mais franchement, l’intrigue n’est pas
importante car beaucoup de scènes sont consacrées à des détails insignifiants.
Il semble que Leos Carax était
considéré comme le successeur de Jean-Luc Godard quand il a débuté. Il est vrai
que beaucoup de séquences me font penser à ce réalisateur. Le zoom sur des
journaux et des personnages, et la composition de couleurs vives me rappellent
‘’Pierrot le fou’’. Ce chef d’œuvre de Godard est un film dans lequel la
lumière éblouissante du soleil du sud de la France est impressionnante. Au
contraire, ‘’Mauvais Sang’’ est un film nocturne. La plupart des scènes se
passent la nuit, même pendant la journée, le ciel est couvert d’épais nuages.
Tantôt le style des dialogues de ce
film m’a plu, tantôt il m’a irrité. Parfois j’avais l’impression qu’un garçon
de 15 ans au visage plein de boutons qui se croit Rimbaud me chuchotait ses poèmes
à l’oreille. Mais il y a beaucoup de scènes charmantes dans ce film, celle où
Alex court sur un fond de ‘’Modern Love’’ de David Bowie, celle où il essuie
les larmes d’Anna, et celle où il joue avec elle comme un enfant. J’aime aussi
la scène du début où Alex fuit Lise dans le métro parisien, et la dernière où
Anna court sur la piste d’un aérodrome, et où son visage se convulse comme
celui d’une épileptique.
Il semble que le cinéaste n’essaie de
pas de cacher qu’il s’agit d’une fiction. Au contraire, il essaie de montrer
l’artificialité de son œuvre. Dans la dernière partie, Alex est blessé dans le
ventre, mais sa blessure n’est pas réaliste. Les relations entre personnages
sont aussi superficielles. Alex est amoureux d’Anna, mais Anna ne quitte jamais
Marc. Lisa poursuit Alex après qu’il l’a quittée, et lorsqu’il meurt, elle dit
sèchement : « De toute façon, il en avait fini avec moi ». Et c’est cette
superficialité qui est cruellement belle dans ce film.
Ce n’est peut-être pas les propos d’une
personne qui l’a regardé deux fois. Mais je pense que je ne l’aurais pas regardé
jusqu’à la fin si l’actrice n’était pas Juliette Binoche.
Si je parle de Juliette Binoche,
j’aimerais aussi aborder ‘’Copie conforme’’ d’Abbas Kiarostami, dans lequel
elle incarne une femme d’âge mûr qui feint de former un couple de longue date
avec un écrivain anglais bien qu'ils viennent de se rencontrer.
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