Il y a quelques semaines,
j’ai écrit un article sur Hayao Miyazaki avant la fondation du studio Ghibli et
ça m’a donné envie de regarder de nouveau « Nausicaä de la vallée du vent ». Je
l’ai regardé d’innombrables fois depuis mon enfance, car la télé diffuse très
souvent ce film au Japon (la monstruosité des œuvres de Miyazaki, c’est que
leur popularité ne baisse pas même plusieurs années après leur sortie), mais je
ne l’avais jamais regardé sérieusement.
Donc,
j’ai regardé « Nausicaä » en français la nuit dernière et j’ai découvert
plusieurs éléments que je n’avais pas remarqués quand j’étais enfant. C’est
aussi la particularité des œuvres de Miyazaki : elles sont divertissantes pour
les enfants mais aussi pour les adultes (même si le cinéaste lui-même dit qu’il
crée des films pour enfants).
Au
milieu de l’histoire, au-dessous de la fukaï (Mer de la Décomposition) dans laquelle
Nausicaä et Asbel sont tombés, Nausicaä se souvient du passé. Quand elle était
petite, elle a essayé de sauver un bébé d’Omu, mais son père et ses soldats le
lui ont enlevé. La petite Nausicaä leur a crié : « Ne le tue pas ! Ne le tue
pas ! » et elle se réveille. Dans la dernière partie de l’histoire, le royaume
de Pejite essaie de lancer les Omus vers la vallée du vent pour anéantir
l’armée de l’empire des Tolméques qui l’occupe. L’appât que le Pejite utilise
pour attirer l’attention des Omus est leur bébé blessé. Nausicaä libère cette
larve et ils se tiennent devant les Omus qui se jettent sur eux. Le petit Omu
et Nausicaä se font renverser, mais tous les deux sont finalement sauvés. Et quand
elle sauve un bébé d’Omu, le traumatisme que Nausicaä a subi dans son enfance
disparait.
Je
ne sais pas si le cinéaste en avait l’intention, mais je pense personnellement
que Nausicaä a une ressemblance avec Jésus Christ. Elle se sacrifie pour sauver
son peuple et semble perdre la vie dans son combat. Les habitants de la vallée
du vent sont chagrinés. Mais peu après elle se ressuscite et marche sur les
tentacules des Omus qui semblent former une mer dorée. Cette scène me fait
penser au miracle de Jésus marchant sur l’eau. De plus, elle ne tue pas ses
ennemis alors qu'ils ont assassiné son père Jill, le roi de la vallée du vent.
Au contraire, elle a sauvé Kushana d’un vaisseau aérien en flammes alors qu’elle
aurait pu la laisser mourir.
Au
début de l’histoire, Nausicaä porte un vêtement bleu. Plus tard, elle se fait
capturer par les gens de Pejite, et elle échange son vêtement bleu contre
l’habit rouge d’une fille qui veut l'aider à s'enfuir. Nausicaä porte
donc un vêtement rouge, mais au moment où elle essaie de libérer le bébé d’Omu,
son sang tâche son vêtement qui devient bleu. Donc, le destin veut que le
vêtement de Nausicaä soit bleu, comme la légende du Messie de la vallée du
vent.
J’ai
aussi remarqué que le Dieu-guerrier géant ressemble beaucoup à Evangelion. Le
Dieu-guerrier géant dans son œuf me rappelle exactement Adam dans le ‘’Central
Dogma’’. Vous me direz sans doute que c’est normal, puisque c’est le jeune
Hideaki Anno (le réalisateur de ‘’Neon Genesis Evangelion) qui l’a dessiné,
mais ce que je voudrais dire, c’est que le Dieu-guerrier géant est devenu une
sorte d’obsession pour lui. Par exemple, il a réalisé un film « Le
Dieu-Guerrier géant à Tokyo » en 2012 et il dit toujours qu’il veut réaliser la
suite de « Nausicaä » lui-même. Il y a des gens qui essaient d’associer «
Evangelion » à « Gundam ». Anno est sans doute influencé par « Gundam » (comme
beaucoup de gens de sa génération), mais pour moi, « Evangelion » est plutôt la
mélange du Dieu-guerrier géant et d’Ultraman (Je pense que « L’Attaque des
titans » a hérité de ce courant). Il faudrait aussi souligner que les ‘’Eva’’
ne sont pas des robots, mais des humains géants. Si Hideakki Anno, à
vingt-trois ans, n’avait pas rencontré Hayao Miyazaki, et s’il n’avait pas
dessiné le dieu-guerrier géant dans « Nausicaä », « Evangelion » n’aurait
sans doute pas été né.
J’ai
fait une longue digression. Je voudrais terminer sur une dernière remarque à
propos de la vie de Hayao Miyazaki. Son premier long métrage était « Le Château
de Caligostro », mais c’était un projet dont il avait hérité de Yasuo Otsuka.
Sa première œuvre totalement originale est « Nausicaä de la vallée du vent »,
et son dernier long métrage est « Le Vent se lève », sorti en 2013. En quelque sorte, la carrière de Miyazaki en
tant que réalisateur de longs métrages commence avec le vent et s’achève avec
le vent. Représenter le vent
est pour lui l’un des thèmes fondamentaux. D’ailleurs, le nom ‘’ghibli’’ qu’il
a donné à son studio est un mot italien qui désigne ‘’le vent chaud qui souffle
dans le Sahara’’. Ça doit être un curieux hasard, mais le titre de son dernier
long métrage ‘’Le Vent se lève’’ extrait d’un poème de Paul Valéry, semble
comprendre la notion d’un commencement, une sorte de retour au début.
Hayao
Miyazaki est en train de réaliser un court métrage dont la sortie est prévue en
2019. Un documentaire sur ce nouveau projet, « L’homme qui
n’en a pas fini », a aussi été tourné en 2016.
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