vendredi 20 avril 2018

''Nausicaä de la vallée du vent''



 Il y a quelques semaines, j’ai écrit un article sur Hayao Miyazaki avant la fondation du studio Ghibli et ça m’a donné envie de regarder de nouveau « Nausicaä de la vallée du vent ». Je l’ai regardé d’innombrables fois depuis mon enfance, car la télé diffuse très souvent ce film au Japon (la monstruosité des œuvres de Miyazaki, c’est que leur popularité ne baisse pas même plusieurs années après leur sortie), mais je ne l’avais jamais regardé sérieusement.

 Donc, j’ai regardé « Nausicaä » en français la nuit dernière et j’ai découvert plusieurs éléments que je n’avais pas remarqués quand j’étais enfant. C’est aussi la particularité des œuvres de Miyazaki : elles sont divertissantes pour les enfants mais aussi pour les adultes (même si le cinéaste lui-même dit qu’il crée des films pour enfants).

 Au milieu de l’histoire, au-dessous de la fukaï (Mer de la Décomposition) dans laquelle Nausicaä et Asbel sont tombés, Nausicaä se souvient du passé. Quand elle était petite, elle a essayé de sauver un bébé d’Omu, mais son père et ses soldats le lui ont enlevé. La petite Nausicaä leur a crié : « Ne le tue pas ! Ne le tue pas ! » et elle se réveille. Dans la dernière partie de l’histoire, le royaume de Pejite essaie de lancer les Omus vers la vallée du vent pour anéantir l’armée de l’empire des Tolméques qui l’occupe. L’appât que le Pejite utilise pour attirer l’attention des Omus est leur bébé blessé. Nausicaä libère cette larve et ils se tiennent devant les Omus qui se jettent sur eux. Le petit Omu et Nausicaä se font renverser, mais tous les deux sont finalement sauvés. Et quand elle sauve un bébé d’Omu, le traumatisme que Nausicaä a subi dans son enfance disparait.

 Je ne sais pas si le cinéaste en avait l’intention, mais je pense personnellement que Nausicaä a une ressemblance avec Jésus Christ. Elle se sacrifie pour sauver son peuple et semble perdre la vie dans son combat. Les habitants de la vallée du vent sont chagrinés. Mais peu après elle se ressuscite et marche sur les tentacules des Omus qui semblent former une mer dorée. Cette scène me fait penser au miracle de Jésus marchant sur l’eau. De plus, elle ne tue pas ses ennemis alors qu'ils ont assassiné son père Jill, le roi de la vallée du vent. Au contraire, elle a sauvé Kushana d’un vaisseau aérien en flammes alors qu’elle aurait pu la laisser mourir.

 Au début de l’histoire, Nausicaä porte un vêtement bleu. Plus tard, elle se fait capturer par les gens de Pejite, et elle échange son vêtement bleu contre l’habit rouge d’une fille qui veut l'aider à s'enfuir. Nausicaä porte donc un vêtement rouge, mais au moment où elle essaie de libérer le bébé d’Omu, son sang tâche son vêtement qui devient bleu. Donc, le destin veut que le vêtement de Nausicaä soit bleu, comme la légende du Messie de la vallée du vent.

 J’ai aussi remarqué que le Dieu-guerrier géant ressemble beaucoup à Evangelion. Le Dieu-guerrier géant dans son œuf me rappelle exactement Adam dans le ‘’Central Dogma’’. Vous me direz sans doute que c’est normal, puisque c’est le jeune Hideaki Anno (le réalisateur de ‘’Neon Genesis Evangelion) qui l’a dessiné, mais ce que je voudrais dire, c’est que le Dieu-guerrier géant est devenu une sorte d’obsession pour lui. Par exemple, il a réalisé un film « Le Dieu-Guerrier géant à Tokyo » en 2012 et il dit toujours qu’il veut réaliser la suite de « Nausicaä » lui-même. Il y a des gens qui essaient d’associer « Evangelion » à « Gundam ». Anno est sans doute influencé par « Gundam » (comme beaucoup de gens de sa génération), mais pour moi, « Evangelion » est plutôt la mélange du Dieu-guerrier géant et d’Ultraman (Je pense que « L’Attaque des titans » a hérité de ce courant). Il faudrait aussi souligner que les ‘’Eva’’ ne sont pas des robots, mais des humains géants. Si Hideakki Anno, à vingt-trois ans, n’avait pas rencontré Hayao Miyazaki, et s’il n’avait pas dessiné le dieu-guerrier géant dans « Nausicaä », « Evangelion » n’aurait sans doute pas été né.

 J’ai fait une longue digression. Je voudrais terminer sur une dernière remarque à propos de la vie de Hayao Miyazaki. Son premier long métrage était « Le Château de Caligostro », mais c’était un projet dont il avait hérité de Yasuo Otsuka. Sa première œuvre totalement originale est « Nausicaä de la vallée du vent », et son dernier long métrage est « Le Vent se lève », sorti en 2013. En quelque sorte, la carrière de Miyazaki en tant que réalisateur de longs métrages commence avec le vent et s’achève avec le vent. Représenter le vent est pour lui l’un des thèmes fondamentaux. D’ailleurs, le nom ‘’ghibli’’ qu’il a donné à son studio est un mot italien qui désigne ‘’le vent chaud qui souffle dans le Sahara’’. Ça doit être un curieux hasard, mais le titre de son dernier long métrage ‘’Le Vent se lève’’ extrait d’un poème de Paul Valéry, semble comprendre la notion d’un commencement, une sorte de retour au début.

 Hayao Miyazaki est en train de réaliser un court métrage dont la sortie est prévue en 2019. Un documentaire sur ce nouveau projet, « L’homme qui n’en a pas fini », a aussi été tourné en 2016.

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