vendredi 12 mai 2017

''Dans le plafond'' Haruki Murakami



Au nouvel an, ma femme m'a tout à coup dit qu'un nain habitait dans le plafond.

''- Dites, ne pouvez-vous pas examiner le dessus du plafond ?

À ce moment-là, j'étais en train de boire une bière de bonne humeur.
Cette question soudaine m'a rendu perplexe.

- Un nain ? Quel type de nain est-il ?, ai-je dit à ma femme d'un ton maussade, d'ailleurs comment s'appelle-t-il ?

- Il s'appelle Naomi-chan, m'a-t-elle dit.

- Est-ce un mâle ou une femelle ? lui ai-je demandé.

- Je n'ai aucune idée, m'a-t-elle dit et elle a secoué la tête. Je ne connais que son nom.''

Je lui ai finalement cédé et j'ai décidé de regarder dans le plafond avec une lampe de poche.
On pouvait y monter par l'étagère supérieure du placard.
J'ai enlevé une planche et j'ai éclairé le dessus du plafond.
Il n'y avait aucun nain.

'' - Il n'y a pas de nain ! ai-je crié à ma femme.

- Si, Naomi-chan est là.
C'est parce que tout simplement, vous ne pouvez pas la voir.
Je sais bien ça.

-Tu dois être fatiguée.
Prends quelques capsules d'hormone et dors bien.
Alors tu ne te souviendras plus de cette histoire ridicule du nain.

Mais ma femme ne l'a pas oubliée.
Elle a continué de me parler de ce Naomi-chan dans le plafond.

-Naomi chan est toujours dans le plafond, il nous observe tous les deux tout le temps.
Il connait tout ce qui nous concerne, m'a-t-elle dit.''

Cette histoire m'angoissait de plus en plus.
Une lampe de poche à la main, je suis monté dans le plafond encore une fois.
Cette fois, j'ai pu bien apercevoir la forme de Naomi-chan.
Il était d'environ douze centimètres, son visage ressemblait à ma femme, son corps était tel celui d'un chiot.
Naomi-chan était assis et il fixait son regard sur moi.
Son apparence m'a plus ou moins effrayé mais je ne pouvais pas reculer.

''Hé, toi ! Qu'est-ce que tu fais là ?
C'est dans ma maison !
Tu n'as pas le droit de vivre ici !
Va-t'en !
Disparais !
Connard !''

Naomi-chan fixait toujours son regard sur mon mais il se taisait.
Ses yeux étaient gelés comme de petits blocs de glace.

J'ai remis la planche et je suis sorti du placard.
J'avais terriblement soif.
Je voulais boire une bière.
Mais ce n'était plus ma maison.
Il n'y avait plus de télé, ni réfrigérateur, ni ma femme, ni le nouvel an.

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