mercredi 17 mai 2017

''Une publicité pour un bar de jazz qui a jadis existé à Kokubunji'' Haruki Murakami

Je n'ai pas l'intention de vous décourager, mais ce n'est pas un bar pour hommes et femmes de tous âges.
Il a un petit problème surtout en été.
En fait, le climatiseur ne fonctionne pas bien.
Il n'est pas tout à fait en panne, en bref, il peut rafraîchir les alentours de la sortie de l'air, mais le vent frais n'arrive pas jusqu'au bout.
Ou ça peut être un problème structural de la machine elle-même.
Il serait mieux que le patron en achète un neuf, mais une circonstance particulière l'empêche de le faire.

Ce bar diffuse de la musique.
Si vous n'êtes pas amateur de jazz, ce volume vous sera désagréable.
Au contraire, si vous êtes grand admirateur de jazz, ce volume vous sera insuffisant.
Soit que vous soyez le premier ou le dernier, je vous prie de ne pas critiquer le patron à ce propos.
C'est un bon exemple du fait de satisfaire tout le monde est impossible.
Il n'a pas beaucoup de disques de John Coltrane.
Cependant, il possède pas mal de disques de Stan Getz.
Il n'y a aucun disque de Keith Jarret, mais il y a tous les disques de Claude Williamson.
Je vous prie de ne pas vous plaindre au patron à ce propos.
C'est comme ça, dans ce bar.

Un concert s'organise une fois par semaine.
Des jeunes musiciens interprètent de toute leur mieux pour peu de cachets.
Le piano droit n'est pas de bonne qualité, en outre, quelques touches ne sont pas correctement accordées.
La qualité d'une interprétation dépend du jour, cependant ils jouent d'un grand volume avec plein d'énergies.
Si bien que le concert sera inadéquat pour la causerie entre les amants.

Le patron n'est pas si taciturne, mais il ne parle pas beaucoup quand même.
Ou peut-être que tout simplement, il n'arrive pas à s'exprimer.
Lorsqu'il n'a pas grand chose à faire, il lit souvent un livre au comptoir.
En réalité, quatre ans plus tard, par un curieux hasard, il recevra un prix d'un magazine littéraire, mais pour le moment, personne ne le sait.
Même le patron lui-même n'y a jamais pensé.
Il croit qu'il finira tranquillement sa vie en tant que patron d'un bar de jazz à Kokubunji, entouré de sa musique préférée.
Le monde est si imprévisible.

En tous cas, maintenant il est deux heures et demi de l'après-midi, ''The Billy Taylor Trio at the London house'' se diffuse dans ce bar.
Ce n'est pas en effet une interprétation superbe.
Mais le patron, il aime personnellement ce disque.
Je vous prie de ne pas lui reprocher, s'il vous plaît.

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