mercredi 17 mai 2017

''Un monde où les chevaux vendent les tickets'' Haruki Murakami

Le 7 Mai (Vendredi)

J'ai demandé à mon père, ''Où vont les gens après la mort ?''.
Parce que cette question m'intriguait depuis longtemps.
Mon père, après avoir réfléchi un certain temps, m'a répondu, ''Après la mort, les gens vont dans un monde où les chevaux vendent des tickets, ils achètent un ticket à un cheval puis ils montent dans le train.
Ensuite ils prennent un casse-croûte qui contient un chikuwa (une pâte de poisson) et un kobumaki (un rouleau de laminaire) et du chou haché fin.''.
J'ai réfléchi sur ce qu'il venait de me dire.
Mais je n'ai pas compris pourquoi on devait manger un chikuwa et un kobumaki et du chou haché fin après la mort.
Parce que l'an dernier, lorsque ma grand-mère est morte, nous avons mangé ensemble les sushis les plus chers.
Alors pourquoi les morts ne peuvent-ils manger qu'un chikuwa, un kobumaki et du chou.
J'ai trouvé ça injuste.
J'ai dit mon avis à mon père et il m'a dit,

''- Quand on est mort, on a tout à coup envie de manger un chikuwa, un kobumaki et du chou, c'est comme ça, la mort.

- Alors que se passe-t-il après le casse-croûte ? lui ai-je demandé.

- Le train arrive au terminus et tu dois descendre.
Puis tu achètes un autre ticket à un autre cheval et tu prends encore un autre train, m'a-t-il dit.

- Et devra-t-on encore manger un chikuwa, un kobumaki et du chou haché fin ? me suis-je écriée. ''
Parce que j'en avais vraiment marre de cette histoire de chikuwa, de kobumaki et de chou.
Je lui ai tiré la langue et ai dit,
'' Hem ! Je ne mangerai jamais ces trucs ! ''

Mon père m'a transpercée du regard.
Ce n'était plus mon père.
C'était un cheval.
Et il tenait un ticket dans sa patte.

''- Hiiiiii ! HIiiiii ! Ne sois pas capricieuse !
Tu dois m’acheter un ticket et prendre le train !
Et tu devras  manger à l’infini un chikuwa, un kobumaki et du chou haché !
HIiiii ! Hiiiiii ! ''

J'ai eu peur et j'ai crié.
Au bout d’un moment, le cheval est redevenu mon père.

''- Ne pleure pas.
"Hé bien, allons manger des hamburgers chez Macdonald ", m'a dit mon père d'une voix douce.

Enfin, j’ai cessé de pleurer.

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