vendredi 24 août 2018

Bobby Fischer



« Mozart du monde d’échecs », Bobby Fischer est né à Chicago en 1943. Sa mère Regina Fischer était une Juive américaine qui travaillait comme secrétaire pour le généticien Hermann Muller. Son père, Hans Gerhardt Fischer était un biophysicien allemand d’origine juive qui a été invité avec Hermann Muller par une université de Moscou où il avait rencontré Regina. Les jeunes mariés ont eu une fille, Joan, toutefois les vagues d’antisémitisme atteignaient le Soviet et ils se sont expatriés à Paris. Quelques années plus tard, Regina a divorcé et a décidé de rentrer aux États-Unis avec sa fille. Vivre en tant que mère célibataire à cette époque était dure. Lorsqu’elle a donné naissance à Robert (le vrai nom de Bobby), au futur grand maître d’échecs dans un hôpital de Chicago, elle vivait presque comme une SDF. Sur le registre de naissance, le nom de Hans est écrit comme père, mais il n’est jamais entré aux États-Unis de sa vie.
 Bobby était un enfant terriblement difficile et capricieux. Si les choses n’allaient pas comme il voulait, il avait chaque fois un accès de colère. Lorsque Bobby avait six ans, sa sœur a acheté à un dollar un jeu d’échecs pour calmer son petit frère qui n’était jamais tranquille. Ce fut sa première rencontre avec les échecs.
 Depuis son enfance, Bobby a refusé tout ce qui ne convenait pas à son rythme. S’il y avait quelque chose qui lui déplaisait, il hurlait, et il n’a jamais fait ce qu’il ne voulait pas. Sa seule occupation, c’était de lire des livres sur les échecs. Bobby a finalement acquis un livre de records des parties d’échecs. Il a appris par cœur tous les mouvements des pièces avec sa mémoire d’éléphant.
 Un an plus tard, Bobby a été admis en tant que membre par un célèbre club d’échecs. Il n’avait encore que sept ans.
 Les rumeurs sur l’enfant prodige se sont très vite répandues. À l’âge de quatorze ans, Bobby est devenu un grand maître international. C’était déjà l’un des meilleurs joueurs du monde. Dès cet âge, il a remporté huit victoires au tournois national des échecs américain, sans jamais connaître de défaite.
 Son style aussi était unique. Lors du match contre Donald Byrne, Fischer a sacrifié exprès sa reine et a vaincu son adversaire. Lorsqu’il s’est battu contre Robert Byrne, Fischer a remporté la victoire aux dépens du chevalier. On a commencé à l’appeler « Génie ».
 En 1972, à Reykjavik, Fischer a affronté le champion international des échecs, Boris Spassky. Durant la période de la guerre froide, l’Union soviétique accaparait le titre de champion d’échecs depuis la seconde guerre mondiale. On a considéré ce match comme une guerre par procuration entre l’Union soviétique et les États-Unis, soit le « match du siècle ».
 C’est Fischer qui a remporté la victoire. Il est finalement devenu champion du monde. Ce fut une victoire historique pour l’Europe et les États-Unis. C’était non seulement un génie des échecs, mais aussi un héros national.
 Cependant, la gloire de Bobby Fischer n’a pas duré longtemps. Trois ans plus tard, Fischer s’est disputé avec la fédération internationale des échecs et il a refusé de jouer, de sorte qu’il a perdu son titre de champion. C’est alors qu’il a commencé à refuser toutes les parties. Évitant le public, il a vécu environ vingt ans en ermite, presque comme un SDF. Pendant ce temps, il est devenu de plus en plus religieux et antisémite bien qu’il était lui-même juif. Lors de ses rares apparitions en public, il tenait des propos contentieux.
 En 1992, Fischer a reçu une lettre d’une Hongroise de dix-sept ans, lui demandant pourquoi il ne jouait plus aux échecs, ce qui lui a fait briser vingt ans de silence. À l’âge de quarante-neuf ans, Fischer a de nouveau disputé une partie avec Spassky. Ce match qui a eu en Serbie était interdit par les États-Unis qui intervenaient à l’époque dans la guerre de Bosnie-Herzégovine. Le grand maître a ignoré l’avertissement ; il a gagné le match et le prix de plus de trois millions de dollars.
 Ce comportement a déplu au gouvernement américain. Fischer a été poursuivi par le grand jury, déclaré coupable et un mandat d’arrêt a été lancé contre lui. Le héros des Américains est alors devenu l’ennemi.
 Fischer n’avait plus da patrie. Il a passé dix ans à vagabonder dans divers pays tels que la Suisse, Hong-Kong et la Corée du Sud. Finalement, il s’est installé dans deux pays, les Philippines et le Japon où il semble qu’il a eu des maîtresses. À partir de 2000, il s’est installé à Tokyo avec la présidente de l’association des échecs japonaise, championne mondiale d’échecs, Miyoko Watai.
 En 2004, Bobby Ficher a été arrêté à l’aéroport de Narita, alors qu’il essayait de partir pour les Philippines. Son passeport était déjà expiré. Il était apatride. Le gouvernement américain a proposé de se porter garant de lui, mais Fischer qui haïssait les États-Unis a refusé. Dans le monde entier, les gens ont entrepris des mouvements pour protéger le génie des échecs. Au Japon, des gens comme le grand maître de shôgi (échecs japonais), Zenji Habu, l’ancien vice-président, parlementaire et amateur d’échecs, Ichiji Ishii se sont élevées contre sa détention.
 Huit mois plus tard, le 24 mars 2005, l’Islande a décidé de lui octroyer la citoyenneté. Le gouvernement japonais et les États-Unis ont autorisé son départ. Refusant toute relation humaine en dehors de quelques amis proches, Fischer était, dit-on, considéré par les habitants locaux comme « une personne malade et pitoyable qui a besoin d’aide ». L'un des joueurs d'échecs les plus prestigieux du monde est mort le 17 janvier 2008. Il avait soixante-quatre ans.
 « J’aime les génies ou les fous », avait dit la Hongroise de dix-sept ans, pour qui Fischer semble avoir éprouvé pour la première fois un sentiment proche de l’amour, à l’âge de quarante-sept ans. La raison pour laquelle l’enfant prodige s’est laissé emporter par la folie demeure obscure.

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