mercredi 22 août 2018

''Morceaux'' Sachiko Kishimoto


 Il m’arrive d’oublier une histoire que j’ai entendue la veille, mais de temps en temps, je me souviens d’une conversation que j'ai entendue il y a plus de dix ans dans le train.
 Par exemple, il y a environ vingt ans, quelques étudiants bavardaient dans le train de la ligne O. Ils disaient que T de leur club de sport était très doué pour ‘’imiter les ovaire et l’utérus’’.
« Ça m’a étonné ».
« Il imitait vraiment bien », disaient-ils.
 Je leur ai prêté attention parce que j’étais vraiment curieuse de savoir comment on pouvait imiter les ovaires et l’utérus. Il semblait que T avait utilisé deux oreillers pendant la fête de leur club, dans un hôtel.
 Chez moi, devant le miroir, j’ai essayé de faire la même chose. Étant donné que n’avais pas de petit oreiller comme on en voit dans les hôtels, j’ai pris deux coussins, et je les ai levé au niveau de mes épaules en allongeant mes bras horizontalement pour représenter les ovaires et la trompe utérine. En même temps, j’ai baissé un peu la tête et courbé le dos en pliant légèrement les genoux pour imiter l’utérus et le canal utérin. Dans cette position, je ne pouvais pas me regarder dans le miroir, de sorte que je ne sais pas si je ressemblais vraiment aux ovaires et à l’utérus.
 À la même époque, toujours dans le train de la ligne O, d’autres étudiants parlaient d’un ami bourré. Pendant qu’ils buvaient dans un pub, l’heure du dernier train approchait. Comme un ami a dit : « Je veux vomir ». On lui a passé un carton que le patron leur avait donné et ils ont sauté dans le dernier train. Sur les côtés de ce carton, on pouvait lire « Poussins ». De jeunes filles se sont approchées d’eux en disant : « Y a des poussins dedans ? Faites voir ! ». Elles ont regardé ce qu'il y avait à l’intérieur et se sont enfuies.
 Comme j’ai entendu ces deux histoires à la même époque, dans mon esprit, le garçon de « poussin » et « T » sont la même personne. Et même aujourd’hui, environ une fois tous les trois mois, je me demande si T va bien. J’imagine aussi son visage et son corps. Dans mon esprit, T a fini ses études à l’université (il a redoublé une fois), il a trouvé un emploi dans une entreprise moyenne et aujourd’hui, il mène une vie heureuse avec sa femme et ses deux enfants.
 Ou il y a cinq ou six ans, j’ai entendu trois lycéennes dire ceci.
« Quand j’étais petite, la porte de la voiture s’est ouverte soudain et je suis tombée sur l’autoroute.
- Sérieux ?
- Du coup, j’ai toujours un creux dans la tête. Tu vois ? Ici. 
- Oh, mon Dieu !
- Tu dois aller à l’hôpital.
- Eh, vraiment ? Tu trouves ça terrible ? »
 Elles parlaient comme si de rien n’était.
 Deux collégiennes en uniforme à col marin que j’ai rencontrées quand j’étais étudiante disaient : « Alors, cette fois, c’est mon tour. - Tu fais avec quoi ? – Hum, je prends le jaune ». Elles ont fermé les yeux. Après environ une minute, elles les ont ouverts en même temps et ont dit : « Moi, c’était 4. – Vraiment ? Moi, c’était 6 ». Elles ont répété cela à plusieurs reprises.
 Je me demande encore de quoi il s’agissait. Comme elles fermaient les yeux, ce ne pouvait pas être le nombre des objets jaunes qu’elles avaient vus. Je me demande si elles communiquaient par télépathie, mais elles n’en avaient pas l’air. Je voudrais redevenir collégienne et jouer à ce jeu. Je pense à ça une fois par semaine.
 Je me demande ce que font tous ces gens aujourd’hui. T et les garçons de ‘’poussin’’, la fille qui a un creux dans sa tête et ses amies, et les filles en uniforme à col marin qui jouaient à un jeu mystérieux, j’espère qu’ils vont tous bien. Je le pense alors que j’oublie une histoire entendue la veille. Je le pense parce que j’oublie une histoire entendue la veille.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire