vendredi 10 août 2018

La résidence des punaises


 Il semble que ma résidence effectue le traitement contre les punaises dans toutes les chambres. On m’a aussi demandé de mettre mes affaires personnelles dans de grands sacs poubelle pour que l’on puisse désinfecter ma chambre. « Mais je ne pense pas qu’il y ait des punaises dans ma chambre. Je n’ai jamais été piqué », ai-je dit à la femme de la réception. « C’est surtout à titre préventif. Ce sera affreux quand il y aura réellement des insectes », m’a-t-elle dit. Dans « Unbeaten Tracks in Japan (littéralement ‘’Au Japon, hors des sentiers battus’’) », l’auteur Isabella Bird souffre des punaises qui grouillent sous les tatamis dans les villages pauvres du Japon. Donc, s’il y a réellement des punaises, ça veut dire que l’état hygiène de cette résidence est le même que celui du Japon du dix-neuvième siècle. Je pense qu'il vaudrait mieux qu’elle change de nom et devienne la « Cité universitaire des punaises ». Les insectes sont les propriétaires. Les habitants sont les parasites.
 Le gardien ventru qui me rappelle le tonnelier avare d’un roman de Balzac m’avait dit qu’une équipe de désinfection viendrait à onze heures. Je l’ai attendue longtemps, mais en fin de compte, personne n’est venu. Je suis allé à la BNU parce que les instructions voulaient que je sois absent pendant quatre heures. Comme je n'aime pas que l'on me voie lire ou écrire, j'ai passé le temps à dessiner la carte d'une ville imaginaire.
 Quatre heures plus tard, quand je suis rentré dans ma chambre, j’ai eu l’impression que personne n’y était venu. Sur la table, j’ai trouvé un morceau de papier disant que ma chambre n’avait pas été traitée parce que je n’avais pas mis ma couverture dans un sac poubelle. Je ne savais pas qu’une punaise savait écrire.

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