J’ai acheté du thé au Japon,
mais comme je n’avais pas de théière, je suis allé au salon de thé asiatique
tenu par une dame chinoise. Je ne pense pas que la patronne se souvienne de
moi, mais j’y suis déjà allé une fois, en hiver l’année dernière. Tandis que je
buvais mon thé vert, la patronne m’a demandé si j’étais japonais. Je me suis
demandé un instant si je n’étais pas namek ou saiyan, mais j’ai finalement
hoché la tête. Elle a disparu dans le fond du salon. Lorsqu’elle est revenue
quelques instants plus tard, elle avait un carré de carton ouvragé avec une
calligraphie, et m’a demandé si je pouvais lire ce qui était écrit. « ‘’Que
tout le monde soit heureux’’, ou quelque chose de ce genre », ai-je répondu.
Elle m’a remercié, puis elle est partie. À ce moment-là, j’avais vu que ce salon vendait aussi des théières asiatiques.
La
patronne était toute seule au comptoir. Il n’y avait aucun client à
l’intérieur. C’est normal. Qui voudrait boire du thé chaud quand il fait plus
de trente degrés ? Moi. Je bois du thé chaud chez moi. Mais aujourd’hui, j’étais
venu acheter une théière. J’ai demandé à la patronne s’il y avait des théières
japonaises pas chères. Après avoir réfléchi un instant, elle m’a dit d’une voix
tranquille : « Les théières japonaises sont toutes chères. Par exemple,
celles-ci coûtent cinquante euros… ». J’ai gémi. Elle a continué en montrant
les théières exposées dans la vitrine, qui avaient évidemment l’air chères et
ressemblaient à celles qu’on voit dans les musées : « Celles-là sont encore
plus chères, plus de cent euros… ». « Euh, en fait, j’ai acheté du thé au
Japon, mais je n’ai pas de théière. Si on peut faire du thé, n'importe quelle
théière me convient », me suis-je dépêché d’ajouter. Cette fois, elle a montré des théières moins
chères, mais qui étaient plus grandes que ce que j’imaginais. «Ce sont aussi
des théières ? », ai-je demandé en indiquant du doigt des céramiques en forme
de tasse, rangées sur les rayonnages. La patronne a acquiescé et en a pris une.
C’était une théière simple. Si on enlevait le couvercle, on voyait une petite
passoire d’aluminium accrochée à l’orifice. On pouvait y mettre du thé, puis de
l’eau chaud. « C’est aussi japonais. Ça coûte vingt-six euros », a-t-elle dit.
Sur le fond, un petit autocollant sur lequel il était écrit « Fabriqué au Japon
». Je me suis demandé pourquoi la phrase était écrite en français si c'était fabriqué au Japon, mais j’ai décidé de ne pas m’y attarder. Des dessins bleu foncé
représentant des fleurs étaient imprimés sur la tasse. Elle n’était pas très
grande et tenait facilement dans ma main.
Il
faisait chaud dehors. Je me suis promené longtemps et j’avais de plus en plus
soif. J’ai acheté une boule de glace à la mangue à un stand. La glace était
convenablement élastique et la saveur de mangue m’a fait oublier la chaleur
accablante. Toutefois, le cornet m'a donné de nouveau soif. Cette fois, j’avais
une irrésistible envie de bière. J’ai trouvé le menu d'un restaurant qui disait
: « une bière au comptoir : 1 euros 90 ». J’y suis entré sans hésitation. Je me
suis assis au comptoir et j’ai commandé une petite bière blonde. Devant moi, le
jeune serveur a versé le liquide doré dans un verre fin. Le dessin d’une
fillette en costume alsacien dansait sur la glace. J’ai bu ma bière à grandes
gorgées. Elle était fraîche et je l’ai sentie se répandre dans tout mon corps.
« Vous êtes pressé ? », m’a demandé le serveur. « Non, pas du tout. J’avais
simplement très soif », ai-je répondu. À la terrasse, quelques personnes se
reposaient aussi, sous le soleil de la même couleur que ma bière.
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