Je
suis allé au zoo de Maruyama vers midi. Le zoo se trouve de l’autre côté du
parc de Maruyama, non loin du sanctuaire d’Hokkaîdo. Sur le chemin, j’ai trouvé
une maison à colombage comme on en voit souvent en Alsace. Je m’en suis
approché et j’ai découvert une plaque d’or sur laquelle il était écrit : «
L’Auberge de l’Ill ». L’Ill, est-ce la rivière de Strasbourg ? Alors, est-ce
vraiment une maison alsacienne ?
J’allais
souvent à ce zoo quand j’étais écolier, mais en grandissant, j’avais de moins
en moins d’occasion d’y aller. Au guichet, j’ai d’abord été étonné par le tarif très bon
marché. Le zoo est d’abord gratuit pour les personnes âgées de plus de 65 ans,
pour les personnes handicapées et les écoliers. Le tarif pour les adultes est
seulement de 600 yens et le billet annuel coûte 1000 yens. Si on n’y va deux
fois, on peut récupérer cette somme. Je suis devenu un peu inquiet en me demandant
si le zoo faisait assez de profit pour nourrir ses animaux. Mais il semble
avoir beaucoup de succès. Il y avait beaucoup de visiteurs, surtout des
enfants.
Le
zoo avait un peu changé. Les cages des oiseaux et le pavillon des reptiles et anthropoïdes
étaient les mêmes, mais quelques bâtiments avaient été ajoutés. Le plus
impressionnant était le pavillon des animaux marins. Il y avait un tunnel qui traversait
l’immense bassin d’eau où vivaient les phoques. J’ai regardé en haut et un
phoque nageait doucement juste au-dessus ma tête.
L’un
des pavillons était nommé « Zoo pour les enfants ». Il s’agit d’un endroit où
on peut toucher les animaux. Il était écrit en gros « pour les enfants », mais
j’ai ignoré et j’y suis entré. Les adultes aussi voudraient toucher les
animaux. C’était, semblait-il, l’heure du déjeuner. Des moutons étaient en
train de manger de l’herbe avec ardeur. Ils étaient entourés par une multitude
de petits enfants qui ne cessaient de les caresser. Les moutons s’en fichaient
complètement. On aurait dit que pour eux, seule l’herbe comptait. Ils
mangeaient d’un air vraiment heureux, comme s’ils disaient : « Il n’y a rien d’aussi
délicieux. Ceux qui n’apprécient pas le foin sont des minables ». Pendant que
je les contemplais, moi aussi, j’ai un peu eu envie de manger de l’herbe. J’ai
caressé la robe de l’un d’entre eux. Elle était douce et mes doigts s’y
enfonçaient. J’ai ajouté sur la liste de mes rêves: « Vivre avec un mouton ».
Par un jour d’hiver, je voudrais lire un livre en serrant un mouton dans mes
bras.
À
un moment donné, j’ai eu un peu faim. Dans mon enfance, si ma mémoire est
exacte, il n’y avait qu’un seul restaurant petit et vieux, tenu par une dame
aussi petite et vieille qui devait être là depuis l’ouverture du zoo.
Aujourd’hui, j’ai constaté qu’il y avait plusieurs restaurants chics qui
servaient divers repas, tels que du curry, des churros, du pain frit, des pâtes
etc. Mais le vieux restaurant existait encore. Les tables étaient toutes vides
et j’étais le seul client. J’ai acheté des saucisses sur bâtonnet et je les ai
mangées sur un banc.
Après
avoir fait le tour du zoo, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas
d’éléphant. Dans mon souvenir, il y avait la zone africaine où vivaient une
girafe et un éléphant. L’endroit où elle se trouvait autrefois était entouré de
murs sur lesquels on pouvait lire : « En travaux ». Il semble que le pavillon
d’éléphants ouvrira cet automne. Mais pendant ce temps, où se cachaient
l’éléphant et la girafe ?
J’ai
trouvé la réponse lorsque je suis entré dans le pavillon de zoologie peu avant
de partir. J’ai rencontré l’éléphant et la girafe dans ce bâtiment. Dans un
endroit où il n’y avait rien avant, les squelettes de l’éléphant et de la
girafe étaient exposés. Selon le commentaire, c’était l’éléphant femelle,
Hanako, morte en 2007 à l’âge de 61 ans. La girafe était Takayo, morte l’année
suivante à l’âge de 30 ans. C’étaient donc l’éléphant et la girafe que je
voyais dans mon enfance. Je me tenais à dix centimètres d’eux. Leurs corps qui
étaient si énormes avaient maintenant l’air fins et même fragiles.
Il y a une raison pour laquelle leurs squelettes sont exposés côte à côte.
Hanako
est arrivée au zoo de Maruyama en 1953, peu après son ouverture. À cette
époque-là, l’éléphant était encore un animal rare au Japon et Hanako était la
vedette du zoo. Plus tard, une autre éléphante plus jeune, Lily l’a rejointe.
Elles sont devenues toute de suite amies. Cependant, Lily s’est blessé la patte
et elle est morte en 1999. Hanako qui se comportait plutôt affablement
jusque-là est devenue renfermée. Elle tournait souvent les fesses aux visiteurs
du zoo. Mais elle avait encore une autre amie qui n’était pas une éléphante.
C’était la girafe Takayo, née dans le zoo en 1978. Leurs cages se trouvaient
côte à côte. L’éléphante et la girafe se frôlaient souvent, même si elles
n'étaient pas de la même espèce. Il semble que c’était souvent Takayo qui
touchait Hanako. En 2007, l’année suivante après avoir fêté ses 60 ans, Hanako
est morte. Un an plus tard, Takayo s’est aussi éteinte comme si elle suivait
Hanako. Au Japon, Hanako est le deuxième éléphant pour la longévité, et Takayo,
la girafe qui a vécu la plus vieille. Je ne sais pas si elles ont été
heureuses. L'éléphant et la girafe ne sont pas des animaux qui vivent dans un
pays de neige. Elles ont terminé leur vie sans jamais vu ni les vastes étendues
ni le soleil ardent d'Afrique. Tout ce qu'elles voyaient, c'étaient un sol et
un mur en béton, le regard curieux des visiteurs et quelques arbres. Mais je
peux dire une seule chose. Au moins, elles n’étaient pas solitaires. Sur une
photo qui reste des deux animaux, on voit que la girafe embrasse le dos de
l’éléphante avec son long cou.
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