jeudi 16 août 2018

Les chats











 Devant l’accueil de la résidence, quelque chose de blanc et de duveteux était roulé. Cette boule de poils m’a vu avec ses yeux dorés et a miaulé à plusieurs reprises. C’était Mimi. Je suis allé à côté d’elle et aussitôt, elle s’est mise à se frotter contre moi. J’étais étonné qu’elle ne m’ait pas oublié alors qu’on ne s’était pas vus pendant plus d’un mois. Moi, je peux oublier facilement le visage et le nom d’une personne si je ne la vois pas pendant un mois. Tous les gens se ressemblent plus ou moins. J’avais entendu dire que les chats ont une meilleure mémoire que les chiens malgré leurs petites têtes adorables. Maintenant j'ai l'impression que c'est vrai.
 Mimi a appuyé sa tête contre mon bras et a commencé à ronronner. J’ai senti le froid de son petit nez contre ma peau. Elle sentait un peu le soleil et les eaux thermales. Je ne sais pas pourquoi, mais c’était férié aujourd’hui. Il n’y avait presque personne dans la cour de ma résidence. Un homme obèse portant un T-shirt et un pantalon court blancs et un garçon habillé presque de la même façon, peut-être le père et le fils, m’ont dit bonjour. Quelques instants plus tard, j’ai vu aussi une fille aux cheveux mouillés qui venait sans doute de se doucher, et se promenait tranquillement pour sentir le vent. Tout à coup, Mimi s’est pétrifiée. J’ai suivi son regard. Un animal grisâtre à quatre pattes marchait vers nous. C'était Patience. Il s’est mis à se frotter contre moi. J’ai eu l’impression qu’il avait un peu maigri. J’ai caressé son pelage, gras et poisseux par endroits. Avait-il l'habitude de se rouler sur un sol où on avait fait tomber du coca ? Si c’était un être humain, il ne plairait pas aux femmes, évidemment. Mimi voudrait souvent s’installer sur mes genoux, mais Patience se contente de se frotter contre moi. Heureusement, ce n’est pas l’inverse. C’est-à-dire que ce n’est pas Patience qui voudrait se mettre sur mes genoux et que Mimi se contente de se frotter contre moi.
 « Les souvenirs, c'est quelque chose qui vous réchauffe de l'intérieur. Et qui vous déchire violemment le cœur en même temps », avait écrit Haruki Murakami dans « Kafka sur le rivage ». En caressant les chats, je me suis demandé s’il leur arrive aussi de se souvenir d’un temps heureux et de se sentir déchirés en se rappelant un événement amer.

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