Je suis rentré dans ma
chambre et j’ai découvert une lettre sur le sol. Je l’ai pris et alors que
j’allais l’ouvrir, je me suis rendu compte que le nom du destinataire n’était
pas le mien. Il était écrit « Mlle X.X ». Le numéro indiquait que cette
personne habitait la chambre au-dessus de la mienne. Dans ma résidence, tout le
courrier arrive d’abord à l’accueil. Ensuite, les femmes de ménage les
distribuent aux chambres des destinataires. La femme de ménage de mon étage a
donc confondu le numéro de ma chambre et celui de la destinataire de la lettre.
J’ai
eu envie de l’ouvrir. Après tout, je pouvais faire semblant de ne pas m’être aperçu
qu’elle ne m’était pas destiné. La lettre était mince. Le nom de l’expéditeur
n’était pas indiqué, ou s’il l’était, je l’ignorais. Je me suis demandé ce qui
se trouvait à l’intérieur. C’était peut-être une lettre venant de l’amant, celui
qui vit à l’étranger de la destinataire. Dedans, il y avait une carte postale
et des écailles d’un papillon de nuit ou la rétine de quelqu’un. Ou c’était
peut-être quelque chose de plus sec. Un avertissement ou une assignation. Un
instant, j’ai pensé remettre cette lettre directement à sa destinataire, parce
que je savais maintenant qu’elle habitait au-dessus de ma tête. Mais j’ai
décidé de la donner à l’accueil de ma résidence. Il se pouvait que Mlle X soit
une folle, au masque représentant un ogre qui hurle une hache à la main. C’était
hier.
Cet
après-midi, pendant que je faisais une longue sieste, quelqu’un a frappé à la
porte. J’ai ouvert et la femme de ménage de mon étage se tenait debout devant l’entrée.
Après un instant de silence, elle m’a donné une lettre, puis elle est partie.
C’était la lettre que j’avais portée à l’accueil hier. J’ai rappelé la femme de
ménage. En montrant du doigt la plaque de ma chambre, j’ai lentement expliqué,
en articulant chaque syllabe, que cette lettre était destinée à la personne qui
habitait au-dessus de ma chambre. « Pardon », a-t-elle dit et a repris la
lettre. J’espère qu’elle ne va plus revenir.
Au
fait, depuis que je suis rentré à Strasbourg, je n’ai jamais vu ni Mimi ni
Patience. Leurs lits se trouvent toujours au même endroit mais ils sont vides.
Les arbres de la cour ont aussi été abattus pendant mon absence. Oiseaux et
chats disparus, il ne reste qu’une femme de ménage qui fredonne une chanson
étrange d’une voix aiguë et un gardien ventru.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire