lundi 13 août 2018

''Unbeaten Tracks in Japan'' Isabella Bird


 « Au printemps en 1878, une Anglaise un peu potelée au regard brillant d’intelligence a débarqué à Yokohama. Son nom est Isabella Bird. Elle a pris le bateau à San-Francisco et a traversé l’océan pacifique pour venir au Japon. Elle avait quarante-sept ans »

 Isabella Bird est arrivée au Japon en 1878. À cette époque-là, la situation politique du Japon était instable. L’année précédente avait eu lieu la guerre civile, la rébellion de Satsuma. Sous l’ordre de Takamori Saigô, les samouraïs du clan Satsuma s’étaient révoltés contre le gouvernement japonais qui cherchait à moderniser le pays aux dépens de la féodalité. En même temps, l’instabilité politique causait une famine qui dévastait tout le Japon. Jusqu’à 1877,  quarante révoltes paysannes contre le gouvernement avaient lieu chaque année. Le Japon était en train de se moderniser. Les élites commençaient à porter des costumes occidentaux que, selon Isabella Bird, n’allaient pas du tout au physique pauvre des Japonais. On commençait à ériger des bâtiments occidentaux, et à construire des voies ferrées. Cependant, il faut attendre encore vingt-sept ans et la guerre russo-japonaise, pour que le Japon soit vainqueur de la flotte de la Baltique à la guerre-russo japonaise, avec le cuirassé Mikasa acheté à l’Angleterre.
 C’est à cette époque qu’Isabella Bird a voyagé au Japon, un pays extrêmement pauvre à l’époque. L’économie reposait sur la riziculture et l’industrie textile. Le savoir-faire manquait et les canons et les cuirassés devaient être importés d’Europe.
 Comme le titre l’indique, Isabella Bird a choisi exprès les chemins qui n’étaient pas battus qu’aucun Occidental n’a jamais foulés. D’abord, elle a dû trouver un interprète. Plusieurs Japonais, une lettre de recommandation à la main, ont postulé à ce travail. Ils connaissaient en effet quelques mots anglais, mais étaient loin de maîtriser la langue. Finalement, un garçon qui n’avait même pas de lettre de recommandation est venue. Isabella Bird l’a trouvé laid et quelque peu insolent. Elle a aussi eu l’impression qu’il avait un côté rusé, mais c’était lui, Itô qu’elle a embauché. Comme l’avait deviné Isabella, Itô avait en effet un côté arrogant (il dit que les étrangers sont impolis et que les Aïnous sont des chiens) et rusé (il détourne de l’argent), mais c’était un interprète compétent qui s’occupait aussi des contacts avec l’habitant et du ménage. Itô, qui se plaint souvent de ce rude voyage, est le clown qui allège sa sévérité.
 Ainsi, Isabella et Itô montent vers le nord pour atteindre Hokkaidô. Son plus grand objectif était de vivre avec les autochtones, les Aïnous qu’elle qualifie souvent d’incultes’’. Comme il n’y a ni voiture ni train à l’époque, ils sont obligés de voyager à cheval. Selon Isabella, les chevaux sont gâtés au Japon de sorte qu’ils se comportent de manière vraiment capricieuse. En montant vers le nord, ils passent des nuits dans des auberges. La situation hygiénique du Japon est terrible. La plupart des villageois souffrent de maladie de peau parce qu’ils lavent rarement leurs kimonos. Dans les auberges, les puces sautent des tatamis et la nourriture est décevante dans la plupart des cas. D’ailleurs, à chaque village, les villageois se rassemblent pour regarder l’étrangère. En même temps, Isabella trouve les Japonais travailleurs et gentils. Elle dit qu’elle n’a jamais eu d’expérience dangereuse pendant son voyage.
 À Hokkaidô, elle vit quelques mois avec des Aïnous. Selon elle, les Aïnous ont une chevelure abondante, de grands yeux, un nez droit et ils sont souvent plus musclés que les Japonais qui sont jaunes et maigres. Leur vie et religion sont plutôt primitive, mais ils sont honnêtes et ne cherchent pas à tromper les gens. Ils vénèrent les ours, mais les tuent et décorent la maison du chef avec la tête d’un ours mort. Les deux choses qu’ils craignent  sont les Dieux et le gouvernement japonais. Des Aïnous lui disent souvent : « S’il vous plaît, ne dites pas aux Japonais qu’on vous a parlé de notre vie ». La seule chose qu’Isabella trouve lamentable chez les Aïnous, c’est qu’ils boivent beaucoup d’alcool (mais ils tiennent l’alcool beaucoup mieux que les Japonais).
 Le voyage hors des sentiers battus se termine à Hakodate, le 12 septembre de la même année. Elle a pris le bateau et arrive à Yokohama cinq jours plus tard. Trois mois c’étaient écoulés depuis qu’elle est partie de Tokyo. Elle ne rentre pas toute de suite en Angleterre. Cette fois, elle fait le ‘’voyage sur les sentiers battus’’. En octobre, elle va à Kôbe en bateau et visite Kyoto et le sanctuaire d’Ise. Elle revient à Tokyo le 17 décembre pour quitter l’Archipel.
 La voyageuse a revisité le Japon environ cinq fois entre 1894 et 1896. À part les villages ruraux, elle a vu Tokyo, Kyoto, Osaka, Kumamoto et Nagasaki. Pendant ce temps, les sentiers sauvages qui avaient retardé sa marche ont été revêtus. Des chemins de fer ont été construits. L’économie s’est développée. La position diplomatique du pays s’est améliorée, et l’extraterritorialité a été abolie. Vingt ans après son premier voyage, elle est devenue le témoin de la modernisation du Japon.

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