mardi 7 août 2018

xn + yn = zn


 J’ai passé la matinée à lire. Après avoir pris une douche et fait ma valise, j’ai confié mes bagages à la réception de l’hôtel et j’ai quitté ma chambre. Dehors, il faisait chaud et le soleil ardent brûlait, mais il y avait un peu de vent et la température n’était pas si désagréable. J’ai pris le métro ligne 7 et je suis descendu à la station Opéra. J’ai flâné alentours sans rien faire. Au bout d’un moment, je me suis rendu compte que je n’avais rien mangé depuis le matin. Je suis entré dans un restaurant que j’ai trouvé par hasard. La serveuse m’a donné la carte en anglais. « Est-ce le plat du jour ? », ai-je demandé. « Oui, c’est le plat du jour », m’a-t-elle dit, en échangeant la carte en anglais contre celle en français. J’ai donc choisi le plat du jour, qui était du rosbif accompagné de haricots verts. Tandis que j’attendais que mon repas arrive, j’ai lu un livre que j’avais mis dans la poche de mon pantalon. La télé accrochée dans le restaurant répétait la même information, la même vidéo, la mort d’un cuisiner étoilé célèbre.
 Au bout d’un moment, on m’a servi le repas. Le rosbif saignant m’a assez plu.
 Après le déjeuner, je me suis promené dans le Jardin de Tuilerie et j’ai fait du léche-vitrine. Je voulais en fait acheter un portefeuille pas cher, mais je n’en ai pas trouvé.
 Je suis revenu à l’hôtel vers quatorze heures et demie. Une grosse femme noire à bout de souffle a apporté ma grande valise et mon sac à dos rempli de livres. Je l’ai remerciée et je me suis dirigé vers la gare de l’est, qui se trouve juste devant l’hôtel.
 Ma place dans le TGV…non, OUIGO était à côté de la fenêtre. Il n’y avait personne à côté de moi. L’étagère du train était trop petite pour y mettre mon sac à dos. Si personne ne venait, je pourrais le poser à la place vide. Une jeune fille en robe d’été, au visage couvert de taches de rousseurs, est passée dans le couloir. Quelques instants plus tard, peu avant le départ, elle est revenue à ma place. Après m’avoir adressé un sourire, elle s’est assise à côté de moi.
 J’ai commencé à lire la suite de « La vie des mathématiciens historiques ». Ma voisine envoyait des messages à quelqu’un, peut-être à ses parents, ou à son copain, ou à un ours dans la forêt. L’ours a dû faire une plaisanterie spirituelle. De temps en temps, elle pouffait de rire. Pendant que Sofia Kovalevskaïa dans son enfance était chagrinée d’être négligée par Dostoïevski dont elle était amoureuse, et que le ‘’magicien de l’Inde’’, Ramanujan écrivait passionnément les formules qu’il a trouvées dans son cahier secret et qu’Andrew Wiles essayait de prouver le dernier théorème de Fermat considéré depuis 360 ans insoluble, ma voisine s’est apparemment mise à s’ennuyer. Au début, elle regardait par la fenêtre, mais s’est aussitôt lasée de l’horizon d’or et des vastes champs qui s’étendaient à l’infini. Elle a perturbé ma concentration en frottant ses cuisses nues et tripotant ses cheveux sans raison. Elle a regardé son portable, — il n'y avait peut-être plus de message de l'ours —, elle a soupiré. En fin de compte, ma voisine s’est mise à pianoter sur la plaque de son siège et à jouer un morceau de musique imaginaire. Son rythme était étrangement agréable et m’a donné sommeil. Si je fermais les paupières, diverses formules éclataient et dispersaient.

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