J’ai passé la matinée à lire. Après
avoir pris une douche et fait ma valise, j’ai confié mes bagages à la réception
de l’hôtel et j’ai quitté ma chambre. Dehors, il faisait chaud et le soleil
ardent brûlait, mais il y avait un peu de vent et la température n’était pas si
désagréable. J’ai pris le métro ligne 7 et je suis descendu à la station Opéra.
J’ai flâné alentours sans rien faire. Au bout d’un moment, je me suis rendu
compte que je n’avais rien mangé depuis le matin. Je suis entré dans un
restaurant que j’ai trouvé par hasard. La serveuse m’a donné la carte en
anglais. « Est-ce le plat du jour ? », ai-je demandé. « Oui, c’est le plat du
jour », m’a-t-elle dit, en échangeant la carte en anglais contre celle en
français. J’ai donc choisi le plat du jour, qui était du rosbif accompagné de haricots
verts. Tandis que j’attendais que mon repas arrive, j’ai lu un livre que
j’avais mis dans la poche de mon pantalon. La télé accrochée dans le restaurant
répétait la même information, la même vidéo, la mort d’un cuisiner étoilé
célèbre.
Au bout d’un moment, on m’a servi le
repas. Le rosbif saignant m’a assez plu.
Après le déjeuner, je me suis promené
dans le Jardin de Tuilerie et j’ai fait du léche-vitrine. Je voulais en fait
acheter un portefeuille pas cher, mais je n’en ai pas trouvé.
Je suis revenu à l’hôtel vers
quatorze heures et demie. Une grosse femme noire à bout de souffle a apporté
ma grande valise et mon sac à dos rempli de livres. Je l’ai remerciée et je me
suis dirigé vers la gare de l’est, qui se trouve juste devant l’hôtel.
Ma place dans le TGV…non, OUIGO était
à côté de la fenêtre. Il n’y avait personne à côté de moi. L’étagère du train
était trop petite pour y mettre mon sac à dos. Si personne ne venait, je
pourrais le poser à la place vide. Une jeune fille en robe d’été, au visage
couvert de taches de rousseurs, est passée dans le couloir. Quelques instants
plus tard, peu avant le départ, elle est revenue à ma place. Après m’avoir
adressé un sourire, elle s’est assise à côté de moi.
J’ai commencé à lire la suite de « La
vie des mathématiciens historiques ». Ma voisine envoyait des messages à quelqu’un,
peut-être à ses parents, ou à son copain, ou à un ours dans la forêt. L’ours a
dû faire une plaisanterie spirituelle. De temps en temps, elle pouffait de rire.
Pendant que Sofia Kovalevskaïa dans son enfance était chagrinée d’être négligée
par Dostoïevski dont elle était amoureuse, et que le ‘’magicien de l’Inde’’,
Ramanujan écrivait passionnément les formules qu’il a trouvées dans son cahier
secret et qu’Andrew Wiles essayait de prouver le dernier théorème de Fermat considéré depuis 360 ans insoluble, ma voisine s’est apparemment mise à
s’ennuyer. Au début, elle regardait par la fenêtre, mais s’est aussitôt lasée de
l’horizon d’or et des vastes champs qui s’étendaient à l’infini. Elle a perturbé ma concentration en frottant ses cuisses nues et tripotant ses cheveux sans raison. Elle a
regardé son portable, — il n'y avait peut-être plus de message de l'ours —, elle a soupiré. En fin de compte, ma voisine s’est mise à
pianoter sur la plaque de son siège et à jouer un morceau de musique
imaginaire. Son rythme était étrangement agréable et m’a donné sommeil. Si je fermais les paupières, diverses formules éclataient et dispersaient.
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