mercredi 22 août 2018

Le prêtre


 Je suis allé à l’église près de chez moi. Il y a longtemps, je l’avais déjà visitée, mais à ce moment-là, elle était fermée. L’église a trois portes principales. Je les ai essayées l’une après l’autre. Pendant que je tentais d’ouvrir la troisième porte, un homme âgé bedonnant est venu et il a, à son tour, essayé d’ouvrir l’une des portes qui était bel et bien fermée. « Elle est fermée », m’a-t-il dit. Je le savais. J’ai acquiescé.
 Il y a quelques jours, lorsque je suis passé à côté de l’église, j’ai réalisé que toutes les portes étaient ouvertes. Je n’ai pas laissé échapper cette occasion. Il faisait frais à l’intérieur. Le plafond était haut. De nombreux bancs s’alignaient harmonieusement entre l’entée et l’autel. Sur les nefs latérales, il y avait des confessionnaux. On en voit parfois dans les vieux films européens. Un prêtre et un pénitent entrent dedans. Le prêtre dit : « Mon enfant, qu’avez-vous à confesser ? », ou quelque chose de ce genre. « J’ai tué un homme », lui répond le pénitent. J’aimerais aussi entrer dans un confessionnal et avouer quelque chose, mais je ne sais pas ce que je devrai lui dire. « Je t’aime ». Non, ça n’irait pas. « Quand j’étais enfant, j’ai volé une carte Yu-gi-oh à Takumi-kun…..J’ai trompé mon petit frère pour lui faire acheter un tome de ‘’Doraemon’’…… »
 Je me suis retourné. Sur une petite étagère en bois, il y avait plusieurs volumes qui avaient l’air vieux. La couverture était usée et le titre presque effacé. J’en ai pris un. C’était un recueil de cantiques. J’ai contemplé longuement les paroles de quelques-uns de ces chants. 
 Tandis que je m’approchais de l’autel, j’ai eu l’impression que quelque chose de noir avait bougé au loin. Je me suis arrêté. J’ai plissé les paupières pour voir mieux. C’est alors que cette ombre a bougé et m’a regardé. C’était un prêtre.
 Un article que j'ai lu il y a quelques jours m'est revenu à l'esprit. Il disait qu'aux États-Unis, des centaines de prêtres catholiques étaient soupçonnés d’avoir agressé sexuellement plus de mille enfants, des garçons pour la plupart, durant de nombreuses années. « Il se peut que des centaines de garçons soient séquestrés dans le sous-sol de cette église. Pendant que les fidèles prient, ces enfants pleurent et crient », ai-je pensé. Puis, j’ai secoué la tête. J’avais peut-être regardé trop de films d’horreur.
 Le prêtre et moi nous sommes regardés un long moment au bout duquel je lui ai tourné le dos, et je suis sorti de l’église.

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