Pendant que je lisais un article sur
la greffe du visage d'une jeune Américaine qui avait tenté de se suicider avec un fusil de chasse parce
qu’elle a appris que son copain allait la larguer, mon téléphone a sonné, bien
que d’ordinaire, personne ne m’appelle. J’ai eu peur et j’ai pleuré. L’écran
affichait un numéro inconnu. Pendant que j’hésitais à répondre, on a raccroché.
On a laissé un court message. Je l’ai écouté. La voix rauque d’un homme que je
ne connaissais pas bredouillait quelque chose. L’image d’un homme d'un certain
âge au gros ventre m’est venue à l’esprit. Dans ma tête, il a deux filles
plutôt belles, étudiantes à l’université. Il s’appelle Jean-Luc et boit un
litre de vin tous les soirs. Quand sa femme le lui reproche, il la bat et elle
s'enfuit dans la salle de bain en pleurant. Je n’ai pas compris tout son
message. Il disait : « Salut ! Tu m’entends ? ??????????? nouvelle ». J’ai eu
l’impression que la partie que je n’ai pas déchiffrée disait : « Jusqu’où
avance ta nouvelle ? ». Je ne l’ai pas rappelé.
Quelques instants plus tard, j’ai
reçu le deuxième appel de la même personne. Je l’ai ignoré. J’ai mis mon
portable sur le lit et j’ai fait semblant d’être mort. Au bout de quelques
secondes, la sonnerie a cessé. J’ai ressuscité. Aujourd’hui, le pseudonyme
Jean-Luc m’a appelé quatre ou cinq fois, pendant que je lisais « Cent ans
de solitude », pendant que je dînais. Tout d'un coup, j’étais populaire. Chaque
fois qu’il m’appelait, je me cachais sous la table ou je feignais d'être mort. Jean-Luc
s’était-il trompé du numéro ? Qu’est-ce qu’il avait à me dire ?
Il y a longtemps, j’ai reçu l’appel
d’une femme inconnue pendant que j'attendais le bus. Elle m’a dit : « Vous avez
acheté un film protecteur pour smartphone sur Amazon récemment ? ». « Non »,
ai-je dit, mais elle n’avait pas l’air convaincue. Elle m’a dit que j’en ai
acheté un. Et je me suis souvenu que j’en avais acheté un il y avait plus d’un
an sur Amazon. Comme le film protecteur était déjà brisé quand il m’a été livré,
j’avais écrit une étoile avec un commentaire critique dans lequel j’avais mis
toute ma capacité littéraire et linguistique. « Pouvez-supprimer ce commentaire
si on vous rembourse ? m’a-t-elle dit. – Oui, ai-je dit. Savez-vous comment
faire ? m’a-t-elle dit. – Oui », ai-je dit, et on a raccroché. Le bus est
arrivé à ce moment-là.. Je pensais au film que j’allais regarder ce soir-là.
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