vendredi 3 novembre 2017

Goodbye Hellotalk

 Ce matin, j’ai découvert que mon compte a été suspendu de nouveau sur Hellotalk pour ‘’une fausse identité’’. L’équipe de cette application me demandait de leur envoyer une pièce d’identité. Sans aucune hésitation, je l’ai supprimée.

 C’est un joli garçon japonais, Yuki qui m’a parlé un jour de cette application. Il m’a dit qu’il l’utilisait pour améliorer son français. Je lui ai dit que je préférais lang-8. J’aime en effet le côté ‘’inhumain’’ de ce site. Sur Lang-8, la relation entre les gens est plus froide. On poste un texte, on attend que quelqu’un le corrige et rien de plus. Il m’a dit qu’il voulait faire la connaissance de Français. À ce moment-là, je me suis rendu compte que je n’avais presque jamais parlé avec des Français malgré mon niveau relativement élevé. C’est ainsi que je me suis inscrit sur cette application.

 Au début, je recevais trop de messages. J’ai eu peur et je me suis immédiatement déconnecté. Par la suite, j’ai commencé à écrire des journaux, car je n’avais rien d’autre à poster. Ils ont aimé ce que j’écrivais, mais certains m’ont demandé si mes journaux étaient vrais. Toutefois, je me suis demandé si je quittais cette application parce que les autres postaient des photos de cuisine, d'eux-mêmes avec leurs amis, tandis que je n’avais que des photos de tartes brûlées, et que je n’avais aucun ami.
 Si j’ai continué, c’est parce que quelques personnes m’ont demandé de ne pas quitter l’application. En revanche, je recevais de moins en moins de messages, ce qui me soulageait au contraire. La seule personne qui faisait des commentaires sur tous mes textes était un Français d’âge mûr, qui vit aux États-Unis.

 En même temps, j’ai pu connaître une jeune professeure d’allemand, Pauline grâce à cette application. À ce moment-là, elle n’était pas encore professeure. Elle maîtrisait évidemment l’allemand, et le sujet de son mémoire était le nazisme et le Japon impérial. C’était un sujet auquel je me suis toujours intéressé.

 Un jour, je lui ai montré une photo d’un officier nazi et lui ai demandé si elle le connaissait.
« Euh, c'est un SS et sa femme dans la forêt ? », m’a-t-elle dit.
C’était en effet la photo d’un officier nazi et de son épouse dans la forêt. Elle m’a dit qu’elle connaissait bien les officiers nazis mais pas leurs visages. Je lui ai dit que son surnom était ‘’le renard du désert’’.
« Ah, c’est Rommel ! »

 Quelques jours avant qu’elle débute comme professeure, je lui ai donné mon opinion personnelle selon laquelle la plupart des adolescents sont plus proches des singes que des hommes. Darwin serait d’accord avec moi. J’étais aussi un singe quand j’étais adolescent. Durant les cours, je regardais toujours par la fenêtre, je me moquais des professeurs, si l'occasion s'en présentait, je volais des livres. Quand le cours m'ennuyait, je faisais semblant d'être malade et rentrais chez moi. De temps à autre, j’allais au cinéma au lieu d’aller à l’école, comme Antoine Doinel dans le premier film de François Truffaut. Elle m’a répliqué que les adolescents ne sont pas aussi terribles que cela, et que même si ce sont des singes, il faut que quelqu’un leur apprenne à devenir humains. Le lendemain, elle a pleurniché que les élèves de l’une de ses classes ne cessaient de bavarder, et que faire cours était impossible.

 Maintenant ni Yuki ni sa copine française n’ont de compte Hellotalk. Tout ce que cette application m’a appris, c’est que je suis si asocial et si étrange que je n’ai pas pu me faire des amis même sur Internet.

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