vendredi 17 novembre 2017

Le pingouin


 Lorsque je marchais vers l’amphithéâtre deux qui se trouve au premier étage du Patio, j’ai remarqué quelque chose d’inhabituel. À gauche, une grande carte du monde dessinée à la main était accrochée au mur. Je me suis arrêté et je l’ai observée distraitement. Des morceaux de papiers sur lesquels les gens avaient écrit des phrases en leurs langues maternelles étaient collés sur les pays. Devant la carte se trouvait une table avec des stylos et des crayons. Plusieurs morceaux de papiers étaient accumulés sur l’Europe, notamment sur la France et l’Allemagne. Les autres continents étaient relativement plus déserts. Sur la Chine était collé un papier sur lequel étaient écrits trois caractères. Je ne parle pas le chinois, mais je savais que ce mot voulait dire ‘’Je t’aime’’. Sur le Japon étaient collées deux notes. L’Archipel semblait plus renflé qu’il ne l’est en réalité. Quelques instants plus tard, une fille voilée s’est approchée de moi par derrière. Elle m’a expliqué que c’était le projet de son groupe et qu’elle voulait que j’écrive quelque chose dans ma langue maternelle. 

« Vous pouvez écrire n’importe quoi. Une expression, une salutation, un mot d’amour… », m’a-t-elle dit.

 J’ai regardé des papiers et la tasse dans laquelle étaient mis des stylos, puis je me suis demandé ce que je pouvais écrire : ‘’Bonjour’’ en japonais ? Non, cela me paraît trop banal, ce mot n’a aucune originalité. ‘’Je t’aime’’ en japonais à l’instar de la personne qui l’avait écrit en chinois ? Non, je n’aime personne, alors cela m’a semblé hypocrite. D’ailleurs, les Japonais disent rarement ce mot. On l’entend uniquement dans les films et dans la tête des filles rêveuses.

 Après plusieurs hésitations, j’ai finalement écrit cela :

« Chez le manchot empereur, c’est le mâle qui couve l’œuf pendant des mois. »

 Je voulais en écrire davantage, mais la place sur le papier était limitée. Tout satisfait, je l’ai collé sur l’Archipel difforme et gros.

 La fille voilée qui se tenait derrière moi m’a demandé si c’était du coréen. Non, c’est du japonais, lui ai-je dit. Elle m’a ensuite demandé ce que cela signifiait. J’ai donc traduit ce que j’ai écrit : « Chez le manchot empereur, c’est le mâle qui couve l'œuf pendant des mois. »

« Les manchots empereurs males doivent endurer la rude hiver de l’Antarctique, sans rien manger pendant des mois, jusqu’à ce que les femelles rentrent avec la nourriture. Tu peux l’imaginer ? C’est un monde où la température atteint même moins soixante degrés, ai-je dit.

- Est-ce un proverbe de votre pays ? m’a-t-elle demandé d’un air intrigué.

- Pas du tout ! m'écriai-je avec étonnement. J’aime juste les pingouins. »

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