mercredi 22 novembre 2017

Dans les combles



 J’étais soulagé d’avoir lu ‘’Le monde d’hier’’ que j’avais choisi pour le cours de littérature générale et comparée. Je me disais que je pouvais passer le partiel la tête haute. Cependant, j’ai entendu dire que je devais trouver un livre, un film ou une musique à comparer avec le livre que j’avais choisi. J’ai donc cherché dans ma mémoire s’il y avait quelque chose de comparable avec ce livre, mais en vain. Bien que j’aie quand même lu de nombreux livres, vu de nombreux films dans ma vie, quand j’en avais besoin, aucun ne me venait à l’esprit.

 En bref, ‘’Le monde d’hier’’ est le dernier livre de Stefan Zweig et il s’agit de son autobiographie. Le récit commence par sa jeunesse et se termine à l’invasion des nazis. Il n’en est évidemment pas question dans le livre, mais après l’avoir achevé, au Brésil où il s’était réfugié de sa patrie tombée entre les mains d’Hitler, il s’est administré une dose mortelle de somnifères et s’est suicidé avec sa femme.

 Le seul livre qui me vient à l’esprit est ‘’Sous les combles’’ d’une écrivaine hongroise, Hanna Zoltan. Ce livre n’est pas très connu par rapport au chef-d’œuvre, « Le journal d’Anne Frank », mais il a été écrit dans des circonstances similaires.
 Le père de l’auteur était un commerçant en insecticides. Ses insecticides étaient très réputés. ‘’Fourmilion’’ était son surnom et la famille menait une vie aisée. Au début de la deuxième guerre mondiale, leur style de vie n’a pas changé. Ils ont juste vendu leur maison et déménagé dans leur villa à la campagne. Toutefois, cela n’a pas duré longtemps. Un jour, le père d'Hanna a entendu dire qu’un de ses amis, un boulanger anti-nazi avait été arrêté et brûlé vif dans son fourneau (Après la guerre, les habitants de cette ville ont élevé une statue à cet homme obèse et souriant, afin de ne pas oublier cette Jeanne d’Arc masculine courageuse. Son énorme ventre en or est considéré comme le symbole du bonheur par les habitants de la ville.) Diverses rumeurs circulaient dans la ville. Finalement, la famille en a été réduite à se cacher dans les combles de la maison d’un des amis du père.
 Au début, ils se disaient qu’une telle situation ne durerait pas longtemps. Ils ont démonté une chaise et en ont fait une croix de bois. Chaque matin et chaque nuit, juste avant de dormir, ils priaient ensemble Jésus pour que Hitler se rase la moustache par erreur. Malgré leurs prières quotidiennes, obtenir de la nourriture devenait de jour en jour plus difficile. Le petit frère de Hanna, naturellement chétif est tombé malade et ne pouvait plus se lever. À l’extérieur, au loin, on entendait le terrible bruit des bombardements.


« L’église où j’allais pour la messe chaque dimanche avec ma famille a été détruite. Je n’en ai pas été témoin, mais j’ai deviné ce qui se passait au bruit des bombes et de l’explosion tout proches. Mon école, mon maître, mes camarades, où sont-ils ? Même le garçon le plus méchant dont le visage était plein de boutons, et qui me tirait toujours les cheveux me manque. », écrit l’auteur.
 Afin d’encourager le petit frère d'Hanna, tous les membres de la famille, l’auteur qui n’avait que treize ans à l’époque, sa sœur Agota, seize ans, son père et sa mère ont décidé d’inventer une petite histoire chaque nuit.

 La lecture de ces histoires a duré pendant cent vingt jours jusqu’à ce qu’à la libération de la Hongrie. Les membres de cette famille n’étaient évidemment pas des écrivains professionnels, loin de là. Ce n’étaient que des citoyens ordinaires qui vivaient paisiblement en tuant des fourmis, jusqu’à ce que l’horreur éclate. Si bien que la qualité de leur récit ne peut pas être garantie. C’est aussi sans doute la raison pour laquelle ce livre est beaucoup moins connu que ‘’Le journal d’Anna Frank’’. Mais ces cent vingt récits courts ont été racontés dans un but concret : donner de l’espoir au garçon agonisant et survivre à cette guerre.

 Au dehors, les chars écrasaient le peuple, les bombardiers détruisaient la ville, les mines explosaient sur les jambes et les bras des soldats. Ils ne savaient pas s’ils allaient être arrêtés le lendemain, ou une semaine plus tard ou un mois plus tard.

 Leurs récits n'avaient qu'une seule règle : toutes les histoires doivent avoir une fin heureuse.

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