mercredi 7 mars 2018

La Bouilloire rouge


 J’ai fait un exposé sur une nouvelle dans un cours d’anglais. Je me suis demandé quels écrivains je devais choisir. Plusieurs noms de mes écrivains préférés ont défilé dans ma tête comme des comètes, Truman Capote, Scott Fitzgerald, Franz Kafka, Carson McCullers, Paul Auster etc. Finalement j’ai choisi Haruki Murakami, parce que c’est mon écrivain préféré, il est toujours en activité, et c’est presque le seul écrivain japonais contemporain mondialement connu. De plus, je l’ai lu quand j’avais quatorze ou quinze ans. À cet âge, tout semblait neuf et brillant, si bien que les romans de Haruki Murakami ont été très profondément gravés dans mon esprit, avec la musique des Beatles et le paysage enneigé de Sapporo. Mais je ne voulais pas que les gens pensent que je l’avais choisi à cause de ma nationalité. J’ai donc ajouté une phrase : « Je l’ai choisi, ce n’est pas parce que je suis japonais. Mais c’est parce que, simplement, j’aime ses livres ». De la même manière, si je m’attache aux films d’Aki Kaurismaki, ce n’est pas parce qu’il est finlandais. Si j’écoute la musique de Beethoven quand je suis désespéré, ce n’est pas parce qu’il est allemand.

 Parmi les nombreuses nouvelles d’Haruki Murakami, j’en ai choisi une très courte, qui s’intitule « À propos de ma rencontre avec la fille cent pour cent parfaite par un beau matin d'avril ».

 Dans cette courte histoire, un jeune homme dit à son ami qu’il a croisé dans la rue une fille cent pour cent parfaite à ses yeux. Il lui dit que la fille n’était pas particulièrement belle et qu’elle avait environ trente ans, ce n’était donc même pas une ‘’fille’’. Malgré cela, il était convaincu que c’était une fille cent pourcent faite pour lui. Son ami lui demande s’il l’a abordée. Sa réponse est non, car il ne trouvait aucune raison de lui adresser la parole. Il s’explique ainsi :

« Nous n'étions plus séparés que par une quinzaine de mètres.Bon, de quelle façon allais-je l'aborder ? 
- Bonjour, vous n'auriez pas une petite demi-heure à me consacrer, pour discuter ? 
Ridicule. Ça fait représentant en assurances. 
- Excusez-moi, vous ne connaîtriez pas une laverie automatique dans le coin ? 
Presque aussi ridicule. Je ne portais même pas de sac de linge sale. Qui croirait à une telle plaisanterie ? 
Il valait peut-être mieux jouer franc jeu : 
- Bonjour. Vous êtes une fille cent pour cent parfaite pour moi. 
Non ça ne marcherait pas. Elle ne me croirait pas. »

 Ensuite, le narrateur se met à expliquer comment il aurait pu aborder cette fille en racontant une histoire.
 Autrefois, il y avait un garçon et une fille qui croyaient être cent pour cent faits l’un pour l’autre. Un jour, ils partent tous les deux dans des directions opposées. L’un part à l’ouest, l’autre part à l’est, convaincus que s’ils étaient vraiment un couple cent pour cent parfait, ils pourraient se rencontrer de nouveau un jour. Quelques années plus tard, ils se croisent dans la rue par une belle matinée d’avril, mais ils ne peuvent pas se reconnaître, bien qu’ils soient cent pour cent faits l’un pour l’autre.

 L’auteur dit que l’on pourrait considérer son roman le plus long, « 1Q84 », comme la version développée de cette nouvelle, puisque ce dernier est aussi l’histoire d’un garçon et d’une fille (plutôt d’un homme et d'une femme) qui vivent séparés dans un monde parallèle.
 Personnellement, cette nouvelle me fait penser plus à « Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil » parce que dans ce récit il y a un garçon et une fille qui s'entendent bien, mais se séparent un jour, se rencontrent adultes, et au final, se quittent.

 Mon exposé n’était malheureusement pas cent pourcent parfait, mais le lendemain, par une belle matinée de mars j’ai reçu un mail de mon professeur. Il était écrit “Fluent delivery and sound analysis. Good for comparison with Western art” avec ma note qui n'était pas mal du tout.

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