jeudi 15 mars 2018

Les manuscrits de Mishima


 Hier, je suis allé à la BNU pour rendre « The Man In The High Castle ». J’ai pensé à emprunter « Total Recall » du même auteur, mais comme j’ai repris la lecture de « Sunset Park » de Paul Auster, j’ai décidé de lire ce livre un autre jour. Je me suis ensuite rendu dans le coin de la littérature italienne pour chercher des livres d’Umberto Eco.  Je les ai facilement trouvés, cependant la plupart de ses romans étaient en italien, si bien que j’ai dû choisir parmi quelques livres en français. Il n’y avait ni « Le Nom de la rose » ni « Le Pendule de Foucault ». Peut-être qu’ils manquaient depuis le début. Peut-être que quelqu’un les a empruntés. Après avoir réfléchi longtemps, en prenant et remettant des livres, j'ai finalement choisi son dernier roman, « Numéro Zéro ». Je ne l’ai pas encore commencé, mais il a l’air intéressant.

 Quand je descendais l'escalier pour sortir, je me suis rendu compte qu’il y avait une exposition sur Yukio Mishima. J’y suis entré sans espérer grand-chose, mais elle était en réalité beaucoup plus riche que je ne l’espérais. Ce qui m’a frappé le plus, c’étaient des manuscrits de Mishima en personne. Je ne suis pas un grand admirateur, mas qui pourrait rester insensible devant ses manuscrits ? J’ai même eu envie de briser la vitrine et de les manger…c'est une plaisanterie.

 De nos jours, écrire à l’ordinateur est quelque chose de tout à fait habituel. À son époque, il n’y avait pas encore d'ordinateur. En fait, les romanciers écrivaient à la main jusqu'à récemment. Haruki Murakami disait quelque part qu'il a écrit « La Ballade de l'impossible » dans des cahiers, et qu'il se préoccupait tout le temps de la disparition de ses manuscrits. Je me rappelais ce fait si clair en lisant la première page de « La Confession d'un masque » dans la vitrine.

 Les doigts de Mishima avaient réellement effleuré sur ces papiers qui s’étendaient devant moi, et c'est de ces feuilles que sont nées ses chefs-d’œuvre telles que « La Confession d’un masque », « Le Pavillon d’or » et « La Mer de la fertilité ». Un cahier que Mishima a utilisé pour la création du « Pavillon d’or » était aussi exposé. Dessus, une carte de la ville dans laquelle l’histoire se déroule était dessinée de sa propre main. En parcourant chaque ligne de mes yeux, j’ai eu l’impression d’être dans la tête de l'écrivain. 

 Je suis resté immobile pendant un certain temps devant la dernière page manuscrite de son dernier roman « La Mer de la fertilité ». Il n’y avait aucun tracé rouge sur le manuscrit, ce qui signifiait qu’il ne l'a jamais retouché après l’avoir achevé. Son écriture claire sans aucun désordre permet de deviner son intelligence et aussi à quel point il était perfectionniste. J’ai pris plaisir à lire entièrement ce manuscrit, qui était terminé par les mots suivants : « ‘’La Mer de la fertilité’’ fin. Le 25 novembre 1970 ».
 Le lendemain du jour où Mishima l'a donné à son éditrice, il s’est introduit dans le Ministère de la Défense, puis s’est suicidé en s'ouvrant le ventre.

 Il y a un autre manuscrit qui a attiré mon attention. Celui-ci n’était pas exposé, mais il se trouvait dans un livret qui était disposé sur une petite table. Je ne sais plus de quelle œuvre il s’agissait, mais sur ce manuscrit, plusieurs caractères signifiant « Mort » étaient répandus en rouge. Mishima était un écrivain obsédé par la mort. Ces multiples « Mort » semblait surgir naturellement du papier, comme une fuite d'eau de pluie.

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