Hier,
je suis allé à la BNU pour rendre « The Man In The High Castle ». J’ai pensé à
emprunter « Total Recall » du même auteur, mais comme j’ai repris la lecture de
« Sunset Park » de Paul Auster, j’ai décidé de lire ce livre un autre jour. Je me suis ensuite rendu dans le coin de la
littérature italienne pour chercher des livres d’Umberto Eco. Je les ai facilement trouvés, cependant la
plupart de ses romans étaient en italien, si bien que j’ai dû choisir parmi
quelques livres en français. Il n’y avait ni « Le Nom de la rose » ni « Le
Pendule de Foucault ». Peut-être qu’ils manquaient depuis le début. Peut-être
que quelqu’un les a empruntés. Après avoir réfléchi longtemps, en prenant et
remettant des livres, j'ai finalement choisi son dernier
roman, « Numéro Zéro ». Je ne l’ai pas encore commencé, mais il a l’air
intéressant.
Quand
je descendais l'escalier pour sortir, je me suis rendu compte qu’il y avait une
exposition sur Yukio Mishima. J’y suis entré sans espérer grand-chose, mais
elle était en réalité beaucoup plus riche que je ne l’espérais. Ce qui m’a
frappé le plus, c’étaient des manuscrits de Mishima en personne. Je ne suis pas
un grand admirateur, mas qui pourrait rester insensible devant ses manuscrits ?
J’ai même eu envie de briser la vitrine et de les manger…c'est une
plaisanterie.
De
nos jours, écrire à l’ordinateur est quelque chose de tout à fait habituel. À
son époque, il n’y avait pas encore d'ordinateur. En fait, les romanciers
écrivaient à la main jusqu'à récemment. Haruki Murakami disait
quelque part qu'il a écrit « La Ballade de l'impossible » dans des cahiers, et qu'il se préoccupait tout le temps de la disparition de ses
manuscrits. Je me rappelais ce fait si clair en lisant la première page de « La
Confession d'un masque » dans la vitrine.
Les doigts de Mishima avaient réellement
effleuré sur ces papiers qui s’étendaient devant moi, et c'est de ces feuilles que sont
nées ses chefs-d’œuvre telles que « La Confession d’un masque », « Le Pavillon
d’or » et « La Mer de la fertilité ». Un cahier que Mishima a utilisé pour la
création du « Pavillon d’or » était aussi exposé. Dessus, une carte de la ville
dans laquelle l’histoire se déroule était dessinée de sa propre main. En
parcourant chaque ligne de mes yeux, j’ai eu l’impression d’être dans la tête
de l'écrivain.
Je suis resté immobile pendant un certain temps devant
la dernière page manuscrite de son dernier roman « La Mer de la fertilité ». Il
n’y avait aucun tracé rouge sur le manuscrit, ce qui signifiait qu’il ne l'a
jamais retouché après l’avoir achevé. Son écriture claire sans aucun désordre
permet de deviner son intelligence et aussi à quel point il était
perfectionniste. J’ai pris plaisir à lire entièrement ce manuscrit, qui était
terminé par les mots suivants : « ‘’La Mer de la fertilité’’ fin. Le 25
novembre 1970 ».
Le
lendemain du jour où Mishima l'a donné à son éditrice, il s’est
introduit dans le Ministère de la Défense, puis s’est suicidé en s'ouvrant le
ventre.
Il
y a un autre manuscrit qui a attiré mon attention. Celui-ci n’était pas exposé,
mais il se trouvait dans un livret qui était disposé sur une petite table. Je
ne sais plus de quelle œuvre il s’agissait, mais sur ce manuscrit, plusieurs
caractères signifiant « Mort » étaient répandus en rouge. Mishima était un
écrivain obsédé par la mort. Ces multiples « Mort » semblait surgir
naturellement du papier, comme une fuite d'eau de pluie.
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