J’arrête
d’imaginer des dialogues car il s’est avéré que dans quatre-vingt-dix pour cent
des cas, les gens ne parlent pas comme je l’avais prévu.
Je
me rappelle que dans un essai, Paul Auster avait écrit que parler du temps est
un moyen efficace d’engager la conversation avec un inconnu. Cette idée semble
assez banale, mais il n’a pas tort, parce que quand on parle avec une personne
que l’on ne connait pas trop, il faut avoir au moins un point commun, et c’est
ce qui est le plus difficile dans la conversation.
Logiquement
parlant, plus on a de points communs, plus on a de choses à se dire. Toutefois quand
on parle avec quelqu’un que l’on connait à peine, on ne sait rien de ses goûts.
Par exemple, je pourrais demander à cette personne son genre de musique
préféré, en lui disant que j’aime les Beatles, Beethoven, Debussy etc. Si elle
me répondait « Moi, j’aime Orelsan, yo yo. Les Beatles, c koi. C pour les vieux
ça. », la conversation est finie. La guerre commence. Mais si on parlait du
temps ? Le temps est une chose que tout le monde partage. Par exemple,
récemment il fait beau à Strasbourg.
Je
lui dirais : « Il fait chaud ces jours-ci, n’est-ce pas ? »
Elle
dirait : « Ouais, c’est vrai. Il y a du soleil.
-
En fait, moi j’ai une terrible allergie au pollen, atchoum ! Pardon, je ne
cesse, atchoum ! d’éternuer. De plus, mes yeux pleurent, alors que, atchoum !
je ne suis pas triste.
-
Ah toi aussi ? Moi, cette année c'est moins terrible que l'an dernier. Mais
parfois j’envisage de vivre en portant un casque comme les Daft Punk.
-
Alors moi, celui de Darth Vader. Je veux vraiment, atchoum ! brûler chaque
bouleau blanc de France.
-
Tu sais, ma grand-mère était aussi allergique au pollen, et il y a quelques
années, elle est morte du choc d’un éternuement. On va se venger des putains
d’arbres ! »
Ainsi,
il n’est pas impossible de développer une conversation à partir du temps.
Néanmoins, à mon avis, il est tout de même difficile de continuer de parler sur
un même sujet. À un certain moment, il faudra trouver un autre thème qui
intéresse mon interlocuteur.
J’avais
donc recueilli des exemples d’accidents nucléaires pour le cas où j’en parlerais
avec un inconnu, mais malheureusement, il ne m'est jamais arrivé d’en utiliser.
Par exemple, l’accident nucléaire le plus célèbre et inoubliable est sans doute
celui de ‘’Demon Core’’. Je cite l’article de Wikipédia qui explique mieux que
moi :
« le 21 mai 1946. Laboratoire national de Los Alamos, Nouveau-Mexique (États-Unis). Le physicien canadien Louis Slotin a manuellement assemblé une masse critique de plutonium au cours d'une démonstration. Son appareil était constitué de deux demi-sphères de plutonium recouvertes par du béryllium, qui pouvaient être déplacées lentement pour mesurer la criticité. Normalement les sphères auraient dû être manipulées par une machine, mais Slotin les a manipulées manuellement en plaçant son doigt dans un trou, comme dans une boule de bowling. Un certain nombre de butées auraient dû empêcher les deux hémisphères de tomber, mais il les avait enlevées. Il a utilisé un tournevis pour contrôler l'écart entre les sphères. À un moment le tournevis a glissé et l'ensemble est devenu critique pendant qu'il le tenait. Aucun des sept observateurs n'a reçu une dose mortelle, mais Slotin meurt le 30 mai 1946 d'un empoisonnement massif, avec une dose estimée de 1 000 rads, ou 10 gray (Gy). »
Ce
qui est tragique, c’est que le physicien a utilisé un simple tournevis pour empêcher
les deux hémisphères d’entrer en contact en sachant que l’expérience était
extrêmement dangereuse. On dit que lorsque les deux hémisphères se sont
touchés, une puissante lumière bleue a jailli dans le laboratoire. Cet accident
m’apprend une chose : trop d’ambition peut mener à la ruine.
De
surcroît, comme je suis un homme adulte, il se pourrait un jour que j'aie un
rendez-vous avec une fille. En l’occurrence, j'aimerais lui parler de la
maladie de Creutzfeldt-Jakob ou lui dire comment la bactérie de la syphilis
atteint le cerveau, pour ne pas ennuyer la demoiselle.
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