lundi 5 mars 2018

''Le Journal'' Haruki Murakami

 Quelques mois se sont écoulés depuis que l’on a commencé à entendre les rumeurs sur les grands singes du métro de la ligne de Ginza. Certains de mes amis m’en ont déjà parlé, de plus, je l’ai aussi vu moi-même. Cependant, malgré les comportements violents des grands singes, on ne lisait aucun article à ce sujet, et la police ne semblait pas s'en soucier. Si le journal et la police considéraient la malédiction des grands singes ‘’sans importance’’, personnellement je souhaiterais les exhorter à y réfléchir sérieusement. En effet, la zone occupée par les grands singes ne dépassait pas pour le moment les voitures du métro de la ligne de Ginza, mais c’était possible qu’ils aillent jusqu’à la ligne Hanzômon, et si c’était le cas, ce serait trop tard pour les en empêcher.

 Ce que j’ai vécu moi-même était une malédiction des grands singes relativement anodine. Le 15 février, c’est-à-dire, le lendemain de la Saint valentin, je suis monté dans le métro de la ligne de Ginza à Omotesandô pour aller à Toranomon. À mes côtés, un homme d'affaire qui avait sans doute la quarantaine lisait avec ardeur le journal d’Asahi. Ce qu’il lisait était un article intitulé « La chute du dollar apportera-elle une inflation à l’économie américaine ? ». Quant à moi, je regardais du coin de l’œil la publicité d’une nouveauté « La vie changera dès qu’on perdra cinq kilos » qui se trouvait au-dessous de cet article.

 Le métro s’est approché de la station Akasakamitsuke, la lumière s’est éteinte comme d'habitude, puis elle s’est rallumée en un instant. Toutefois quand j’ai jeté à nouveau un coup d’œil au journal de mon voisin, il s’était passé un changement évident.
 Le journal était inversé.

« ? eniaciréma eimonocé à noitalfni enu elle-aretroppa rallod ud etuhc aL »

« solik qinc ardrep no’uq sèd aregnahc eiv aL »

« C'est à cause des grands singes, a dit le salarié. Que fait notre gouvernement ?

- En effet », ai-je dit.

 Ce serait gênant si on laissait la situation telle quelle.

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