samedi 31 mars 2018

Le préjugé


 Il y a quelques jours, ma correspondante Pauline m’a dit qu’une vieille dame inconnue lui a demandé si elle était étudiante en lettres. Cet incident a étonné cette jeune prof de français. Je lui ai dit qu’il était facile de deviner qu’elle est en lettres si elle portait des lunettes et avait des livres dans les bras. Elle m’a dit qu’effectivement elle porte des lunettes et qu’elle avait des livres à ce moment-là. Dans ce cas, il n’y a rien d’étonnant à ce que la vieille dame ait deviné sa faculté.

 En observant les gens à l’université, j’ai aussi constaté que les étudiants ont une aura assez différente selon leur faculté. Cette règle générale ne marche pas toujours, mais par exemple, les étudiants en lettres dont je fais moi-même partie sont comme suit :

 Les étudiants en lettres portent souvent des lunettes. Trop de livres dont la lecture leur est imposée les rend myopes. Beaucoup d’entre eux deviendront professeurs de collège ou de lycée plus tard. On ne peut vivre l'adolescence qu'une seule fois dans la vie, mais si on est prof, on est obligé d'affronter des enfants en pleine crise d'adolescence tous les jours, durant des années. Le collège surtout est un zoo d'êtres qui ne sont pas encore devenus des hommes. Cette pensée les déprime. S'occuper des pingouins du zoo semble plus amusant que de s'occuper des ados.

 La plupart des étudiants en LLCE ou LEA japonais sont fans des animé. Comme en lettres, il y a plus de filles que de garçons, et j’ai remarqué que les filles attachent souvent une sorte de petites peluches farfelues à leurs sacs. Peut-être est-ce une marque secrète qui montre qu'elles sont en japonais. Il se peut qu'un bon nombre d'entre elles se déguisent en personnages d'animés, ce que l'on appelle le "cosplay". Cette coutume importée d'une nation du bout du monde les rend heureuses mais fait pleurer leurs parents. Les étudiants en japonais sont aussi déprimés car aucun cours n'est consacré à Pokémon, et il y a trop de kanjis à apprendre par cœur.

 Les étudiants en chionis sont communistes. Ils ont tous un petit portrait de Mao dans leurs portefeuilles. Ils sont encore plus déprimés que les étudiants en japonais, car simplement ils ont beaucoup plus de kanji à apprendre par cœur.

 Les étudiants en histoire sont obligés de tourner la tête vers le passé. Ainsi, ils se rappellent fréquemment de mauvais souvenirs du passé qu'ils voudraient oublier. Certains commencent à montrer des signe de TSPT et ils sont déprimés.

 Une fois, j’ai visité la faculté de mathématique par curiosité. Contrairement aux lettres, il y avait beaucoup de garçons et très peu de filles. On dirait un peu des personnages sortis de Big Ban Theory. Par rapport aux étudiants des facultés que j'ai mentionnées ci-dessus, ils avaient l'air heureux.

 Mon esclave Ophélie que j’ai récemment affranchie, et qui est retournée dans sa patrie, était étudiante en marketing. Elle m’avait dit que la plupart de ses camarades étaient des Chinois et des Indiens et qu'elle n'avait aucun ami dans la classe (j'ai pensé ''mais tu n'as pas d'ami français non plus'', mais je ne lui ai rien dit). Ce sont donc des Chinois et des Indiens.

 Mais ce ne sont que des préjugés. Comme Pauline me l’a dit : « L’apparence peut être trompeuse ». Il se peut qu’une fille angélique et souriante qui s’approche d’une autre fille solitaire cherche à la manipuler et à détruire la vie de la victime. Il se peut que votre ami affable avec qui vous partagez de temps en temps le dîner soit un meurtrier cannibale. Il se peut aussi que beaucoup d’histoires d’aventures se déroulent dans la tête de votre voisin muet qui a l'air triste. .


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