samedi 17 mars 2018

Le colloque de Haruki Murakami


 J’ai mangé du faux filet au restaurant avec Aurore. La viande était bonne, mais on m’a servi du yaourt pour le dessert. Je n’aime pas ni le lait ni le yaourt. Elle m’a dit que ce n’était pas du yaourt mais du fromage blanc. J’en ai goûté. C’était du yaourt à la framboise. Je n’y ai plus touché. Je n’aime pas les framboises non plus.

 En marchant, je lui ai conseillé de lire « The Man In The High Castle » de Philip K Dick. Elle m’a dit qu’elle ne le lirait pas car elle aime rarement mes auteurs préférés et je n’aime pas souvent les siens. Pourquoi pense-t-elle que je pourrais aimer les romans à l'eau de rose ? 

 Ignorant sa remarque, je lui ai dit que Phillip K Dick était schizophrène et qu’il avait des hallucinations. Aurore m’a suggéré que j’étais aussi fou que lui et qu’elle était une vision. J’ai immédiatement nié cette hypothèse, car si j'avais des hallucinations, je verrais une belle fille angélique aux cheveux longs et lisses. Il n'y a aucune raison que je voie une femme de trente-sept ans, insomniaque et épuisée de son travail. Aurore a alors critiqué la banalité de mon imagination.



 Plus tard, nous sommes allés au colloque de Haruki Murakami. Je pensais que Aurore s’ennuierait, car avant elle m’avait dit qu’elle avait détesté « La Ballade de l’impossible », et avait donné ce livre à quelqu’un sans le finir. Alors que Haruki Murakami est un écrivain populaire, beaucoup de monde autour de moi le déteste. De plus, j’ai remarqué que ses ‘’anti’’ le haïssent avec une certaine force. C’est-à-dire, ce n’est pas quelque chose du genre : « Il est pas trop mon style », « Il ne m’a pas plu ». Mais ils le haïssent de manière plus violente, comme si Haruki Murakami avait massacré leur famille, comme s’il était l’origine du Mal. J’ai un peu exagéré, mais ce phénomène ne semble pas se limiter autour de moi, parce que sur un site oû il avait échangé des propos avec ses lecteurs, il avait dit ceci : « Dire que l’on aime mes livres semble provoquer souvent des problèmes. Je vous conseille de dire que vous aimez Henri Rousseau ».

 Comme je l’avais prévu, Aurore est partie au milieu du colloque. Je l’ai accompagnée jusqu’à la sortie de la bibliothèque et je lui ai dit au revoir.
 À vrai dire, je n’avais pas l’intention de rester jusqu’à la fin, mais finalement j'ai écouté jusqu’à la dernière communication qui s’est terminée plus tardivement que prévu, vers 18h45.
 Certaines communications n’ont vraiment pas attiré mon attention ; j’ai eu envie de creuser un trou sur place et de m’y cacher jusqu’à la fin, mais le colloque était globalement bien. J’ai bien aimé la troisième conférencière qui a parlé du rôle de la forêt dans les romans de Haruki Murakami en le comparant avec d’autres écrivains. Elle a posé la question du titre, ‘’Norway no mori (le titre original de ‘’La Ballade de l’impossible’’, qui vient du titre japonais du morceau des Beatles ‘’Norwegian Wood’’) que je m’étais aussi posée auparavant, et sa remarque selon laquelle les noms des personnages des romans de Haruki sont souvent des verbes qui rappellent l’errance dans la forêt (Tôru : traverser, Tsukuru : faire, Noboru : escalader) semble intéressante

 D’ailleurs, j’ai entendu pour la première fois Monsieur B parler japonais. Il n’y a rien d’étonnant qu’un professeur de la chaire de japonais maîtrise cette langue, mais son japonais est impeccable et il a très peu d’accent. Pourrais-je atteindre le même niveau en français un jour ?

 Après le colloque, j'ai eu une folle envie d'écouter les Beatles. Le refrain de ''Ticket to ride'' s'est répété encore et encore dans ma tête.




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