J’ai mangé du faux filet au
restaurant avec Aurore. La viande était bonne, mais on m’a servi du yaourt pour
le dessert. Je n’aime pas ni le lait ni le yaourt. Elle m’a dit que ce n’était
pas du yaourt mais du fromage blanc. J’en ai goûté. C’était du yaourt à la
framboise. Je n’y ai plus touché. Je n’aime pas les framboises non plus.
En
marchant, je lui ai conseillé de lire « The Man In The High Castle » de Philip
K Dick. Elle m’a dit qu’elle ne le lirait pas car elle aime rarement mes
auteurs préférés et je n’aime pas souvent les siens. Pourquoi pense-t-elle que
je pourrais aimer les romans à l'eau de rose ?
Ignorant
sa remarque, je lui ai dit que Phillip K Dick était schizophrène et qu’il avait
des hallucinations. Aurore m’a suggéré que j’étais aussi fou que lui et qu’elle
était une vision. J’ai immédiatement nié cette hypothèse, car si j'avais des
hallucinations, je verrais une belle fille angélique aux cheveux longs et
lisses. Il n'y a aucune raison que je voie une femme de trente-sept ans,
insomniaque et épuisée de son travail. Aurore a alors critiqué la banalité de
mon imagination.
Plus
tard, nous sommes allés au colloque de Haruki Murakami. Je pensais que Aurore
s’ennuierait, car avant elle m’avait dit qu’elle avait détesté « La Ballade de
l’impossible », et avait donné ce livre à quelqu’un sans le finir. Alors que
Haruki Murakami est un écrivain populaire, beaucoup de monde autour de moi le
déteste. De plus, j’ai remarqué que ses ‘’anti’’ le haïssent avec une certaine force.
C’est-à-dire, ce n’est pas quelque chose du genre : « Il est pas trop mon style
», « Il ne m’a pas plu ». Mais ils le haïssent de manière plus violente, comme
si Haruki Murakami avait massacré leur famille, comme s’il était l’origine du
Mal. J’ai un peu exagéré, mais ce phénomène ne semble pas se limiter autour de
moi, parce que sur un site oû il avait échangé des propos avec ses lecteurs, il
avait dit ceci : « Dire que l’on aime mes livres semble provoquer
souvent des problèmes. Je vous conseille de dire que vous aimez Henri Rousseau
».
Comme
je l’avais prévu, Aurore est partie au milieu du colloque. Je l’ai accompagnée
jusqu’à la sortie de la bibliothèque et je lui ai dit au revoir.
À
vrai dire, je n’avais pas l’intention de rester jusqu’à la fin, mais finalement
j'ai écouté jusqu’à la dernière communication qui s’est terminée plus
tardivement que prévu, vers 18h45.
Certaines
communications n’ont vraiment pas attiré mon attention ; j’ai eu envie de
creuser un trou sur place et de m’y cacher jusqu’à la fin, mais le
colloque était globalement bien. J’ai bien aimé la troisième conférencière qui a parlé du
rôle de la forêt dans les romans de Haruki Murakami en le comparant avec
d’autres écrivains. Elle a posé la question du titre, ‘’Norway no mori (le
titre original de ‘’La Ballade de l’impossible’’, qui vient du titre japonais
du morceau des Beatles ‘’Norwegian Wood’’) que je m’étais aussi posée
auparavant, et sa remarque selon laquelle les noms des personnages des romans
de Haruki sont souvent des verbes qui rappellent l’errance dans la forêt (Tôru
: traverser, Tsukuru : faire, Noboru : escalader) semble intéressante
D’ailleurs,
j’ai entendu pour la première fois Monsieur B parler japonais. Il n’y a rien
d’étonnant qu’un professeur de la chaire de japonais maîtrise cette langue,
mais son japonais est impeccable et il a très peu d’accent. Pourrais-je
atteindre le même niveau en français un jour ?
Après
le colloque, j'ai eu une folle envie d'écouter les Beatles. Le refrain de
''Ticket to ride'' s'est répété encore et encore dans ma tête.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire